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La durée du travail en question

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Le peuple suisse doit se prononcer le 3 mars sur une éventuelle baisse du temps de travail. Cette proposition syndicale a pour but de baisser le chômage.

Baptisée «pour une durée du travail réduite», cette initiative de l’Union syndicale suisse (USS) demande de limiter progressivement la durée annuelle du travail à un maximum de 1872 heures. Plus concrètement, les Suisses travailleraient en moyenne 36 heures par semaine, contre 40 actuellement.

Lutter contre le chômage

Le texte règle aussi la question des heures supplémentaires. Elles devraient être limitées à 100 heures par an. Par ailleurs, la durée hebdomadaire du travail, heures supplémentaires comprises, ne devrait en aucun cas excéder 48 heures.

Avec cette proposition, lancée durant la crise économique des années 90, l’USS veut avant tout lutter contre le chômage. Son idée est à la base fort simple: en travaillant moins longtemps, il faut davantage de gens pour effectuer la même masse de travail.

Un raisonnement qui n’est d’ailleurs pas nouveau. C’est dans le même but que le gouvernement socialiste français a introduit la semaine de 35 heures.

Prospérité en danger

Soutenue par la gauche, cette proposition de l’USS se heurte au refus du Conseil fédéral et suscite une véritable levée de boucliers parmi les représentants des partis bourgeois.

Pour ces derniers, l’initiative est un non-sens économique. Une réduction du temps de travail réduirait la compétitivité de la Suisse. D’autant plus que l’USS préconise que la baisse du temps de travail ne soit pas accompagnée de baisse des revenus pour les salaires inférieurs à 7600 francs.

Privée de ressources naturelles, la Suisse ne peut compter que sur son acharnement au travail pour prospérer, selon les adversaires de l’initiative. Abaisser la durée du travail équivaudrait donc à scier la branche sur laquelle on est assis et à mettre ainsi en danger la prospérité du pays.

La droite n’est cependant pas opposée à toute baisse du temps de travail. Mais celle-ci doit être souple et négociée entre les partenaires sociaux, et non pas imposée par l’Etat.

De nombreux précédents

A gauche, on ne se laisse pas trop démonter. «Lors de chaque avancée sociale, on nous lance à la tête l’argument de la compétitivité», répond Jean-Claude Rennwald, conseiller national (PS/Jura) et vice-président de l’USS.

Il n’empêche que les craintes de la droite font généralement mouche auprès des citoyens. Ce sera en fait la 4e fois que le peuple aura à se prononcer sur une initiative demandant une réduction de l’horaire de travail. Et chaque fois, ce genre de proposition a été clairement rejeté.

Reste à voir si la gauche réussira à renverser la vapeur et à enfin faire passer son projet. Réponse le 3 mars.

Olivier Pauchard, Palais fédéral

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