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Les Suisses visent l’or sur les pentes bavaroises

Ga et Pa, les mascottes des Mondiaux de ski alpin de Garmisch-Partenkirchen. Keystone

Pour la troisième fois de son histoire, Garmisch-Partenkirchen organise dès mardi les Championnats du monde de ski alpin. Victorieuse du classement par nations il y a deux ans à Val d’Isère, l’équipe de Suisse sera attendue de pied ferme dans la station allemande.

Faire aussi bien qu’à Val d’Isère. C’est l’objectif avoué par les dirigeants de la Fédération suisse de ski (Swiss-Ski). En 2009, Didier Cuche, Carlo Janka et Lara Gut avaient à eux trois glané six médailles, dont deux d’or, dans la station française, permettant à la Suisse de terminer pour la première fois depuis vingt ans en tête du classement des nations.

Deux ans plus tard, c’est à peu près sur les mêmes athlètes que reposeront les chances de médaille. Champion du monde en titre du super-G, Didier Cuche débarque à Garmisch avec le statut de grandissime favori de la descente, qui se disputera sur la Kandahar, l’une des pistes les plus exigeantes de la planète.

Deuxième à Wengen, puis vainqueur des descentes de Kitzbühel et de Chamonix, Didier Cuche semble, à bientôt 37 ans, au sommet de son art. «Je suis à la limite en terme d’engagement et il ne faut pas que j’exagère. C’est sûr qu’une victoire à Kitzbühel, ça permet de se sentir libéré. Avec une telle confiance, on réfléchit moins aux trajectoires et quand on y va, ce n’est pas avec le dos de la cuillère. Quand ça passe, ça va vite», avait-il déclaré après sa victoire à Chamonix.

Quid de Janka?

Pour William Besse, ancien descendeur à succès reconverti en consultant pour la télévision suisse (RTS), Didier Cuche abordera la descente des Mondiaux avec «un gros avantage psychique sur ses principaux adversaires, les Autrichiens Michael Walchhofer et Klaus Kroell» Même s’il avait quelque peu raté son rendez-vous olympique l’hiver dernier, Didier Cuche a l’habitude de se retrouver dans le portillon de départ avec l’étiquette de favori et ne devrait pas en pâtir, estime William Besse.

Champion du monde en titre de géant et vainqueur du général de la Coupe du monde, Carlo Janka fera partie des hommes à battre à Garmisch. Et ceci même si son début de saison n’a pas été conforme aux attentes, en raison notamment d’un mystérieux virus contracté cet été. «Même pour un athlète doté d’une classe incroyable, être perturbé deux ans de suite durant la phase de préparation, ça laisse des séquelles», souligne William Besse.

Le skieur grison a tout de même fait preuve d’un regain de forme au début du mois de janvier, terminant deux fois sur le podium à Wengen, avant de faire l’impasse sur les épreuves de Chamonix. «Il a fait le bon choix. Je suis persuadé qu’il faudra compter sur lui», soutient l’ancien skieur valaisan. Troisième du géant d’Hinterstoder dimanche, Carlo Janka a annoncé la couleur à la veille du rendez-vous bavarois.

La révélation Zurbriggen

En l’absence de Didier Défago, champion olympique de descente blessé au genou, le troisième atout dans le camp masculin se nomme Silvan Zurbriggen. Révélation du début de saison, avec notamment une victoire lors de la prestigieuse descente de Val Gardena, le Haut-Valaisan a fait montre d’une solide polyvalence qui lui permet d’être en embuscade au général de la Coupe derrière l’intouchable Ivica Kostelic.

Un peu plus en retrait lors des dernières courses, Silvan Zurbriggen paie certainement les efforts physiques consentis depuis le mois d’octobre. Il a en effet pris part à 22 des 26 épreuves disputées jusqu’ici. Médaillé de bronze du super-combiné à Vancouver, c’est dans cette discipline que ses chances de podium sont les plus importantes. «Et s’il arrive à se lâcher, il fera également partie des favoris en descente et super-G», prédit William Besse.

Lara Gut, farouche talent 

Du côté des filles, les espoirs reposeront avant tout sur les épaules de Lara Gut. De retour sur les pistes de ski après une blessure à la hanche qui l’a privée des Jeux de Vancouver, la prodige tessinoise retrouve peu à peu toutes ses sensations à l’approche du rendez-vous allemand. Troisième en descente à Val d’Isère au mois de décembre, Lara Gut s’est ensuite adjugé la victoire à Zauchensee en début d’année avant d’aller cueillir un troisième podium à Cortina en super-G.

Mais la vice-championne du monde de descente et de super-combiné a aussi beaucoup fait parler d’elle en dehors des pistes. Elle a effet été suspendue deux courses entre Noël et Nouvel-An pour avoir ouvertement critiqué l’entraîneur en chef de l’équipe féminine, Mauro Pini, qui fut son entraîneur personnel au sein du «Team Gut», la structure d’encadrement privée de la championne.

Pour William Besse, le conflit ouvert entre Lara Gut et la Fédération suisse de ski n’est pas sein et pourrait créer de dangereux précédents. «Lorsqu’on fait partie d’une équipe, il faut accepter les règles. Basta. Mauro Pini est un entraîneur expérimenté, mais il n’a pas été soutenu comme il se doit par les dirigeants de la fédération. Le problème est hélas bien plus profond. Swiss Ski n’aurait jamais dû accepter la création d’une structure privée parallèle. Aujourd’hui, des jeunes athlètes s’en inspirent et engagent par exemple leur propre entraîneur. Ca part dans tous les sens».

Outre Lara Gut, la Suisse aura d’autres cordes à son arc dans les disciplines de vitesse avec des filles comme Fabienne Suter, Dominique Gisin ou Nadja Kamer, qui tenteront de grappiller les miettes laissées par Maria Riesch et Lindsey Vonn, dominatrices sans partage du circuit féminin. Dans les disciplines techniques (slalom et géant), le chantier ouvert par Swiss-Ski n’avance pas très vite et il ne faudra pas compter décrocher un quelconque accessit entre les piquets serrés cette année.

Format. Les Championnats du monde de ski alpin auront lieu du 7 au 20 février dans la station allemande de Garmisch-Partenkirchen. Durant les deux semaines de compétition, les athlètes disputeront dix épreuves individuelles (descente, super-G, géant, slalom, super-combiné) messieurs et dames, ainsi qu’une épreuve par équipes (mixte). Quatre coureurs par nation plus un éventuel champion du monde en titre peuvent au maximum prendre part à chaque épreuve.

Garmisch. Située en Bavière, à quelques kilomètres de la frontière autrichienne, Garmisch-Partenkirchen est une station de sports d’hiver qui a notamment accueilli les Jeux olympiques d’hiver en 1936. C’est la troisième fois que cette ville de 25’000 habitants organise des championnats du monde, la dernière fois en 1978. La ville est partie prenante de la candidature de Munich pour les Jeux olympiques de 2018.

Kandahar. Etape incontournable de la Coupe du monde de ski alpin, la descente de la Kandahar de Garmisch-Partenkirchen est réputée comme l’une des plus exigeantes de la planète. Le nom fait référence à un général britannique qui occupa la ville de Kandahar en Afghanistan, et qui est à l’origine de l’Arlberg-Kandahar (AK), une épreuve mythique de l’histoire du ski alpin qui fut organisée pour la première fois dans la station allemande en 1954.

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