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La Russie et le Qatar au paradis du football

La joie de la délégation russe à l'annonce du résultat du vote. Keystone

Réuni jeudi à Zurich, le comité exécutif de la FIFA a désigné les deux prochains pays hôtes de la Coupe du monde de football. Ce seront la Russie en 2018 et le Qatar en 2022.

Le résultat du vote du comité exécutif a été annoncé par Joseph Blatter, président de la Fédération internationale de football associations (FIFA).

Après la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud et celle de 2014 au Brésil, il était sûr que l’édition 2018 reviendrait en terres européennes. Les membres du comité exécutif ont finalement privilégié la Russie face aux candidatures de l’Angleterre, de l’Espagne/Portugal et de la Belgique/Pays-Bas.

La candidature britannique était particulièrement solide sur le papier. Elle avait en outre bénéficié de soutiens de poids. C’est ainsi que le Premier ministre David Cameron, le prince William et David Beckham avaient fait le déplacement à Zurich.

Mais la FIFA a préféré donner sa chance à la Russie, alors que presque tout reste à construire en terme d’infrastructures sportives. Mais peut-être le poids politique de la Russie a-t-il été déterminant.

On notera d’ailleurs qu’il s’agit du 2ème grand succès russe sur la scène sportive internationale, après l’attribution des Jeux olympiques d’hiver de 2014 à Sotchi.

Des moyens illimités

En ce qui concerne l’attribution de l’édition de 2022, c’étaient les Etats-Unis, avec notamment le soutien de l’ancien président Bill Clinton, qui étaient donnés grands favoris face aux candidatures du Qatar, du Japon, de la Corée du Sud et de l’Australie.

La FIFA a ici peut-être misé sur la nouveauté. En effet, tant les Etats-Unis (1994) que le Japon et la Corée du Sud (2002) ont déjà organisé la Coupe du monde.

Mais surtout, le Qatar dispose de moyens financiers presque illimités pour organiser la manifestation. Par exemple, son projet prévoit la construction de stades climatisés, afin que les joueurs ne souffrent pas trop des températures élevées du climat désertique.

Au niveau des soutiens, on retiendra que le Qatar s’est loué l’appui d’un ambassadeur de luxe en la personne de l’ancienne star du football français Zinedine Zidane.

Discrédit

Le faste de la cérémonie de désignation des prochains pays organisateurs ne peut faire oublier, que plusieurs membres de la FIFA ont été accusés de corruption au cours des dernières semaines. Ce qui jette un certain discrédit sur l’organisation suprême du football.

Des journalistes du Sunday Times ont confondu deux membres du comité exécutif de la FIFA qui auraient monnayé leur vote: le Nigérian Amos Adamu, président de la Fédération de l’Afrique occidentale, et le Tahitien Reynald Temarii, président de la Confédération océanienne.

Le 19 novembre, la commission d’éthique de la FIFA – présidée par l’avocat tessinois et ancien député Claudio Sulser – avait suspendu les deux hommes pour respectivement trois et un an. Reynald Temarii a cependant recouru contre la décision.

Se faisant passer pour des lobbyistes chargés de promouvoir la candidature des Etats-Unis, les journalistes britanniques avaient même filmé une conversation avec l’ancien secrétaire général de la FIFA, le Suisse Michel Zen-Ruffinen. Sans citer de noms, celui-ci avait indiqué que certains membres de la FIFA pouvaient être corrompus contre de l’argent ou des femmes, comparant même l’un d’eux à un «gangster».

Une liste qui s’allonge

Cette affaire a ouvert la porte à d’autres enquêtes journalistiques. C’est ainsi que les journaux suisses Tages Anzeiger et SonntagsZeitung ainsi que l’émission de télévision britannique Panorama ont dévoilé les noms de trois membres du comité exécutif qui auraient reçus d’importantes sommes d’argent dans les années 1990.

Ces trois hommes sont le Brésilien Ricardo Teixeira, président de la Fédération brésilienne, le Paraguayen Nicolas Leoz, président de la Fédération sud-américaine et le Camerounais Issa Hayatou, président de la Confédération africaine. Pour l’heure, aucun des trois hommes n’a fait de déclaration.

Suite à ces affaires, la branche suisse de Transparency International avait demandé lundi à la FIFA de repousser le vote de ce jeudi. Mais l’appel de cet ONG active dans la lutte contre la corruption est resté lettre morte.

La Suisse a participé à 9 des 19 Coupes du monde de football organisées depuis 1930: Italie (1934), France (1938), Brésil (1950), Suisse (1954), Chili (1962), Angleterre (1966), Etats-Unis (1994), Allemagne (2006) et Afrique du Sud (2010).

La Suisse a accueilli une fois la Coupe du monde. C’était en 1954.

Cette Coupe de 1954 est restée dans l’histoire du football sous le nom de «Miracle de Berne». En effet, pour sa première participation depuis la 2e Guerre mondiale, l’Allemagne avait remporté le titre en s’imposant devant l’équipe mythique de Hongrie de l’ère Puskas.

La Suisse a également été candidate à l’organisation de la Coupe du monde 1998. Lors du vote, la France avait obtenu 12 voix, le Maroc 7 et la Suisse aucune.

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