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Le dernier voyage d’un pape missionnaire

Le pape Jean-Paul II (1920-2005). Keystone

Le chef de l’Eglise catholique romaine, le Pape Jean-Paul II, s’est éteint samedi 2 avril. Survol d'un long parcours.

Né en 1920 près de Cracovie, Karol Josef Wojtyla avait été élu pape en 1978. Il était le premier pape non-italien depuis près de 500 ans.

Son élection avait suivi la mort de Paul VI, le 6 août 1978, et celle de son successeur Jean-Paul I, décédé subitement le 29 septembre d’un arrêt cardiaque, 33 jours seulement après avoir été élu.

Entré en fonction à l’âge de 58 ans, Jean-Paul II a été le plus jeune pape du 20e siècle. Il a aussi été le premier pape non-Italien depuis le règne d’Adrien VI (1522-1523).

Une carrière fulgurante

Karol Wojtyla était né le 18 mai 1920 à Wadowice, une petite ville située à 50 kilomètres de Cracovie. Son enfance a été marquée par plusieurs drames: il a perdu sa mère en 1929 et son frère aîné en 1932.

Dans sa jeunesse, Karol Wojtyla a d’abord été un sportif enthousiaste s’adonnant notamment au ski, au kayak et à la natation. Il a ensuite montré un grand intérêt pour la scène. En 1938, il a même commencé à étudier le théâtre et la poésie à l’Université de Cracovie.

Ses études ont été interrompues par l’invasion de la Pologne par l’Allemagne nazie en 1939. Pour échapper à l’emprisonnement et à la déportation, Karol Wojtyla a travaillé dans une carrière de pierre et dans une usine chimique.

C’est à cette époque aussi – dès 1942 – qu’il a ressenti sa vocation au sacerdoce. Il a d’abord suivi des cours au Séminaire clandestin de Cracovie. La paix revenue, il a poursuivi sa formation au Grand Séminaire de Cracovie et à la Faculté de théologie de l’Université Jagellon.

Le père du futur pape n’aura pas vécu assez longtemps pour assister à l’ordination de son fils en 1946. Mais plus tard, Jean-Paul II a souvent rappelé ce que lui avait dit son père avant sa mort: «Je ne vivrai pas longtemps; avant de mourir, je voudrais être certain que tu te consacreras au service de Dieu.»

Jeune prêtre, Karol Wojtyla a rapidement grimpé les échelons de la hiérarchie catholique en devenant archevêque en 1964 et cardinal en 1967.

Un pape qui a marqué l’histoire

Au cours des ses 25 années de règne, Jean-Paul II aura marqué l’histoire de l’Eglise catholique, et même l’Histoire tout court.

A l’époque de son élection, en 1978, sa patrie polonaise était encore sous le joug communiste. Jean-Paul II n’aura eu de cesse de condamner les régimes totalitaires et la répression subie par les Eglises. D’aucuns estiment même que son action a contribué à la chute du communisme.

Jean-Paul II restera aussi comme un pape missionnaire. N’ayant jamais perdu de vue le fait qu’il était le chef de file de presque un milliard de catholiques, il s’est fait un devoir de visiter les différentes communautés catholiques du monde. Jamais un pape n’aura autant voyagé que lui.

Jean-Paul II a aussi été l’artisan du rapprochement entre juifs et catholiques. Il a ainsi été le premier pape à visiter une synagogue et à rendre un culte à la mémoire des victimes de l’Holocauste dans l’ancien camp de concentration d’Auschwitz.

Mais l’action de Jean-Paul II a aussi parfois été contestée. Il restera probablement dans les mémoires comme un conservateur, notamment en ce qui concerne les préceptes de l’Eglise catholique en matière de morale sexuelle.

Un attentat manqué

Le règne de Jean-Paul II aura été l’un des plus long de l’histoire de la papauté. Mais il aurait tout aussi bien pu se terminer prématurément.

En effet, Jean-Paul II a été victime d’une tentative d’attentat trois ans seulement après son accession sur le trône de St-Pierre. L’attentat a eu lieu le 13 mai 1981 sur la Place St-Pierre à Rome, lors de l’audience hebdomadaire du mercredi.

Le St-Père avait alors été grièvement blessé par deux coups de feu tirés par Ali Agca, un Turc lié aux Loups gris, un mouvement turc d’extrême droite impliqué dans le trafic de stupéfiant. Mais le pape s’était rapidement remis de ses blessures.

Ayant échappé aux balles, c’est finalement la maladie qui aura eu raison du St-Père. Durant les dernières années de son règne, son état physique est allé en se dégradant.

Pourtant malgré la souffrance physique – il souffrait de la maladie de Parkinson – Jean-Paul II n’a jamais voulu démissionner, bien que cette possibilité soit prévue par le droit canon. Il a souhaité assumer la charge qui lui avait été confiée jusqu’à la fin; un vœu aujourd’hui exaucé.

swissinfo

18 mai 1920: naissance de Karol Jozef Wojtyla à Wadowice
octobre 1942: début de cours de séminariste
1er novembre 1946: il est ordonné prêtre
4 juillet 1958: devient évêque auxiliaire de Cracovie
30 décembre 1963: nomination au poste d’archevêque de Cracovie
28 juin 1967: le pape Paul VI le nomme évêque
16 octobre 1978: devient pape sous le nom de Jean-Paul II

– Le conclave doit élire le 266e pape de l’histoire de l’Eglise.

– Le règne le plus long fut celui de St-Pierre, de 30 à 64 ou 67. Mais ce règne n’est pas historiquement attesté.

– Historiquement, le règne le plus long fut celui de Pie IX: 11’559 jours de 1846 à 1878.

– Le plus court fut celui de Léon XI: 26 jours en 1605.

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