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En pleine cinquième vague, les Suisses votent sur l’avenir du certificat Covid

Alors que Vienne a à nouveau confiné l'ensemble de sa population pour faire face à la hausse des contaminations, la Suisse vote sur l'utilisation du certificat Covid-19. Keystone / Hans Punz

À l’heure où les pays voisins renforcent leurs mesures sanitaires, les Suisses votent ce dimanche sur la base légale pour l’utilisation du passe sanitaire. Le contexte de reprise de la pandémie et les sondages parlent en faveur de la loi Covid-19.

Les chiffres des contaminations repartent à la hausse en Suisse, comme dans les autres pays européens. L’Autriche a reconfiné sa population. L’Allemagne réfléchit à prendre de nouvelles mesures. C’est dans ce contexte que la Suisse vote dimanche sur la suppression ou le maintien du certificat Covid.

Les Helvètes sont les premiers au monde à pouvoir décider dans les urnes de l’avenir de ce sésame controversé. Concrètement, le peuple se prononce sur la modification de la loi Covid-19 du 19 mars 2021, soit la loi qui permet l’utilisation du passe sanitaire.

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Ce sera la seconde fois en un peu moins de six mois que les citoyennes et citoyens suisses se prononcent sur la même loi, une première dans l’histoire de la démocratie semi-directe helvétique. En juin, le peuple avait déjà accepté à 60,2% une première mouture du texte, qui sert d’instrument pour gérer la pandémie de coronavirus.

Moins d’un mois après le scrutin, trois comités référendaires avaient déposé un total de 74’469 signatures jugées valables par la Chancellerie fédérale contre les dernières modifications de la base légale. Les opposantes et les opposants visent avant tout le certificat Covid, qui est obligatoire depuis le 13 septembre pour se rendre au restaurant, au fitness, au cinéma ou encore dans les grandes manifestations culturelles et sportives. Ses adversaires considèrent que le document représente une entrave aux libertés individuelles.

À l’inverse, le camp du oui estime que le passe sanitaire constitue un instrument indispensable pour lutter contre la pandémie. Il souligne aussi qu’en cas de non à la loi, certaines aides financières ne pourront pas être prolongées.

Une campagne déséquilibrée

La campagne des adversaires de la loi Covid-19 a été particulièrement visible dans l’espace public, entre affichage à grande échelle notamment dans les gares, les tous-ménages, les manifestations dans la rue et une forte présence sur les réseaux sociaux. Les opposantes et les opposants ont également engagé bien plus de moyens dans la campagne que le camp partisan de la loi.

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Les annonces publiées dans les journaux illustrent ce déséquilibre, comme l’a relevé le quotidien Le TempsLien externe. Dans l’Année politique suisseLien externe, Marc Bühlmann et Anja Heidelberger, politologues de l’Institut des sciences politiques de l’Université de Berne, ont recensé 209 annonces du côté du non et 22 seulement pour le oui.

Malgré cela, les derniers sondages en vue des votations fédérales ont montré qu’une large majorité des Suisses continuent à soutenir la base légale. Le peuple devrait ainsi soutenir la stratégie de lutte contre la pandémie du gouvernement dans les urnes.

Vers une revalorisation des soins infirmiers

Dimanche, le peuple décidera également de la réponse à donner à la pénurie de personnel infirmier. Si rien n’est fait, il manquera à la Suisse 65’000 soignantes et soignants à l’horizon 2030, selon les estimations de l’Observatoire suisse de la santé.

Pour y remédier, l’Association suisse des infirmières et infirmiers (ASI) a lancé l’initiative populaire «Pour des soins infirmiers forts»Lien externe. Le texte demande à la Confédération et aux cantons de former suffisamment d’infirmières et d’infirmiers diplômés et de revaloriser la profession. Pour ce faire, elle souhaite que le gouvernement garantisse de meilleures conditions de travail, notamment en définissant le montant des salaires.

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Le gouvernement et le Parlement estiment cependant que l’initiative va trop loin. Ils ont dès lors adopté un contre-projet indirect, qui entrera en vigueur en cas de rejet de l’initiative. Celui-ci prévoit entre autres d’investir environ un milliard de francs sur huit ans dans la formation.

Le texte sur les soins infirmiers pourrait devenir l’une des rares initiatives populaires à passer l’épreuve des urnes, puisque le dernier sondage a montré que près de 67% des Suisses y sont favorables.

L’initiative sur la justice vouée à l’échec

L’initiative sur la justice, également soumise au peuple le 28 novembre, devrait être enterrée. Le texte propose de désigner les juges du Tribunal fédéral par tirage au sort afin de garantir leur indépendance face aux partis politiques.

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Actuellement, ces magistrates et magistrats sont élus par le Parlement. Il attribue les postes de juges fédéraux en fonction de la force des partis. Les juges sans affiliation à un parti n’ont aucune chance d’être élus. Le système judiciaire suisse est ainsi étroitement lié à la politique.

L’initiative, lancée par un comité citoyen réuni autour du riche entrepreneur Adrian Gasser, n’a aucune chance d’aboutir. Le gouvernement comme le Parlement ont rejeté le texte à la quasi-unanimité. Ses adversaires estiment que le système actuel fonctionne et que la Cour suprême fédérale rend ses jugements en toute indépendance.

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