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Le Conseil OTAN-Russie concerne la Suisse

Vladimir Poutine, Silvio Berlusconi et George W. Bush. Keystone Archive

Berne a accueilli discrètement l'événement. Mais la naissance à Rome du Conseil OTAN-Russie concerne les pays du Partenariat pour la Paix.

Au ministère de la Défense, on se contente de noter que c’est «un bon pas dans la bonne direction». On ajoute que ce rapprochement annonce également «davantage de coopération et de compréhension mutuelles».

En termes de stabilité continentale, dit-on à Berne, l’Europe a tout à y gagner. Quant à la participation helvétique au Partenariat pour la Paix (PPP), elle ne serait pas immédiatement concernée. Puisque la Russie reste membre de cette institution.

Un signal à prendre au sérieux

Cependant, pour Fred Tanner, la Suisse devrait se sentir concernée par la création de ce Conseil OTAN-Russie. «Pour elle, explique le directeur adjoint du Centre de politique de sécurité à Genève (GCSP), c’est un signal que la sécurité européenne est désormais engagée dans un processus dynamique très rapide.»

«C’est une situation qu’il faut accepter et un développement dont on peut profiter si l’on prend quelque initiative, ajoute-t-il. Mais la Suisse doit aussi accepter que si elle ne fait rien, elle se trouvera bientôt devant une sorte de fait accompli et qu’elle pourrait donc avoir des difficultés à participer à la nouvelle architecture de sécurité en Europe.»

Selon Fred Tanner, d’autres pays, comme l’Autriche ou la Suède, vont rejoindre un jour l’OTAN. Et cette extension fera que cette organisation deviendra beaucoup plus politique. Elle ne sera plus seulement une organisation de défense, mais aussi l’acteur principal de la sécurité européenne.

Des initiatives à prendre

Des pays comme la Suisse auraient donc tout intérêt à se montrer encore plus actifs dans le Partenariat pour la paix et dans l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) afin de garantir l’attractivité de ces institutions. Il est à craindre, en effet, que l’OTAN ne leur fasse de l’ombre.

S’agissant des initiatives helvétiques à renforcer, Fred Tanner pense en particulier à son expérience humanitaire – «un domaine toujours plus important, surtout dans les crises et les situations d’après-guerre».

Mais il pense aussi au contrôle démocratique des forces armées, «où la Suisse peut faire valoir de très riches expériences».

Rapprochement historique

Le directeur adjoint du Centre de politique de sécurité n’est pas loin de penser, comme d’autres observateurs, que la rencontre de mardi à Rome a donc quelque chose de véritablement historique, dans le sens où la Russie fait désormais partie du processus de consultation de l’OTAN.

«Cela, dit Fred Tanner, c’est nouveau. Auparavant, dans les rencontres, l’organisation mettait la Russie devant des faits accomplis. Désormais, Moscou aura son mot à dire avant que les décisions ne soient prises. C’est une sorte de rupture avec ce qui se faisait jusqu’à présent.»

Certes, ce rapprochement historique doit être replacé dans le contexte des attentats anti-américains du 11 septembre et dans celui de la lutte contre le terrorisme. Mais, selon Fred Tanner, on ne devrait pas tarder non plus à en voir les conséquences dans une nouvelle manière de gérer les crises.

Il y a déjà eu un conseil de consultation dans les années 90, se souvient-il. «Mais ce conseil n’a pas fonctionné. Ce fut même une faillite pendant la crise du Kosovo lorsque Moscou retira son ambassadeur.»

Et l’Europe?

Du sommet de Rome, on aura d’abord retenu les images de poignées de mains entre George W. Bush et Vladimir Poutine. Mais que devient l’Europe dans tout cela?

Fred Tanner – qui rappelle que pas moins de onze pays de l’Union européenne font partie de l’OTAN – estime qu’il faudra rester attentif aux décisions européennes.

Pour lui, le point décisif portera sur les relations Europe-Etats-Unis face à Moscou. «S’il y a un intérêt commun entre Européens et Américains, il n’y aura pas de problème. Mais si les perceptions diffèrent – ce qui n’est pas impossible au vu des développements actuels – il faudra alors s’attendre à ce que l’Europe maintienne sa propre stratégie par rapport à la Russie.»

swissinfo/Bernard Weissbrodt, à Genève

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