Des perspectives suisses en 10 langues

Le ski mondial décrypté par son patron suisse

Keystone

La nouvelle saison de ski déploiera ses ailes à la fin du mois d’octobre sur le glacier autrichien de Sölden.

Avant ce rendez-vous important, le président de la FIS, le Suisse Gian Franco Kasper, a reçu swissinfo dans ses quartiers, à Oberhofen.

Dans son magnifique bureau vitré situé sur les bords du lac de Thoune, Gian Franco Kasper admire la vue splendide qui s’offre à lui. Le regard posé sur l’Eiger, le Mönsch et la Jungfrau, le président de la Fédération internationale de ski (FIS) est serein.

Elu à la présidence de la FIS lors du Congrès de Prague en mai 1998, le Grison sait que tout est prêt pour une nouvelle saison marquée notamment par les Mondiaux de vol à ski de Planica en Slovénie, au mois de février. Rencontre.

swissinfo: Gian Franco Kasper, quel bilan tirez-vous de vos cinq années de présidence à la tête de la FIS?

Gian Franco Kasper: Nous avons introduit beaucoup de nouveaux formats de compétition. Aussi bien en ski alpin qu’en ski de fond, ou en ski nordique. Je pense en particulier aux départs inversés en descente ou en super-G, aux départs en masse et au sprint dans le ski de fond.

Nous avons également totalement professionnalisé nos structures. Cette étape était nécessaire car les athlètes l’étaient depuis longtemps, tout comme les médias d’ailleurs.

Désormais, ce ne sont plus les amateurs des différentes stations qui organisent les compétitions mais des professionnels qui se déplacent au gré des épreuves. Cela permet d’avoir un suivi et une constance irréprochables.

En fait, nous essayons d’apporter continuellement de petites corrections et des améliorations pour adapter notre sport à l’époque moderne que nous vivons. Nous préférons ces adaptations constantes à une révolution brutale.

swissinfo: Vous évoquiez par le passé le projet d’une télévision propre à la FIS, où en est-il?

G.F.C: Il existe toujours. Mais nous avons dû quelque peu tempérer nos ardeurs après les énormes problèmes rencontrés par des grands groupes médias tel que l’Allemand Kirch.

Aujourd’hui, nous sommes en négociations avancées avec une chaîne de télévision déjà existante pour en faire une chaîne consacrée au ski en hiver. Mais rien n’est encore fait.

D’ailleurs nous avons encore un contrat global avec l’Eurovision valable jusqu’aux Mondiaux de 2009. Cela nous permet donc d’envisager l’avenir avec sérénité au niveau financier. Cette assurance est très appréciable et conforte les sponsors principaux dans leur envie de nous soutenir.

Au niveau télévisuel, le défi actuel reste de trouver le moyen de mieux coordonner nos différentes compétitions pour éviter de nous concurrencer nous-même.

Ainsi, des concours de saut à ski se dérouleront en fin de soirée et nous aimerions ramener le délai entre deux manches de ski alpin à quinze minutes.

swissinfo: Et Internet?

G.F.C: Nous n’avons pas véritablement l’intention de développer encore plus notre offre pour l’instant. L’idée d’un complément aux informations déjà existantes par l’image n’est plus vraiment à l’ordre du jour.

Par contre, nous allons probablement mettre encore un peu plus l’accent sur le déroulement des compétitions. L’expérience a en effet montré qu’énormément d’internautes se connectent pour suivre la course en direct (one to one).

C’est-à-dire qu’ils suivent les passages des concurrents en temps réel grâce à un chronomètre. L’idée serait peut-être de proposer un parcours virtuel avec un point – représentant le skieur – qui se déplacerait au gré de la course.

swissinfo: La saison de ski débute bientôt sur le glacier autrichien de Sölden. Ce rendez-vous revêt-t-il une importance particulière?

G.F.C: Oui. Depuis cinq ans cela nous permet de débuter la Coupe du monde de manière optimale. Cette année cela semble plus délicat car après l’été torride que nous avons connu, il n’y a pas encore de neige à Sölden et les compétitions ne peuvent pas se dérouler sur de la glace.

Mais nos véritables fenêtres médiatiques – nos showcases – restent les Jeux olympiques et les Mondiaux.

swissinfo: Comment jugez-vous les derniers Mondiaux de Saint-Moritz?

G.F.C: Tout simplement parfaits. Je ne dis pas cela parce que je suis originaire de cette station mais parce que tous les éléments étaient réunis pour que la fête soit totale (ndlr: après ce succès, et un demi-million de bénéfice, Saint-Moritz va se remettre sur les rangs pour les Mondiaux de 2013). J’espère sincèrement que Bormio pourra faire aussi bien en 2006.

Ces rendez-vous sont très importants pour notre développement. Notamment en Asie où le marché chinois est appelé à s’ouvrir et à exploser dans un futur proche.

Notre Fédération, qui compte déjà 102 nations, devrait encore s’agrandir. L’Irak vient d’ailleurs de faire sa demande officielle d’affiliation.

swissinfo: Evoquons pour terminer le problème du dopage qui gangrène plusieurs sport, dont le ski. Comment la FIS lutte-t-elle contre ce fléau?

G.F.C: Nous n’avons pas trop de soucis avec le ski alpin, le freestyle ou le saut à ski. Mais les cas que nous avons encore connu récemment aux JO en ski de fond ont bien failli tuer cette discipline.

En tant que Fédération, nous essayons donc de faire le maximum en éduquant les athlètes et en multipliant le nombre de tests.

Nous collaborons de manière très étroite avec l’Agence mondiale antidopage (AMA) et nous allons investir près d’un million de francs suisses cet hiver pour tenter de juguler ce problème.

Il ne faut pas se voiler la face, la guerre est loin d’être gagnée. Mais nous devons faire ce qui est en notre pouvoir pour lutter. Et ce, même si chaque cas, ou presque, se termine devant les tribunaux et se révèle très onéreux.

Interview swissinfo, Mathias Froidevaux

Le Suisse Gian Franco Kasper a été élu président de la Fédération internationale de ski (FIS) en mai 1998.
La FIS a son siège à Oberhofen (BE) et compte 102 nations.
Budget de fonctionnement: 40 millions de francs suisses.

– La saison officielle de Coupe du monde de ski alpin devrait être lancée le week-end du 25/26 octobre sur le glacier de Sölden en Autriche.

– Le Suisse Gian Franco Kasper, né en janvier 1944 à Saint-Moritz, est le président de la Fédération internationale de ski.

– Avant d’être nommé à la tête de la FIS, il en a été le secrétaire général durant 23 ans, de 1975 à 1998. Il a succédé au poste de président à un autre Suisse, Marc Hodler, en fonction depuis 1951.

– Durant les Jeux olympiques de Sydney en l’an 2000, il été élu membre du Comité international olympique (CIO).

– Depuis le 1 janvier 2003, Gian Franco Kasper est également membre exécutif de l’AMA, l’Agence mondiale antidopage.

– Récemment, Gian Franco Kasper a rejoint la Commission de coordination des Jeux olympiques d’hiver de 2010 à Vancouver présidée par le Fribourgeois René Fasel (président de la Fédération internationale de hockey sur glace).

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision