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Les sans-papiers veulent élargir leur mouvement

Plusieurs voisins de la Suisse ont décidé de régulariser la situation des travailleurs clandestins. Keystone

Le collectif des sans-papiers de Fribourg, qui occupe l'église Saint-Paul depuis lundi, appelle l'ensemble des clandestins de Suisse à rejoindre le mouvement. De son côté, l'abbé Cornelius Koch espère mobiliser un maximum de paroisses.

Lancé une première fois lundi, l’appel aux sans-papiers de Suisse devrait être renouvelé ces prochains jours. Les membres du collectif des sans-papiers de Fribourg planchent, en effet, sur la manière d’élargir leur mouvement.

Ainsi, les contacts avec les Kosovars qui occupent le temple protestant de Bellevaux à Lausanne depuis cinq semaines devraient être intensifiés. Le collectif fribourgeois réfléchit également à la manière d’associer les travailleurs suisses à leur combat.

«Dans leurs conditions de travail, les Suisses et les immigrés sont, à bien des égards, dans une situation similaire», souligne Gaétan Zurkinden du collectif fribourgeois.

De son côté, l’abbé Cornelius Koch, pionnier des luttes en faveur des immigrés, veut mobiliser le monde religieux, toutes confessions confondues: «Nous allons écrire aux 14.000 paroisses de Suisse pour qu’elles fassent pression sur les autorités fribourgeoises et fédérales. Nous attendons 2 à 3000 réponses positives».

Mais, pour l’heure, ce combat – tant à Fribourg qu’à Lausanne – mobilise surtout les milieux de défense des immigrés. Mais plusieurs facteurs pourraient favoriser l’élargissement du débat ainsi soulevé.

Comme le rappelle l’avocat lausannois Jean-Michel Dolivo, qui s’est engagé avec succès en faveur de sans-papiers de l’ex-Yougoslavie, les capitales européennes commencent à reconnaître le problème de l’immigration.

«Les clandestins qui se pressent aux portes de l’Europe, et dont certains ont été retrouvés morts à Douvres ou sur les côtes andalouses, montrent en effet l’absurdité et l’inefficacité des politiques suivies jusqu’à maintenant», souligne Jean-Michel Dolivo.

Plusieurs pays européens ont d’ailleurs décidé de régulariser la situation des travailleurs clandestins, le dernier en date étant la Grèce. Or, la Suisse ne peut ignorer les décisions prises par ses voisins, comme le montre le projet de loi sur les étrangers.

Cette nouvelle loi proposée par le département de Ruth Metzler est en effet la conséquence des accords bilatéraux entre Berne et Bruxelles, en particulier ceux ayant trait à la libre circulation des personnes.

«Le débat autour de cette nouvelle loi doit prendre en compte l’existence en Suisse de centaines de milliers de personnes qui sont sans droit de séjour en Suisse», estime Jean-Michel Dolivo.

De son coté, Cornelius Koch relève un autre facteur qui peut élargir le débat: les besoins en main-d’œuvre de l’économie et le vieillissement de la population suisse. Une nouvelle pression qui, selon Cornelius Koch, milite également en faveur d’une régularisation des sans-papiers.

Frédéric Burnand

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