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La bataille contre les mines antipersonnel est loin d’être finie

Les fonds promis au déminage vont plutôt vers la recherche technologique que vers les terres minées. Keystone

Diplomates, militants, victimes et démineurs participent cette semaine à Genève à une nouvelle conférence sur l'interdiction des mines antipersonnel. Conclure un traité ne suffit pas. Bien des questions subsistent et le temps presse.

Trois ans après la signature du Traité d’Ottawa qui interdit les mines antipersonnel, on peut dire qu’il y a toujours état d’urgence. Après Maputo au Mozambique, place à Genève: les Etats qui ont décrété le bannissement de ces engins meurtriers se réunissent pour la deuxième fois et pour faire le point sur sa mise en application.

Le temps presse, rappellent les ONG qui ont fait campagne contre ces mines et dont la ténacité avait été récompensée d’un Prix Nobel de la paix. Hélas, les fonds promis au déminage vont plutôt vers la recherche technologique que vers les terres minées qui constituent encore et toujours un terrible danger pour les populations civiles.

«Il est plus facile d’annoncer un succès technique que de mesurer le bonheur d’une victime, dit Elisabeth Reusse-Decrey, coordinatrice de la Campagne suisse contre les mines antipersonnel. Il ne suffit pas en effet d’opérer les blessés et de leur offrir une prothèse. Les enfants qui en reçoivent une doivent la changer tous les six mois, car ils grandissent. Il faut aussi leur offrir des possibilités de formation pour qu’ils puissent être autonomes.»

Comment mieux aider les victimes? Comment rendre plus efficaces les opérations de déminage? Comment s’assurer que les Etats détruisent leurs stocks de mines? Voilà quelques-uns des problèmes auxquels doivent s’attaquer la bonne centaine de pays qui ont ratifié le traité. Sans parler de ceux qui ne l’ont pas encore fait, en particulier les Etats-Unis, la Russie et la Chine.

On a besoin de conférences comme celle-ci pour rappeler à tout le monde que ce genre de problèmes ne sont pas résolus, explique Paul Vermeulen, directeur de Handicap International Suisse. Sans cela, faute d’attention et d’intérêt, les gouvernements en viendraient sans doute assez vite à négliger leurs engagements et leurs obligations.

La Campagne suisse contre les mines antipersonnel, qui regroupe actuellement une cinquantaine d’organisations, n’entend pas baisser les bras. Elle élargit ses activités, parraine une campagne au Népal et lance une campagne «pour une Turquie sans mines».

En Suisse même, elle demande une amélioration de la loi, dans la mesure où celle-ci sert en quelque sorte de «carte de visite» en matière d’interdiction des mines. La législation helvétique contient en effet deux articles que les associations jugent insatisfaisants. Ils devraient être revus et mis en conformité avec les définitions du Traité d’Ottawa.

Le public genevois aura une fois de plus l’occasion de mieux comprendre les enjeux de la Campagne contre les mines antipersonnel. Un exemple parmi d’autres: l’artiste Daniel Berset, à qui l’on doit l’immense «chaise au pied brisé» de la Place des Nations, va déposer au bord du lac toute une série de petites chaises du même genre. Une toutes les 20 minutes, chaque fois qu’une mine fait une nouvelle victime quelque part dans le monde.

Bernard Weissbrodt

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