Des perspectives suisses en 10 langues

Les EPF veulent être parmi les meilleurs

L'Ecole polytechnique de Zurich est classée au 27e rang des meilleures universités au monde. ETH

Le conseil des Ecoles polytechniques fédérales (EPF) ambitionne de placer ses institutions parmi les dix premières de la planète.

Son nouveau président Alexander Zehnder mise sur la réalisation d’ici 2008 de pôles de compétences régionaux et sur une sélection des étudiants, entre autres.

Professeur de biotechnologie de l’environnement à Zurich, Alexander Zehnder a été nommé en juillet dernier à la tête des EPF de Lausanne et de Zurich.

Lors d’une conférence de presse tenue mardi à Berne, il a insisté sur une série de propositions destinées à renforcer la reconnaissance internationale vis-à-vis des deux plus prestigieuses hautes écoles scientifiques de Suisse.

Ces mesures comprennent notamment la poursuite du développement de centres de compétence qui renforcent les liens entre les deux EPF et leurs partenaires étrangers.

Alexander Zehnder s’est également prononcé en faveur d’une sélection plus rigoureuse des étudiants et également en faveur d’une recherche de fonds plus agressive.

swissinfo: Comment allez-vous mettre les réformes que vous préconisez en vigueur?

Alexander Zehnder: Nous devons songer à fermer les facultés qui ne sont pas compétitives sur le plan international. Nous souhaitons aussi attirer les meilleurs professeurs et les meilleurs étudiants.

Nous devons reconsidérer notre financement. Plus de 75% de notre budget provient des contribuables. Nous devrions obtenir davantage de dotations, afin de nous donner de l’indépendance vis-à-vis du monde politique.

swissinfo: S’agit-il d’un changement radical pour la Suisse?

A. Z.: Et bien, pour la Suisse, tout changement est par essence radical… Notre but est de poursuivre sur la voie que nous avons déjà suivie, mais un peu plus vigoureusement.

Il ne suffit pas de parler de changement, car si on se contente d’en parler, nous perdrons tout simplement notre place parmi les premiers du classement.

swissinfo: Vous dites vouloir améliorer l’image des EPF tant en Suisse qu’à l’étranger. N’est-ce pas difficile lorsqu’il s’agit de rivaliser avec des noms aussi prestigieux que Harvard et Oxford?

A. Z.: Nous avons déjà une bonne réputation. Si vous allez dans de grandes universités américaines comme Harvard ou Stanford, les gens là-bas savent que la Suisse possède de grandes écoles et un bon environnement académique.

Dans le dernier classement des hautes écoles réalisé par l’Université Jiao Tong de Shanghai, l’Ecole polytechnique de Zurich figurait au 27e rang des meilleures universités dans le monde. Et elle était au premier rang des universités de l’Europe continentale.

Mais nous avons encore du chemin à faire. Mon but est de faire figurer les EPF dans les premiers rangs, quel que soit le classement.

swissinfo: Actuellement, les universités tendent à davantage se concentrer sur le développement que sur la recherche. Est-ce un modèle à suivre?

A. Z.: Nous ne nous éloignerons pas de la recherche fondamentale. Elle est à la base de tout ce que nous faisons.

Mais en même temps, vous ne pouvez pas faire l’impasse sur le développement de produits. Les centres de compétences que nous sommes en train de mettre sur pied nous permettront de créer des plates-formes où industries, scientifiques et société civile peuvent se rencontrer.

Nous voulons que nos découvertes soient en avance sur leur temps et répondent aux demandes de demain. Mais ce n’est pas notre rôle de répondre aux demandes immédiates.

swissinfo: Comment allez-vous attirer les meilleurs étudiants?

A. Z.: Nous aimerions introduire quelque chose de nouveau dans le système universitaire suisse: l’entretien prospectif. Nous désirons savoir quelles sont leurs attentes et aussi leur faire connaître les nôtres.

Cet entretien constituerait le premier contact avec les représentants de l’université et contribuerait à nouer des liens.

Tout au long de votre vie, chaque fois que vous recherchez un emploi, vous avez des entretiens d’embauche. Ce devrait également être le cas pour les étudiants.

swissinfo: L’idée d’un processus de sélection des étudiants va à l’encontre de la tradition suisse. Du coup, votre idée est-elle politiquement acceptable?

A. Z.: Nous ne nous attendons pas à le faire l’an prochain. Nous devons encore élaborer des bases pour réaliser cette proposition.

Mais les discussions que nous avons eues tant avec les représentants de l’éducation qu’avec les politiciens montrent qu’ils comprennent la nécessité de réviser notre manière de faire.

Je serais satisfait si nous pouvions réaliser cette proposition dans deux ou trois ans.

swissinfo: Vous ne semblez pas très optimistes quant à l’obtention de budgets supplémentaires de la part de la Confédération. Allez-vous rechercher d’autres solutions?

A. Z.: Oui. Nous devons obtenir plus d’argent de la part de tiers. Nous devons donc augmenter le nombre de dotations. Nous devrons probablement trouver 20 milliards de francs pour les EPF au cours des 20 prochaines années.

Nous devons aussi tirer davantage d’argent des innombrables brevets que nous possédons.

swissinfo: L’usage de l’anglais est de plus en plus répandu parmi le corps enseignant, mais certains étudiants ne sont pas à l’aise avec ce changement. L’anglais doit-il devenir la principale langue d’enseignement?

A. Z.: Dans les universités, l’anglais sera de plus en plus utilisé au niveau du master. Il n’y aura que peu d’exceptions.

Pour ma part, je souhaiterais que les cours se déroulent en anglais également au niveau du bachelor. Ce sera probablement le cas d’ici deux ou trois ans.

Un ingénieur qui construit un pont en Suisse n’a pas besoin de l’anglais, mais la science est une entreprise globale. Or dans une entreprise globale, l’anglais est la langue de référence. Si nous voulons être compétitifs, il n’y a pas moyen d’y couper.

Interview swissinfo, Scott Capper
(Traduction: Olivier Pauchard)

La Confédération a créé l’Ecole polytechnique de Zurich en 1855.
D’abord école d’ingénieurs, l’EPF de Lausanne a obtenu ce titre en 1969.
Quatre autres instituts de recherche indépendants y sont rattachés.
Les EPF comptent 19’000 étudiants et 550 professeurs.
Budget annuel: 2,3 milliards de francs.
Personnel: 12’000 postes à plein temps.

– Alexander Zehnder est devenu président du conseil des EPF le 1er juillet 2004.

– Il a étudié à l’EPFZ, où il a obtenu son doctorat en 1976.

– Sa carrière l’a conduit au Maroc, à Stanford et aux Pays-Bas.

– Il est professeur de biotechnologie environnementale à l’EPFZ depuis 1992.

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision