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Eclosion in vitro de la très alpine edelweiss

L'edelweiss, dans la nature (à g.) et cultivée in vitro. Keystone

Des chercheurs suisses ont développé une nouvelle technique in vitro de multiplication accélérée de l'edelweiss, fleur emblématique des Alpes.

Selon la station fédérale de recherches agronomiques d’Agroscope Changins, la plante, riche en principes actifs, intéresse les industries pharmaceutiques et cosmétiques.

Pied-de-lion, étoile d’argent, étoile de glaciers, reine-des glaciers, immortelle des neiges: les nombreuses appellations de l’edelweiss donnent la mesure de son statut emblématique dans les régions alpines.

Ce n’est pas un hasard si l’Office national suisse du tourisme en a fait son logo. D’autres l’intègrent dans leurs produits – cela va des bonbons aux produits de beauté en passant par les traitements médicinaux.

L’industrie cosmétique

«L’edelweiss intéresse surtout l’industrie cosmétique, explique à swissinfo Công-Linh Lê, chef du service in vitro de Changins. Cette fleur contient un antioxydant qui ralentit le vieillissement des cellules.»

Plante médicinale depuis des temps immémoriaux, l’edelweiss est aussi une espèce décorative très recherchée. Tellement même qu’elle a quasiment fini par disparaître de nombreuses régions alpines pour entrer dans la catégorie des plantes protégées.

Cultiver l’edelweiss en plaine

Afin de contourner sa rareté actuelle (et préserver celles qui survivent), les scientifiques se sont mis au travail. L’objectif: développer des techniques de culture rapide tout en sélectionnant des lignées de la fleur porteuses de fortes teneurs en substances actives.

L’idée est d’amener l’edelweiss en plaine afin que les agriculteurs puissent la cultiver. Si cela a déjà commencé à se faire, le travail des scientifiques consiste à améliorer ces lignées d’edelweiss. Autrement dit, à mieux les adapter aux conditions de basse altitude, la belle s’épanouissant naturellement entre 1800 et 3000 m.

Amélioration de la «race»

Cette mission d’amélioration de la «race», les scientifiques ne pouvaient la mener sans disposer de davantage de ces lignées riches en principe actif. C’est là qu’intervient la technique in vitro développée à Changins.

Concrètement, les scientifiques du service de culture in vitro placent des jeunes pousses dotées d’un bourgeon dit axillaire (à l’aisselle des feuilles) sur un milieu de culture stérile (en tube). Ils y ajoutent des éléments nutritifs comme des vitamines et des régulateurs de croissance.

Et au final, la récolte est réalisée toutes les 4 à 6 semaines, au lieu de chaque année en temps normal.

Patrimoine héréditaire intouché

En obtenant en moyenne quatre à cinq nouvelles pousses par «planton», les scientifiques multiplient par 5 ou 6 le nombre d’edelweiss à forte teneur de principe actif toutes les 4 à 6 semaines en moyenne.

«Il s’agit d’une application de la biotechnologie végétale, précise Công-Linh Lê. En réalité, nous réalisons une photocopie de la fleur, en très rapide. Et nous ne touchons pas à son patrimoine héréditaire.»

Joindre l’utile à l’agréable

Déjà utilisée sur d’autres plantes comme le génépi, l’absinthe ou l’armoise, la technique en question était en développement depuis 2000 pour l’edelweiss. Elle ne fera pas l’objet d’un brevet.

«Nous travaillons pour la Confédération, explique Công-Linh Lê. Les fruits de cette recherche – davantage d’edelweiss cultivées – reviennent au peuple».

«Avec cette méthode, poursuit-il, nous joignons aussi l’utile à l’agréable. Nous produisons des edelweiss de culture, ce qui permet de préserver les edelweiss sauvages.»

swissinfo et les agences

Il existe quelque 41 variétés d’edelweiss, initialement originaire d’Asie.
Cette fleur est présente dans les Alpes, les Pyrénées, en Sibérie, en Afghanistan, dans l’Himalaya, au Japon et en Chine.
Elle pousse entre 1800 et 3000 m d’altitude.
L’edelweiss est souvent associée à la Suisse. Elle apparaît comme logo de l’office national du tourisme, comme insigne militaire ou comme raison sociale d’une compagnie aérienne charter.

– Les chercheurs de la station fédérale de recherches agronomiques d’Agroscope Changins ont développé une nouvelle technique in vitro de multiplication accélérée de l’edelweiss.

– Agroscope dépend de l’Office fédéral de l’agriculture et réunit cinq stations de recherches agronomiques à travers le pays.

– Son but est de préparer les bases scientifiques et techniques nécessaires à une agriculture efficace, respectueuse de l’environnement et économiquement viable.

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