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L’évêque de Bâle suspend son prêtre rebelle

Franz Sabo ne veut pas abandonner sa chaire. Keystone

L'évêché de Bâle confirme vendredi la suspension temporaire du curé Franz Sabo, montré du doigt depuis plus de deux ans pour ses positions dissidentes.

Les paroissiens soutiennent leur curé et l’Eglise catholique de Bâle-Campagne se dit déçue de cette décision. Quant à Franz Sabo, il est déterminé à la refuser.

Franz Sabo (51 ans), le curé allemand de la paroisse de Röschenz, dans le canton de Bâle-Campagne, se verra retirer sa «missio canonica» officiellement samedi.

Concrètement, cela signifie que Kurt Koch, évêque de Bâle, le délie de toutes ses charges ecclésiastiques. C’est un autre curé, Franz Kuhn, qui assurera les prêches à sa place. La sanction n’est cependant pas définitive, puisque l’évêché propose à Franz Sabo de prendre une pause de six mois.

La paroisse de Röschenz n’accepte pas cette décision et veut garder son curé, indique vendredi Holger Wahl, président du Conseil de paroisse. L’évêque ne peut pas simplement nommer un nouveau curé. «C’est une atteinte à l’autonomie communale», estime-t-il.

De son côté, l’Eglise de Bâle-Campagne se dit «déçue» de cette sanction. «Nous aurions préféré que l’évêque se contente de proposer la suspension», explique Peter Zwick, président du Conseil régional de l’Eglise catholique romaine. Il salue néanmoins le fait qu’«une petite porte» reste ouverte après le délai de six mois.

Provocations


Le conflit entre Franz Sabo et son évêque dure depuis 2003. A plusieurs reprises, le curé a pris ouvertement position contre le célibat des prêtres, ajoutant devant les caméras de la télévision alémanique: «j’assume ma sexualité, mais si je la vis seul ou à deux ou peu importe comment, cela ne regarde personne».

Dans le même reportage, le curé expliquait ne pas vivre au presbytère de Röschenz, mais dans une communauté en ville de Bâle, où ses colocataires sont son «meilleur ami» et sa «meilleure amie».

Des provocations qui s’ajoutent aux épithètes dont Franz Sabo a régulièrement gratifié son évêque et la hiérarchie catholique et qui vont de «fonctionnaires sans cœur» à «dictateurs», en passant par «chefs de guerre», «moralisateurs» ou «agitateurs».

Refus

En mars de cette année, l’évêché de Bâle annonçait le prochain retrait de la mission canonique du prêtre rebelle. Depuis, plusieurs rencontres ont eu lieu entre Franz Sabo et sa hiérarchie, mais sans parvenir à trouver une issue.

Le 12 avril, à l’unanimité des 415 personnes présentes, l’Assemblée paroissiale de Röschenz rejetait la décision de suspension et apportait son soutien à son curé.

Vendredi ce dernier se contente d’indiquer qu’il «refuse l’offre de l’évêché». «Aussi longtemps que la paroisse me veut ici, je continuerai à assumer ma tâche», déclare le curé Sabo.

swissinfo et les agences

Le cas du curé Sabo constitue une première dans l’histoire de l’Eglise catholique en Suisse.
La situation juridique n’est pas claire. D’un côté, la constitution de l’Eglise affirme que le retrait de la mission canonique (privilège de l’évêque) interdit à un prêtre d’exercer, mais de l’autre son «licenciement» est du ressort de l’Assemblée de paroisse.

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