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La conférence sur le climat accouche d’une souris

La conférence-marathon s'est achevée dans les applaudissements. AFP

Les négociations de Durban ont débouché dimanche sur un accord sur une feuille de route pour 2015 avec entrée en vigueur en 2020, englobant pour la première fois tous les pays pour lutter contre le réchauffement. Les représentants des 190 pays présents dont la Suisse sont soulagés, mais la presse helvétique est mitigée.

«Accord minimal à l’arraché», «A Durban, on a évité le naufrage», «Deux degrés, deux décennies», «La politique climatique est à un tournant», les titres de la presse nationale sont loin de l’enthousiasme à propos de ces 14 jours et deux nuits de discussions. Des commentaires très rares, du reste.

Adopté dimanche après des années de négociations infructueuses pour imposer une législation contraignante visant les grands pays émergents comme la Chine et l’Inde, mais également les pays riches comme les Etats-Unis, le «paquet de Durban» lance un processus qui s’achèvera en 2015 pour déboucher sur un accord contraignant sur la protection du climat. Accord qui devrait entrer en vigueur en 2020.

L’UE, la Suisse, la Norvège, l’Australie et la Nouvelle Zélande se sont engagées à confirmer la prolongation du Protocole de Kyoto lors de la prochaine conférence de l’ONU, dans un an au Quatar. Mais l’accord admet en même temps que les promesses de réduction ne seront pas suffisantes pour limiter la hausse de températures à 2 degrés ainsi que le prévoit le protocole.

Tout reste à faire

Le Temps relève que «l’accord arraché à Durban à l’issue d’incroyables tractations a fait un peu bouger les lignes de la diplomatie climatique», mais que «les efforts de la communauté internationale sont insuffisants pour contenir la hausse de température de la planète. Si l’idée est séduisante sur le papier, tout, ou presque, reste à faire.»

Le quotidien francophone relève par ailleurs que «le maintien en vie du seul accord international (Kyoto) obligeant des pays industrialisés à réduire leurs émissions répond à un souhait majeur des pays en développement, qui sont les plus menacés et pèsent d’un poids certain, étant donné leur nombre dans les enceintes onusiennes».

Scepticisme également dans la Neue Zürcher Zeitung: «L’espoir de voir de grands changements dans la protection du climat est déçu. Beaucoup de négociateurs de la conférence de l’ONU ont tenté de vendre comme un succès considérable le maigre résultat obtenu à l’issue d’un débat marathon en Afrique du Sud. La présidente de la conférence a même parlé d’une page historique. Et pourtant, il n’y a aucune raison de jubiler car, en réalité, on a évité le naufrage de justesse. Toutes les décisions radicales nécessaires à une solide protection du climat ont été reportées à plus tard.»

La Basler Zeitung pointe aussi les «carences» de la conférence après le «fiasco des pourparlers de Copenhague en 2009». Et de déplorer que la prolongation du protocole de Koyto «ne réduise pas les objectifs d’une seule tonne de CO2, car l’Union européenne et la Suisse vont se contenter de maintenir leur objectif de réduction à moins de 20% jusqu’à 2020 (en comparaison de 1990)».

La Basler Zeitung propose que l’UE et la Suisse «s’entendent plutôt de manière autonome sur une réduction de 30% de leurs émissions de gaz à effet de serre».

Plutôt 3 degrés que 2…

«Ce qui a commencé il y a vingt ans à Rio a continué à tourner dans le vide à Durban, où il n’y a rien à célébrer puisqu’il n’y a eu aucune avancée concrète», juge le Blick.

Pour le tabloïde germanophone, ainsi en va la survie. «Il faudrait au moins qu’une météorite menace la Terre pour que l’humanité décide de s’unir dans la lutte. La perspective d’un réchauffement de 2 degrés dans vingt ans ne suffit apparemment pas.»

La Neue Zürcher Zeitung partage le même pessimisme. «Alors que le changement devient de plus en plus concret, la politique climatique tourne dans le vide. Et en roud. Alors qu’il aurait fallu fixer dès 1992 la limitation du réchauffement à 2 degrés, ce but ne pourra pas être atteint dans un accord à signer en 2015 dans le meilleur des cas et qui entrait en vigueur au plus tôt en 2020. Il est plus réaliste d’envisager que l’humanité doive se prépare à vivre avec au moins 3 degrés de plus, avec les conséquences imprévisibles mais certainement très coûteuses contre lesquelles les climatologues mettent en garde depuis longtemps.»

La délégation suisse s’est déclarée satisfaite du résultat de ces «âpres négociations», qu’elle qualifie de «positif». «L’accord n’opérera plus de distinction entre pays industrialisés et pays en développement. Il obligera tous les Etats à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre sur la base du principe de la responsabilité commune et selon leurs capacités respectives», précise le communiqué de l’Office fédéral de l’environnement.

Comme nombre d’organisations non gouvernementales, la section suisse du WWF a qualifié dimanche les décisions prises à la conférence sur le climat d’«importantes» mais «insuffisantes» face au défi du réchauffement.

Elle estime que le changement climatique ne nous laisse
pas le temps de tergiverser.

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