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Expo.02: V-W-X

W comme Wenger, bureau mauve et vue sur le lac swissinfo.ch

L'abécédaire d'Expo.02: V comme Vidy, W comme western, X comme «classé X». Vaste programme pour Nelly Wenger, Frédéric Hohl et Daniel Rossellat.

V comme Vidy

Vidy 1964, dernière exposition nationale en date… Que faisaient les directeurs d’Expo.02 cette année-là? «J’avais neuf ans et j’étais au Maroc. Quelque part au bord de la mer, à Casablanca certainement», répond une Nelly Wenger un peu nostalgique. «Je suis né en 1963, précise Frédéric Hohl. Ma mère a attesté que j’y étais, en poussette!»

Daniel Rossellat, lui, était déjà un grand garçon de onze ans. Il se souvient s’y être rendu en course d’école. L’occasion de rappeler que «l’Expo 64 avait quelques difficultés: les courses d’école à l’expo étaient obligatoires, et tous les militaires avaient également l’obligation d’aller la visiter!»

«Une autre anecdote… L’Expo 64 avait de gros soucis de trésorerie et Jean-Pascal Delamuraz, qui figurait parmi les organisateurs, avait fait une demande angoissée au Conseil fédéral pour recevoir une aide. Sinon l’expo devait fermer ses portes faute de liquidités. Un transport de fonds de dix millions de francs a été organisé, de la Banque nationale à l’expo, pendant la nuit!»

Un rappel qui n’est pas inutile: il est vrai que ce ne sont pas le genre de ‘détails’ que les détracteurs d’Expo.02 ont retenu du passé, si simple à idéaliser. Sinon, Daniel Rossellat se souvient notamment de «la machine à Tinguely, qui avait fait scandale; une machine inutile dans une exposition qui était un hymne au progrès et à la modernité».

Plus globalement, il constate que cela a été une chance pour Lausanne d’accueillir cette exposition, puisque cela a aussi bien permis d’accélérer la construction de l’autoroute que de créer le Théâtre de Vidy, «qui maintenant rayonne dans toute l’Europe».

W comme Western

Les trois concepteurs originels, Pipilotti Rist, Jacqueline Fendt et de nombreux autres… la genèse d’Expo.01/02 est jonchée de «cadavres». Un véritable western. Les coulisses, c’est toujours «Règlements de compte à OK Corral»?

«Règlements de comptes, non. Mais je ne veux pas non plus donner l’impression que c’est idyllique, juste une équipe de copains… Pas du tout. On travaille, il y a des conflits, parfois on se bat, il y a des budgets à partager, des conflits à arbitrer, des décisions à prendre. Mais pas de règlements de comptes» répond Nelly Wenger.

Daniel Rossellat juge le terme «western» un peu excessif. «Sur le plan du management, on a parfois perdu de vue les objectifs de base et les contraintes – techniques, budgétaires, de planification – font qu’à un moment, on perd la hiérarchie des priorités.»

«Pour le reste, je sais qu’il y a eu un certain nombre de jeux de pouvoir. Il se trouve que cette exposition a une sorte de management exceptionnel de crises et de conflits! Ce n’est pas du tout ma façon habituelle de fonctionner. J’ai donc été assez surpris qu’on avance comme ça, mais il faut se résigner.»

Les propos de Frédéric Hohl sont loin de contredire ceux de Daniel Rossellat: «Dans tout projet, c’est un peu le Far-West.» Le directeur d’exploitation vient-il donc armé? «Il faut toujours être armé quand on est dans un combat, même si c’est un combat pour la paix». Dont acte.

X comme «classé x»

A-t-on le droit de regretter les phallus géants envisagés à Yverdon-les-Bains, du temps d’Expo.01? Autrement dit, sous la pression, Expo.02 est-elle devenue pudibonde?

Sobriété de Frédéric Hohl: «C’est toujours la même chose: en Suisse, on est réservé. Donc on est réservé aussi dans ce genre de projets». Daniel Rossellat, après un petit cours sur la distinction entre érotisme poétique et pornographie crue, constate que dans le cas précis, cela ne l’aurait pas dérangé: «J’estimais qu’on pouvait traiter de la sexualité et de l’érotisme dans une exposition nationale, au même titre qu’on peut traiter de politique, de spiritualité ou de métaphysique.»

Réalisme entaché de regret pour Nelly Wenger: «Pudibonde, non. Mais sur cet aspect-là, un peu trop sage à mon goût. J’aurais voulu qu’on garde un peu d’impertinence, je pense qu’on l’a fait sur bien des projets… Mais dans ce domaine, je pense qu’on est très sage maintenant, oui».

Bernard Léchot

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