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Nazisme: le mea-culpa des protestants vaudois

L'Eglise protestante vaudoise reconnaît avoir eu une attitude ambiguë à l'égard des réfugiés victimes du nazisme. Son Conseil synodal (exécutif) a publié, mercredi, un rapport historique sur cette question. Tout en mettant en évidence l'engagement de certains pasteurs.

Ce rapport a été commandé par les protestants vaudois. Il fait suite à une autre étude, celle qui s’est penchée sur la politique vaudoise envers les réfugiés victimes du nazisme.

Durant la deuxième guerre mondiale, le canton de Vaud comptait en fait deux Eglises réformées, comme le souligne la rédactrice de ce rapport, Nathalie Narbel.

L’Eglise libre, indépendante de l’Etat, a dénoncé dès 1933 le nazisme. Faute d’argent, elle n’a cependant pas pu concrétiser son soutien sur le terrain.

Pour sa part, l’Eglise nationale vaudoise – plus grande et dépendante de l’Etat – ne s’est en revanche jamais prononcée publiquement. Pourquoi cette prudence excessive? Elle est, sans doute due, à une volonté de réserve face aux autorités politiques. Mais aussi à l’existence en son sein d’un antisémitisme larvé.

Un exemple: elle n’est intervenue que mollement contre deux pasteurs ouvertement antisémites. Et uniquement suite à l’intervention de l’Etat.

Mais les réfugiés victime du nazisme ont tout de même reçu un soutien de l’Eglise nationale. «La Fédération des Eglises protestantes de Suisse a, dès 1936, incité les Eglises cantonales à porter secours aux réfugiés de confession protestante», rappelle Nathalie Narbel.

Les Protestants vaudois ont répondu à cet appel en 1939. Ils ont alors créé la Commission vaudoise de secours aux réfugiés évangéliques. Cette institution a soutenu durant dix ans les réfugiés protestants, souvent d’origine juive. Dans ce cadre-là, certains pasteurs protestants ont eu un engagement remarquable.

«Le Conseil synodal reconnaît avec tristesse qu’il y a eu des attitudes critiquables en regard du message de l’Evangile, et salue l’engagement courageux de plusieurs pasteurs aux côtés des réfugiés», ont réagi les protestants vaudois, mercredi dans un communiqué de presse.

Mais l’Eglise protestante vaudoise veut surtout tirer les leçons de ce passé. Ce que fait le président de son Conseil synodal, Daniel Schmutz: «Il y a actuellement une remontée de l’intolérance religieuse et du racisme qui justifient que nous disions que de telles attitudes ne sont pas chrétiennes».

L’Eglise protestante vaudoise se veut, par exemple, active dans l’accueil des requérants d’asile.

Caroline Zuercher

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