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Deux vidéastes suisses à San Francisco

Yves Netzhammer dans son atelier zurichois. Keystone

Yves Netzhammer et Alexander Hahn viennent de clôturer des expositions qui pourraient marquer un tournant dans leur carrière. Le Schaffhousois exposait pour la première fois aux Etats-Unis et c'était la première exposition personnelle de l'Appenzellois hors de New York.

Alexander Hahn et Yves Netzhammer travaillent tous deux avec des images générées ou traitées par ordinateur. Ces artistes suisses travaillent aussi avec nos notions de mémoire et de réalité.

«Alexander Hahn et Yves Netzhammer proposent des animations d’objets identifiables dans le monde réel et posent des questions fondamentales sur la condition humaine», explique Tanya Zimbardo, conservatrice-adjointe du département des arts audiovisuels du Musée d’Art Moderne de San Francisco (SFMOMA).

Le SFMOMA, qui est aussi un musée d’art contemporain renommé, a présenté deux installations des vidéastes suisses du 10 juillet au 5 octobre. Parrainées par Pro Helvetia et le Conseil suisse des arts, ces expositions marquent une étape importante pour les deux artistes.

A 38 ans, Yves Netzhammer a en effet obtenu là sa toute première exposition aux Etats-Unis. Quant à Alexander Hahn, 54 ans, il montrait son travail pour la première fois dans une exposition personnelle en dehors de New York, où il vit depuis 1981.

Suivis depuis longtemps

«Le SFMoMa suit le travail d’Alexander Hahn depuis longtemps et nous observons la progression du travail d’Yves Netzhammer depuis les années 90, explique Tanya Zimbardo. Nous sommes heureux d’avoir reçu beaucoup de réactions positives car, pour beaucoup de visiteurs, c’était la première fois qu’ils avaient l’occasion de découvrir ces artistes.»

Bien que fort différentes, les installations des deux Suisses ont en commun leur interactivité, note Tanya Zimbardo. Tous deux présentent un processus de découverte puisque les installations invitent le visiteur à rester, à participer et à bouger à l’intérieur de chaque œuvre.»

Bouger dans l’installation d’Yves Netzhammer, intitulée «Meubles de Proportions», cela veut dire se mouvoir physiquement entre des écrans où sont projetées des séquences, entre des murs où sont peintes des images et entre des objets.

«Au départ, je ne pensais pas rester longtemps mais je me suis prise à aller d’un écran à l’autre, à regarder une séquence après l’autre», raconte Catherine Dodge, qui a vu l’exposition lors de vacances à San Francisco.

Changer et bouger

«Cet artiste m’a semblé projeter des pensées et des impressions tranquilles qui parlent de la séparation entre les êtres humains, de la possibilité de changement qui existe dans chaque relation et de la capacité de certaines relations à vous échapper, et tout à fait naturellement, à se glisser à nouveau dans votre vie», explique cette visiteuse.

Bouger dans l’installation d’Alexander Hahn, intitulée «Point Lumineux», le visiteur le fait au moyen d’une télécommande qui lui permet de circuler dans l’appartement new yorkais du vidéaste, transformé par des accumulations d’objets, de couleurs et d’idées.

«Dans l’installation de Netzhammer, ce sont les notions de temps et de dimension qui sont triturées. Dans celle de Hahn, c’est la sensation de mouvement et la transformation de l’espace qui m’ont fascinée, de même que le traitement de la couleur», relève Catherine Dodge. Elle ajoute qu’elle a «été énervée par un autre visiteur qui a accaparé la télécommande et manipulé mon expérience de l’oeuvre».

Tanya Zimbardo souligne que si le rôle du spectateur est important dans l’installation d’Alexander Hahn, c’est justement en raison de la télécommande. «La vidéo de l’appartement crée un état presque onirique chez le visiteur, mais certaines personnes la perçoivent comme un jeu qui doit aller vite.»

Une combinaison d’archives

Au fond, selon la conservatrice, il s’agit d’une «combinaison d’archives tirées de souvenirs personnels ou collectifs et de visions d’avenir qui permet à Hahn de questionner le fonctionnement de la mémoire et la façon dont les images sont gérées».

Avec cette installation, le vidéaste suisse paraît suggérer au spectateur de réinventer l’utilisation de la télécommande. «Si j’encourage quoi que ce soit dans ‘Point Lumineux’, ce serait d’encourager le visiteur à ralentir et à prendre le temps, précisément en employant un outil tel que la télécommande qui, normalement, est utilisée pour zapper», explique ainsi Alexander Hahn qui note que toutes ses oeuvres «ne sont pas interactives».

Plus largement, «Point Lumineux» est l’aboutissement de l’exploration de l’espace concret par le virtuel, et vice-versa, à laquelle Alexander Hahn se livre depuis des années. «En tant qu”artiste d’appartement’, j’avais besoin d’un espace dans l’espace qui n’ait pas de limites spatiales: l’ordinateur», dit-il.

Son appartement new yorkais est donc devenu «une interface entre la réalité quotidienne et le rêve» qui figure dans la majorité de ses travaux depuis le milieu des années 80 et qui «assume finalement le rôle principal dans ‘Point Lumineux’».

Après San Francisco, Alexander Hahn et Yves Netzhammer enchaînent avec des expositions séparées en Suisse et Italie.

swissinfo, Marie-Christine Bonzom, San Francisco

Né à Rapperswil en 1954, il vit entre New York et Zurich.

1981: se rend aux Etats-Unis pour suivre un programme d’études au Musée Whitney de New York.

Prochaine exposition aux Etats-Unis le 16 octobre, avec une exposition collective à l’occasion du 30e anniversaire de l’association d’artistes Harvestworks à New York.

Prochaines expositions en Europe: Werkschau 2008, Zurich, du 9 au 15 octobre, ainsi qu’une exposition personnelle au musée d’art contemporain de la Villa Croce, Gênes, du 24 octobre au 13 novembre.

Né à Schaffhouse en 1970, il vit à Zurich.

L’exposition du Musée d’Art Moderne de San Francisco est sa première aux Etats-Unis

Il prépare trois expositions pour 2009, l’une à la Kunsthalle de Winthertour, l’autre au Palais Strozzi de Florence et la troisième au Palais des Arts de Naples.

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