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Les démocrates-chrétiens en campagne électorale

Christophe Darbellay, président du PDC, dit ne pas vouloir réinventer la roue. Keystone

Christophe Darbellay, président du Parti-démocrate-chrétien (PDC), lance la campagne électorale 2007, en critiquant vertement la polarisation de la vie politique.

L’assemblée des délégués PDC a également vu samedi la ministre Doris Leuthard plaider pour des réformes économiques, à mettre en œuvre rapidement, en profitant de la bonne santé de l’économie suisse.

Président du PDC suisse depuis deux mois, Christophe Darbellay dirigeait samedi sa première assemblée des délégués de son parti, réunis à Granges-Paccot, en terre fribourgeoise.

A un an des élections fédérales du 21 octobre 2007, il a tenu un discours très ferme, applaudi toutefois sans enthousiasme débordant par ses troupes. «Notre campagne électorale doit démontrer implacablement que la polarisation divise, bloque, et qu’elle est stérile pour ce pays», clame Christophe Darbellay.

Et de distribuer des coups à droite et à gauche, avec sans doute encore plus de virulence pour la “droite dure” sans toutefois citer nommément l’UDC, le parti qui l’incarne majoritairement.

Pour Christophe Darbellay, les populistes ont perdu leur thème de prédilection avec le durcissement des lois sur l’asile et les étrangers que le peuple vient d’accepter. Ils se lancent donc dans de nouveaux combats, «qui n’ont pas d’autre sens que de réchauffer le thème des étrangers et de récolter des voix pour l’automne 2007».

Minarets, islamistes et dialogue

C’est notamment le cas des discussions sur la norme antiracisme. Celles-ci «constituent un danger direct pour la paix confessionnelle en Suisse», juge Christophe Darbellay, qui rappelle qu’«on n’éteint pas un feu avec de l’alcool à brûler».

A son avis, le vrai problème, ce ne sont pas les minarets, mais les idées fondamentalistes d’une petite minorité de musulmans. Le président du PDC appelle donc la communauté musulmane de Suisse à se distancer des islamistes et à prendre la parole, attendu qu’«une majorité silencieuse n’est pas une majorité».

La Suisse est un Etat qui offre des chances équivalentes à tous, indépendamment de la race, du niveau de vie ou de la confession. Et cet ordre juridique prime sur toutes les religions, rappelle Christophe Darbellay.

«Cela signifie qu’en Suisse, nous ne tolérons aucune société parallèle qui connaît sa propre loi comme par exemple la Charia». Et l’égalité entre les hommes et les femmes n’est «pas négociable».

En Suisse, l’école est obligatoire: cela vaut aussi bien pour les filles que pour les garçons, pour les camps scolaires que les cours de natation. Le président des démocrates-chrétiens a remercié par avance la communauté musulmane de participer à «un dialogue difficile, mais nécessaire».

Réformer l’économie tant qu’elle va bien

Cette assemblée était également la première pour Doris Leuthard en tant que ministre de l’économie. L’occasion pour elle d’affirmer qu’elle poursuivra dans la voie des réformes engagées par son prédécesseur Joseph Deiss.

Les temps sont fastes pour l’économie suisse, qui vit son meilleur exercice depuis 2000, rappelle Doris Leuthard. Le moment est donc propice pour mettre en oeuvre des réformes économiques. Attendre ferait courir le risque de voir une conjoncture moins favorable,, qui rendrait l’exercice plus difficile.

Concrètement, il s’agit de soulager les entreprises de certaines entraves techniques et bureaucratiques. Le paquet de réformes de la politique agricole 2011 doit améliorer la compétitivité des agriculteurs. Il faut investir dans la formation et la recherche et veiller à ce que les marchés extérieurs soient accessibles aux entreprises suisses.

Ces réformes sont bien engagées. La procédure de consultation sur la révision législative permettant l’introduction du principe du cassis-de-Dijon va être lancée avant la fin de l’année.

Le message concernant la simplification du quotidien des entreprises est en préparation dans les services du ministère, qui les soumettra au gouvernement encore cette année. Et Doris Leuthard défendra en décembre la réforme de la politique agricole devant le parlement.

La ministre de l’économie a aussi enjoint ses troupes à voter en faveur du milliard de cohésion dans un mois. La contribution à l’élargissement de l’Union européenne vers l’Est est un investissement pour la place économique suisse: «ne soyons pas naïfs, un non pèserait sur les relations de la Suisse avec l’UE», a-t-elle déclaré.

Lauriers

L’assemblée a encore été l’occasion de rendre un vibrant hommage à Joseph Deiss, fraîchement retraité du gouvernement, mais pas de la politique.

«Je ne suis pas venu pour prendre congé. Je rentre dans le rang», a dit l’ancien ministre, salué par une “standing ovation” des délégués. Dans son discours, il a notamment dit «souffrir lorsqu’on cite en exemple la Suisse pour sa dureté», et stigmatisé «ceux qui veulent faire “joujou” avec la tradition humanitaire de la Suisse».

A l’heure des lauriers, l’ancien député jurassien François Lachat a adopté le ton lyrique pour rendre hommage à Joseph Deiss, en rappelant notamment une de ses phrases, qui illustre bien son action et son humour discret: «on est au gouvernement pour faire son travail et non pour faire le paon».

swissinfo et les agences

Le Parti démocrate-chrétien (PDC) est actuellement la 4ème force politique de Suisse. Il a obtenu 14,4% des suffrages lors des dernières élections fédérales de 2003.

Il participe au gouvernement aux côtés de l’Union démocratique du centre (UDC / droite dure), du Parti socialiste et du Parti radical démocratique (PRD / droite).

Au niveau fédéral, le PDC dispose de:
– une ministre
– 15 sièges (sur 46) à la Chambre haute du Parlement
– 28 sièges (sur 200) à la Chambre basse du Parlement

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