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L’environnement, plus qu’un sujet à la mode

Gehrard Schneider. swissinfo.ch

Les connaissances en sciences de l'environnement n'ont jamais été aussi importantes. Sujet complexe et enjeux de premier ordre.

L’université de Fribourg propose une formation dans ce domaine. Rencontre avec Gehrard Schneider, responsable des cours.

Régulièrement, les grands de ce monde se réunissent lors de congrès internationaux afin de parler de l’état de la planète. Et tout aussi régulièrement, on a l’impression qu’une fois l’effet médiatique passé, les retombées concrètes de ces sommets sont nulles.

La notion de respect de l’environnement suscite des positions diamétralement opposées. D’un côté, certains assimilent l’écologie à un lobby de nantis vaguement nostalgiques de Woodstock. De l’autre, dès qu’une catastrophe naturelle intervient, on fait immédiatement référence au réchauffement de la planète.

Les sciences de l’environnement

L’université de Fribourg désire promouvoir l’enseignement et la recherche dans le domaine des sciences de l’environnement. A cet effet, elle offre une formation continue en écologie, qui s’adresse aussi bien aux étudiants, aux directeurs d’entreprises, aux responsables environnementaux, aux ingénieurs qu’à diverses institutions.

Amour de la nature? Le bureau où nous reçoit Gehrard Schneider et son assistante abrite des plantes vertes et trois chiens paresseusement allongés sur des couvertures…

Questions de terminologie pour commencer: «Les sciences de l’environnement observent les phénomènes de la nature. Alors que l’écologie, au sens strict, est un domaine des sciences naturelles qui décrit les interactions entre les organismes vivants et leur environnement», précise Gerhard Schneider.

Quoi qu’il en soit, l’utilisation des ressources naturelles et la croissance démographique sont devenues des questions existentielles.

Comment satisfaire nos besoins sans détruire de manière irréversible notre environnement naturel? Les sciences de l’environnement, grâce à une démarche pluridisciplinaire (sciences naturelles, sciences sociales, sciences humaines), tentent d’apporter des réponses.

Les grands thèmes

Le réchauffement de la planète… Existe-t-il vraiment? Est-il responsable de tout? Mystère. Dans l’état actuel de nos connaissances, il faut encore parler de scénario probable plutôt que de certitude.

«Avec les inondations qui ont lieu un peu partout, les changements climatiques sont au centre des débats, constate Gerhard Schneider. Mais il faut également s’interroger sur la canalisation des rivières».

Autre préoccupation d’actualité, les entreprises: «Elles doivent faire des efforts dans le management environnemental afin d’être en accord avec les législations».

Gehrard Schneider estime que «la Suisse, avec d’autres pays européens, est en tête dans le domaine de l’écologie. Elle a été un des premiers pays à introduire le catalyseur. En revanche, il a fallu attendre l’accident de Schweizerhalle pour qu’elle prenne des mesures à l’encontre de l’industrie chimique. Chaque pays est fort dans les domaines où le lobbying des entreprises est le plus faible.»

Selon lui, les grandes organisations comme le Fonds mondial de la nature (WWF) ou Greenpeace ont une vision un peu réductrice des choses, alors que les entreprises ne voient que l’aspect économique. L’université de Fribourg vise à se situer entre les deux: «Nous voulons donner une information correcte et neutre, sans chercher à plaire à qui que ce soit».

Que faire pour améliorer les choses?

Pour Gehrard Schneider la solution aux grands problèmes de l’environnement passe par l’éducation: «Je suis frappé par le bas niveau de connaissances dans notre domaine, y compris de la part de gens très bien formés».

Les médias y sont certainement pour quelque chose, car «la presse doit aller vite et elle consacre de moins en moins de temps aux sujets qu’elle traite. Par conséquent, elle véhicule une image réductrice alors que les sciences de l’environnement sont très difficiles à comprendre».

L’écologie concerne tout le monde. Toute activité humaine se fait au détriment de l’environnement… même respirer.

Gehrard Schneider compare l’écologie à la démocratie: «Si je ne vais pas voter, cela ne va rien changer. De même, si je ne prends pas ma voiture, l’air de Fribourg ne sera pas meilleur. Mais si tous les Fribourgeois se privent de transports privés alors, l’air sera nettement plus pur».

swissinfo/Yves Pillard

Bio express:

– Gehrard Schneider naît en1960 à Munich (Allemagne).

– De 1980 à 1986, il étudie la chimie et la biochimie à l’université Ludwig-Maximilian de Munich.

– De 1987 à 1990, il fait son doctorat et enseigne à l’université technique de Munich.

– De 1991 à 1992, grâce à une bourse d’études post-doctorale, il travaille à l’Institut national de la Recherche agronomique de Paris.

– Depuis 1992: Gehrard Schneider est responsable du service de coordination des sciences de l’environnement à l’université de Fribourg.

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