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Passages et culs-de-sac

«Quand je pense à la vieille Anglaise qu'on appelait le Queen Mary…» swissinfo.ch

Outre les expositions et les «events», Expo.02 propose des «Passages», sous-titrés «Projets artistiques». Du mastodonte spectaculaire au petit truc abscons.

Qu’est-ce qu’un «Passage» au sens expozérodeuesque du terme? Une sorte d’acte artistique inclassable, un OVNI culturel, comme le magnifique et très humide nuage d’Yverdon-les-Bains, «Blur» pour les intimes.

Ce sont aussi des expériences comme «Atelier Zérodeux», à Bienne, un studio cinéma et vidéo dans lequel des artistes préparent documentaires et clips sur la Suisse en général et l’Expo en particulier. Ou des coups de chapeau, comme «Histoires de voir» à Neuchâtel: 159 images accompagnées de récits, une pour chaque jour de l’exposition, qui, en un long ruban, évoquent l’histoire neuchâteloise.

Ou des «interventions», comme on dit dans les pages culturelles. Par exemple «Camp», dû à l’artiste Olaf Breuning. Lequel, au travers de photos pour le moins énigmatiques, évoque sur les quatre arteplages les différentes thématiques des lieux.

Time is (not) on my Side

A Morat – peut-être parce que cet arteplage-là a vu plus que d’autres fondre le nombre de ses expositions – les «Passages» foisonnent. Ainsi, sur les quais, sous un dôme de gravier, les enfants peuvent se plonger dans les «Universi Sensibili», 14 armoires magiques aux univers étonnants.

Il y a également les «Stères de bois», imaginées par l’architecte français Jean Nouvel, l’homme à qui l’on doit le Monolithe. Les cernes des troncs coupés (merci Lothar!) évoquent de façon immédiate le temps qui passe, et donc la thématique de l’arteplage: «Instant et éternité».

Le temps qui passe, c’est aussi lui que l’on voit s’inscrire sur «L’Horloge» de l’artiste allemand Klaus Rinke, une horloge de gare plongée dans les eaux du lac, entre rive et Monolithe.

Le temps qui passe, toujours lui, a ravagé le Mésoscaphe d’Auguste Piccard, dont la silhouette blanche et effilée fut l’un des symboles de l’Exposition nationale de 1964, à Vidy-Lausanne. Pour l’heure, il repose sur les quais de Morat, carcasse rouillée, pourrie. On pense alors au «corps mort pour les cormorans» de Sardou et Delanoë, dans le coup de gueule qu’ils avaient poussé en hommage au paquebot «France».

Hors Sol?

Les remparts médiévaux de Morat font le bonheur des touristes. Pendant Expo.02, les visiteurs qui auront le courage d’aller jusque là – car le site est réellement très éclaté – seront surpris par la présence d’échafaudages bien contemporains. Un chantier en cours? Non, encore un «Passage», intitulé «Hors Sol?». Accrochés à la vieille muraille, deux logements aménagés, en suspension… on les visite par-dessous!

L’un montre l’univers de Suisses vivant au Brésil, l’autre celui de Brésiliens vivant en Suisse. But de la chose: s’interroger «sur le lien entre le sol et l’identité, ainsi que sur les différences et les points communs entre migrants et non-migrants», nous dit-on.

Ces différences s’expriment par des objets, des photos ou des phrases. Ainsi, un Brésilien installé en Suisse écrit: «Pose tes valises là où l’on chante». Et un Suisse émigré au Brésil de noter: «De l’argent frais, n’en sort-il pas de tous les distributeurs?». Réducteur peut-être, mais amusant.

swissinfo/Bernard Léchot

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