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Décès de Jack Rollan, père de la Chaîne du Bonheur

Jack Rollan (à g.) et Roger Nordmann ont fondé la Chaîne du Bonheur en 1946. Keystone Archive

Jack Rollan, fantaisiste et cofondateur de la Chaîne du Bonheur, est décédé à 91 ans des suites d'une longue maladie.

Son décès remonte au 3 mai mais n’a été annoncé que vendredi, conformément à sa volonté, une fois ses cendres dispersées dans le lac Léman en présence de ses proches.

«Je ne veux ni église, ni cathédrale, ni télévision, presse ou radio; je veux le Léman et surtout pas de faux-culs, ni d’emmerdeurs. Alors ne parlez pas de ma mort avant l’adieu final.»

Ces mots disent tout de la personnalité de Louis Plomb, alias Jack Rollan, Genevois né à Lausanne le 3 mars 1916.

Les médias ont accepté de se taire pendant une semaine, obéissant à ses dernières volontés. «On ne fait pas un scoop de la mort d’un ami», peut-on lire dans un vibrant hommage publié par «La Liberté» de samedi.

«Bricoleur polyvalent»

Se définissant lui-même comme «un bricoleur polyvalent», Jack Rollan fut tour à tour ou tout à la fois poète, humoriste, musicien, compositeur, chansonnier, chroniqueur, écrivain, éditeur, homme de radio et de théâtre. Mais aussi grand provocateur et ennemi juré des bien-pensants.

Il a connu son plus grand succès à la radio mais il a apporté de nombreuses autres contributions originales à la vie culturelle et artistique romande.

Après un apprentissage de photographe, il est entré à 16 ans au Théâtre municipal de Lausanne comme figurant-accessoiriste. Il y a appris le chant, puis la batterie, dont il jouera sept ans dans divers orchestres.

De sa vie sentimentale tumultueuse, Louis Plomb tire des chansons d’amour qu’il soumet en 1942 à Radio Lausanne. Mais ce sont surtout ses chansons humoristiques qui plaisent.

Vedette de la radio

Sous son pseudonyme, il devient rapidement une vedette radiophonique et le reste pendant plus de dix ans. La plus célèbre de ses émissionis fut le «Bonjour de Jack Rollan», sketches et chansons diffusés chaque semaine pour la plus grande joie des auditeurs romands.

En 1946, avec cette autre grande voix de Suisse romande, le journaliste Roger Nordmann, il fonde la «Chaîne du bonheur», première émission à but humanitaire faisant appel à la solidarité des auditeurs. Soixante ans plus tard, la Chaîne du bonheur est devenue une oeuvre d’entraide d’envergure nationale.

Pourtant, quelques années plus tard, Jack Rollan quitte la radio, ne supportant pas que l’on touche à sa liberté d’expression. Homme de coeur, révolté par l’injustice, il a toujours été un observateur critique de la société.

Journal satirique

En 1952, le «Bonjour» de Jack Rollan devient un journal. C’est le seul périodique satirique qui ait jamais réussi à s’implanter en Suisse romande. En six ans, 135 numéros paraîtront à intervalles variables, avec le concours d’humoristes et de dessinateurs romands et parisiens. Le «Bonjour» tirera jusqu’à 100’000 exemplaires.

Après une éclipse et quelques vains essais de relance, le «Bonjour» renaît en 1963, sous forme de billets dans «La Suisse», où son humour corrosif fait merveille, tout en offusquant certains. Jusqu’en 1974, le quotidien genevois ayant censuré un de ses billets, il tire à nouveau sa révérence.

Ensuite, les «Bonjours» paraîtront encore dans le magazine «Femina», puis de 1979 à récemment dans «Biel-Bienne».

Jack Rollan a aussi monté de nombreux spectacles et publié quelque 90 livres drôles, sans compter plusieurs recueils de «pages choisies».

swissinfo et les agences

C’est un système de récolte de fonds mis en place par la radio-TV nationale (SRG SSR idée suisse) et d’autres médias. L’argent est redistribué à plus de 30 organisations d’aide humanitaire et sociale en Suisse et à l’étranger.

Créée en 1946, la Chaîne du bonheur est une fondation depuis 1983. Son siège national est à Genève avec des bureaux régionaux à Berne et Lugano. Des récoltes de fonds sont généralement lancées à l’échelle nationale lors de grosses catastrophes en Suisse et à l’étranger.

Elle finance ses frais de fonctionnement avec les intérêts des sommes non encore distribuées.

En 1999, la chaîne a obtenu le Prix international des droits de l’homme pour son travail.

2005 a été une année record avec des dons atteignant près de 272 millions de francs.

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