Un écrivain à Paléo

Michel Houellebecq, ou l'art du silence dans une conférence de presse. swissinfo.ch

C´est un nouveau venu dans le monde musical que Paléo a reçu jeudi: Michel Houellebecq, auteur notamment des sulfureuses «Particules élémentaires».

Ce printemps paraissait «Présence humaine», un CD de Michel Houellbecq, plus connu jusque-là comme écrivain que comme chanteur: «L’extension du domaine de la lutte», puis «Les particules élémentaires», c’était lui. On se souvient encore du bruit qu’avait fait son dernier roman, cynique et outrancier, fascinant et choquant.

Houellebecq aurait-il donc viré chanteur? Pas vraiment: plutôt diseur. Son album est un recueil de poèmes, déclamés sur des musiques signées par le compositeur et producteur Bertrand Burgalat, qui signe là un beau travail, oscilla entre ambiances technologiques et climats gainsbouriens.

Michel Houellebecq était donc à Paléo, où il donna conférence de presse. Si l’on peut dire. Fumant clope sur clope, se la jouant joviale avec ses musiciens, mais totalement absent face aux questions des journalistes. Ses réponses favorites: «J’me souviens plus» ou «Je sais pas». Dialogue difficile donc, et on n’en saura pas vraiment plus sur ce qui l’a poussé vers la musique. Ah si… Petit, il aimait Pink Floyd et Neil Young, dit-il.

Second degré, mépris total des «scribouillards» qui lui font face, il y a de cela. Mais il y a surtout un personnage en représentation permanente, une sorte de figure publique qui doit correspondre grosso modo à ce qu’était Gainsbarre pour Gainsbourg. Houellebecq abandonne-t-il parfois cette défroque-là? Impossible à dire…

Qu’en est-il de Houellebecq sur scène? Accompagné d’un groupe remarquable, délivrant un rock à la fois puisant et raffiné, le Tintin névrosé et désabusé martèle ses textes avec force et maladresse, tuant ainsi la réelle valeur poétique qu’ils recèlent. Ainsi, malgré la qualité des textes et de la musique, Michel Houellebecq parviendra à vider presque totalement le club-tent, où il se produisait. Exploit assez rare à Paléo, et cela d’autant plus que dehors, la pluie tombait à verse.

Bernard Léchot