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Le credo politique de Micheline Calmy-Rey

Micheline Calmy-Rey après 100 jours d’activité. swissinfo.ch

La cheffe de la diplomatie s'impliquera pour que la Suisse adhère à l'UE. Pour elle, il est important que la Confédération se positionne clairement.

Micheline Calmy-Rey entend par ailleurs poursuivre sur la voie qu’elle a choisie, celle de la ‘diplomatie publique’.

C’est lors d’une conférence de presse organisée jeudi à Berne à l’occasion des ses 100 premiers jours d’activité au gouvernement que la ministre des Affaires étrangères s’est exprimée.

Elle a saisi cette occasion pour lancer un appel en faveur de l’intégration de la Suisse à l’UE. En effet, le tout récent élargissement de l’Union à l’Est rend la position de la Suisse de plus en plus difficile.

«Notre marge de manœuvre, estime Micheline Calmy-Rey, devient chaque jour plus étroite.» L’adhésion deviendra donc, un jour ou l’autre, inévitable.

Pour la ministre des Affaires étrangères, les choses sont claires: la Suisse ne peut plus se contenter d’un rôle de spectateur.

Le gouvernement devra donc «décider au cours de la prochaine législature s’il entend ouvrir ou non des discussions en vue d’une adhésion».

Une diplomatie publique reste nécessaire

Ce plaidoyer est, en quelque sorte une réponse aux critiques à peine voilées récemment lancées par Pascal Couchepin.

En marge du dernier sommet européen d’Athènes, le président de la Confédération a en effet laissé entendre que la ministre délaissait quelque peu l’Europe au profit d’autres dossiers.

Au cours de ses trois premiers mois passés au gouvernement, la nouvelle patronne de la diplomatie helvétique n’a pas été épargnée par les critiques des ténors de la droite et de la presse.

Les éditorialistes ont fait leurs choux gras de sa participation sous condition au Forum économique mondial de Davos, de la rencontre humanitaire sur l’Irak et de la publication avortée d’une liste des victimes civiles du conflit irakien sur Internet.

La socialiste genevoise fait bonne mine à mauvais jeu. Mieux, elle dit comprendre ces critiques.

Micheline Calmy-Rey considère que le débat public entourant ses actions est une bonne chose. «Cela me montre que les Suisses sont intéressés. La population a le droit de savoir comment le pays se positionne sur la scène internationale.»

De plus, à ses yeux, cette diplomatie publique reste nécessaire. Elle permet notamment de mettre davantage de pression sur les partenaires lors de négociations.

Peut-être bien que ses méthodes ne sont pas du goût de certains médias et de certains politiciens. Mais elles sont appréciées par une grande partie de l’opinion publique helvétique.

«Cela m’a un peu surprise que les gens soient si gentils avec moi et qu’il n’y ait pas de barrière entre nous», confie Micheline Calmy-Rey.

Une politique pas très efficace

Quoi qu’il en soit, cette politique de diplomatie publique reste contestée. Notamment par Hans Hirter, professeur de sciences politiques à l’Université de Berne.

«Lorsque Micheline Calmy-Rey prend position contre la guerre en Irak, note le politologue, elle est en accord avec environ 80% de la population suisse».

«Mais, ajoute-t-il, il convient de faire une différence entre les effets politiques et les effets publics de ce type de diplomatie.»

D’ailleurs, à en croire Hans Hirter, jusqu’ici, ce type de diplomatie ne se serait pas révélée très efficace.

«C’est, précise le politologue, une manière de faire de la politique étrangère dans un pays où la politique étrangère ne compte pas.»

Malgré cela, Micheline Calmy-Rey persiste et signe. En effet, elle n’entend pas adopter un profil bas.

«On peut rendre la politique étrangère visible, tout en continuant à conduire une diplomatie discrète, explique la conseillère fédérale. Les deux choses vont de pair.»

«J’ai choisi la voie de la transparence et du débat public, dit-elle, même si moins de visibilité est certainement source de plus de tranquillité.»

Et de conclure: «C’est le prix à payer pour que la politique extérieure devienne un enjeu de politique intérieure».

swissinfo, Christian Raaflaub
(traduction: Olivier Pauchard)

Biographie de Micheline Calmy-Rey

– Née le 8 juillet 1945 à Sion (Valais)

– Mariée à André Calmy

– Deux enfants, trois petits-enfants

– Licenciée en sciences politiques en 1968

– Présidente du Parti socialiste genevois de 1986 à 1990 et de 1999 à 1997

– Ministre des Finances du canton de Genève de 1997 à 2002

– Elue conseillère fédérale le 4 décembre 2002

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