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Paul Bucherer, l’Afghan

Selon Paul Bucherer, l'opération coûtera entre 30 et 50 millions de dollars. Keystone Archive

La reconstruction des bouddhas de Bamiyan est au coeur d'une réunion d'experts qui se tient en avril à Kaboul. Avec le concours du directeur du musée afghan de Suisse.

Cette reconstruction, il s’y consacre à la demande de la population afghane, tient à préciser d’entrée Paul Bucherer, et non pas seulement à l’appel de «l’intelligentsia culturelle», et encore moins de sa propre initiative.

Par cette mise au point, Paul Bucherer entend désamorcer une critique récurrente. Pour certains, il y aurait d’autres priorités, d’autres urgences à traiter dans un pays, ruiné par des décennies de guerre.

Le début d’une autre ère

Le directeur du musée afghan s’exprimait ainsi, lundi à Londres, devant un parterre de journalistes de la presse internationale. Paul Bucherer veut éviter les malentendus dans le projet de reconstruction qu’il entend mener à terme.

Ces fameux bouddhas de Bamiyan avaient été détruits début mars sur ordre du régime taliban. Le mollah Omar avait en effet décrété que les «images taillées» étaient interdites par le Coran. Et que comme ces statues étaient liées à des croyances idolâtres, elles ne pouvaient survivre.

Pour Paul Bucherer, ces mêmes bouddhas portent une signification politique particulière. L’époque de leur destruction a été, en fait, le «début de la fin des taliban». Une reconstruction marquerait le début d’une nouvelle ère, affirme le Suisse.

Cette destruction a été faite à l’explosif, par des experts afghans et de façon «professionnelle», reconnaît Paul Bucherer. Ils ont commencé leur travail par le bas afin de ne pas épargner le socle des sculptures.

Une étape cruciale

Les parties peintes des monuments, les fresques, ont été vendues comme souvenirs sur les marchés pakistanais. En résumé, il ne reste rien. Tout est à reconstruire, même les falaises contre lesquelles s’appuyaient les statues doivent être renforcées, elles ont été fragilisées par l’emploi des explosifs.

L’opération coûtera entre 30 et 50 millions de dollars, estime Paul Bucherer. Et il n’est pas question de puiser dans l’argent promis à Tokyo pour la reconstruction de l’Afghanistan, ajoute-t-il. Encore une critique étouffée.

Il faudra donc lever des fonds. Et justement la prochaine étape sera cruciale. Une réunion d’experts internationaux doit se tenir ce printemps à Kaboul, sous l’égide de l’UNESCO. Ils débattront de la meilleure méthode pour cette reconstruction.

Gaetan Vannay, Londres

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