Le nucléaire à un tournant: les propositions du Conseil fédéral

Le gouvernement suisse a pris lundi d’importantes décisions en matière d’énergie nucléaire. Il propose notamment d’ouvrir la possibilité pour les citoyens de s’exprimer en votation populaire sur de nouvelles installations nucléaires.

Le gouvernement suisse a pris lundi d’importantes décisions en matière d’énergie nucléaire. Il propose notamment d’ouvrir la possibilité pour les citoyens de s’exprimer en votation populaire sur de nouvelles installations nucléaires.

Les apparences trompent. Cette proposition n’a rien à voir avec un esprit d’innovation ou un grand courage politique du gouvernement suisse. Aucune nouvelle installation nucléaire n’est en effet prévue en Suisse. Aucun projet n’aurait la moindre chance d’aboutir.

Si la Suisse n’abandonne pas formellement le nucléaire, elle n’en observe pas moins un moratoire – une pause de réflexion – en la matière. Le peuple et les cantons suisses eux-mêmes ont imposé cette stratégie politique en approuvant, il y a dix ans, une initiative populaire des milieux antinucléaires: aucune nouvelle autorisation d’installation nucléaire jusqu’en septembre 2000.

Il y a quelques mois, les antinucléaires ont déposé deux nouvelles initiatives. L’une demande l’abandon du nucléaire, l’autre la prolongation du moratoire. Le gouvernement suisse a bien tenté, ces dix dernières années, de promouvoir un dialogue entre le lobby nucléaire et les antinucléaires. Mais rien de constructif n’en est ressorti.

Le gouvernement propose donc aujourd’hui de moderniser la législation en matière d’énergie nucléaire, qui date des années soixante-dix. Il propose en particulier une nouvelle philosophie en matière de gestion des déchets, l’interdiction du traitement de combustibles usés et un système de délai pour la mise hors service des installations nucléaires.

Pierre-André Tschanz