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L’Irak salue le non de la Suisse aux Etats-Unis

Washington aurait souhaité que la Confédération expulse les diplomates irakiens en poste en Suisse. Mais Le Conseil fédéral a refusé.

Jacob Greber a recueilli la réaction de l’ambassadeur Samir Khairi Al-Nima, représentant permanent de l’Irak auprès de l’ONU à Genève.

swissinfo: Que pensez-vous du rejet par la Suisse de la requête américaine?

Samir Khairi Al-Nima: La décision du gouvernement suisse est conforme au droit international et aux conventions de Vienne sur les relations diplomatiques. Or, la Suisse a toujours été au premier plan en ce qui concerne le respect des conventions et des traités internationaux.

Nous souhaitons, bien sûr, que de nombreux autres Etats prennent la même décision.

swissinfo: Considérez-vous que la demande des Etats-Unis constitue une agression?

S. K. A-N. : Bien sûr. C’est un précédent. Les Etats-Unis ont appelé tous les pays à expulser les diplomates irakiens accrédités sur la base d’informations qui sont probablement fabriquées de toute pièce.

Le fait que des pays aient accédé à cette demande est aussi un précédent. Ce faisant, ils ont oublié qu’ils étaient souverains et qu’ils n’avaient pas à prendre une décision sous la pression politique d’un autre Etat.

swissinfo: La demande des Etats-Unis se base sur des informations livrées par la CIA qui a dressé une liste des représentations irakiennes qui se livreraient à l’espionnage. Avez-vous vu cette liste?

S. K. A-N.: Non, je ne l’ai jamais vue. Ces «preuves» pourraient être fabriquées. Les Américains peuvent pratiquement accuser n’importe qui d’être un espion.

Mais les Etats qui ont accrédité ces diplomates devraient savoir s’il s’agit d’espions ou de véritables diplomates et agir en conséquence.

swissinfo: Vous avez perdu de nombreuses représentations dans le monde Quelle est l’influence de cette démarche américaine sur votre travail diplomatique?

S. K. A-N. : Avec cette campagne, les Américains veulent que l’Irak ne soit plus représenté à l’étranger. Le but est de dépouiller le gouvernement irakien de sa légitimité.

L’Irak n’aurait ainsi plus de représentations à l’étranger et deviendrait donc quasiment invisible. Mais la plupart des Etats ont compris le danger de cette requête. C’est la raison pour laquelle ils l’ont refusée.

Le rôle de la diplomatie est de servir d’avocat à un Etat. Les Etats-Unis veulent empêcher l’Irak de se faire entendre dans le monde, afin que l’agression contre notre pays puisse se poursuivre sans bruit.

swissinfo: Avez-vous encore des contacts réguliers avec le gouvernement de Bagdad?

S. K. A-N.: Oui, naturellement.

swissinfo: Et avec le président Saddam Hussein?

S. K. A-N.: Nous dépendons du ministère des Affaires étrangères. Je fais donc mon rapport à mon ministre, pas à mon président.

Interview swissinfo: Jacob Greber
(traduction: Olivier Pauchard)

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