Pour les responsables d'Expo.02, l'émotion
La manifestation a ouvert ses portes. Comment ceux qui ont porté le projet vivent-ils ce moment? Rencontre avec Nelly Wenger et Francis Matthey.
Nelly Wenger, présidente de la direction générale, est devenue l'incarnation de la 6e exposition nationale suisse. Lors de la cérémonie inaugurale de mardi après-midi, après une entrée remarquée dans une voiture amphibie, elle s'est adressée au public avec enthousiasme et, surtout, sensibilité.
Retour sur ce moment que les participants n'oublieront pas: «Je voulais une fois laisser parler mes émotions, et pas seulement me livrer à des analyses cérébrales de l'événement, comme je peux le faire à d'autres moments. Je voulais dire l'émotion que j'ai à diriger ce projet, et mon envie de voir tout le monde se sentir accueilli et bienvenu.»
L'émotion était là, en effet, palpable, à tel point qu'on pouvait se demander si Nelly Wenger allait craquer... Sa réponse: «Je me suis également posé la question. Il y avait beaucoup de monde, des gens que j'aime... C'est vrai qu'il peut m'arriver de pleurer. Et je ne voulais pas que ça arrive ici. Je me suis dit 'j'espère que je ne vais pas pleurer comme une soupe, parce que le metteur en scène ne saura pas quoi faire, là!»
Francis Matthey à l'accueil
Mercredi matin, les portes ont été ouvertes à 9 heures 30, pour accueillir les premiers visiteurs, par Francis Matthey, président de l'Assemblée Générale d'Expo.02.
Une demi-heure plus tard, il se tient toujours juste derrière les guichets, et savoure l'instant. Il faut dire que le politicien neuchâtelois est l'homme de la première heure - mai 1994, pour être précis. L'homme qui a porté le projet, et qui a essuyé les multiples revers que celui-ci a suscités.
«Après tout ce temps passé à construire l'Expo, je prends quelques minutes pour voir le monde arriver... Je me sens allégé. Et un peu ému. On a tellement travaillé sur ce projet, avec tellement de difficultés, tellement d'adversité. Et aujourd'hui, tout s'ouvre, tout est beau, je pense que la Suisse sera heureuse et fière de ce que nous avons fait».
L'émotion fait légèrement trembler la voix de Francis Matthey, qui, c'est indéniable, a dû en baver. A ce propos, comment a-t-il vécu personnellement les coups durs, les attaques? Comment a-t-il tenu le coup?
«J'étais en première ligne, c'est normal qu'on m'ait tapé dessus. Mais celles et ceux à qui j'aimerais rendre hommage, c'est ma famille, mes enfants, ma femme, quelques amis très proches, qui ont vécu ça peut-être plus douloureusement que moi. Parfois, lorsque je rentrais à la maison, je retrouvais les miens non seulement attristés, mais en pleurs.»
Quel a donc été son moteur? «La force que j'ai puisée, elle était dans l'objectif, dans le but. Je n'ai jamais douté de la beauté et de la force de ce projet.»
Francis Matthey aura encore la possibilité de largement savourer Expo.02: outre certaines visites officielles qu'il conduira, il a déjà réservé un grand tipi pour lui et sa famille, enfants et petits-enfants inclus. «L'Expo, je veux aussi la visiter comme tout le monde, et la vivre, tout simplement».
«Se réjouir vite»
Retour à Nelly Wenger. Comment se sent-elle maintenant qu'Expo.02 accueille ses premiers milliers de visiteurs? «Je me sens bien. Tout en sachant que le travail ne fait que commencer. A l'Expo, on dit toujours qu'il faut se réjouir, mais se réjouir vite, et continuer vite. Car tout s'enchaîne toujours rapidement. On ne peut pas s'endormir sur ses lauriers. Il y a encore beaucoup de travail pour être à l'écoute du visiteur».
Cerise sur le gâteau: la météo. Depuis mardi, le soleil brille, le ciel bleu donne un relief extraordinaire aux arteplages. Bonheur de Nelly Wenger, dont l'enfance marocaine resurgit soudain: «J'ai dit à tout le monde que j'avais emprunté le beau temps en Afrique. Et que je devais le rendre, mais que peut-être je ne le rendrais pas. Ils peuvent bien nous le prêter six mois, non?»
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swissinfo/Bernard Léchot

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