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Piano de Noël pour prison de Lonay

Elizabeth Sombart au piano. SP

Samedi, la pianiste virtuose Elizabeth Sombart joue pour les détenues de la prison La Tuilière. Une belle manière d'adoucir leur vague à l'âme.

«J’ai le sentiment très fort que, si je suis dehors, c’est parce qu’elles sont dedans!», s’exclame la pianiste d’adoption morgienne, Elizabeth Sombart.

Pour ce Noël 2001, «j’ai décidé de leur rejouer les plus belles œuvres qu’elles avaient préférées. Comme la Consolation de Liszt, l’Ave Maria de Schubert, la Sonate de Mozart avec la Marche turque, la Tempête et Pour Elise de Beethoven, un choral de Bach et des extraits de Chopin».

Double concert mensuel

Car en fait, Elizabeth Sombart donne deux concerts en prison, chaque mois, depuis juin dernier,. Comme elle le fait aussi depuis deux ans, en France, pour les détenues de Fleury-Merogis.

Double concert disions-nous, car il y a les détenues en attente de peine et les prisonnières de longue durée à Lonay, près de Morges. Ce qui fait qu’Elizabeth Sombart donne, à chaque fois, un concert à 18 h pour les premières et un autre à 20h pour les secondes. Cela fait au total une quarantaine de spectatrices.

C’est ainsi qu’Elizabeth Sombart réalise l’un des buts de la Fondation Résonance qu’elle a fondée avec d’autres mélomanes: Porter la musique là où elle ne va pas.

Sur un piano loué, Elizabeth Sombart fait ainsi découvrir à ces dames un nouveau compositeur, aborde un autre thème. Et en profite pour inculquer à ces femmes en détention quelques notions de musique classique.

Une manière pour elles de s’évader

«Pour elles, explique Elizabeth Sombart, ces concerts sont une manière de s’évader. Elles me demandent d’ailleurs comment se passe ma vie à l’extérieur. Et moi, je leur parle de mes voyages au Liban, où je vais former des professeurs de piano.»

Même si ce sont des femmes souvent dures et rebelles, elles ne s’en retrouvent pas moins face à elles-mêmes en prison. Là, elles ne peuvent plus vraiment tabler sur l’apparence.

Ce sont des cœurs mis à nus qui saignent dans la souffrance et dans l’attente. Ce qui les pousse à être extrêmement réceptives. Même celles qui n’avaient jamais entendu de la musique classique auparavant.

Une rencontre

«Comme la musique touche l’âme, souligne Elizabeth Sombart, il y a une véritable rencontre entre ces femmes et moi, ces détenues et mon piano.»

«Il y en a même une qui m’a dit une chose très belle: j’ai bien compris la différence entre accords majeurs (joie) et mineurs (tristesse). Mais ce que j’ai surtout ressenti, c’est que, lorsque j’écoute une musique en mineur, même si elle est triste, je me sens moins seule.»

Ainsi, les détenues vont trouver au travers du piano classique d’Elizabeth Sombart quelque chose qui les rassure, les console ou les conforte. «Et c’est cela qui est beau pour Noël. Et pour elles et pour moi.»

Emmanuel Manzi

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