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Pour un droit à la formation professionnelle

L'apprentissage est l'un des piliers de la formation professionnelle en Suisse. L'apprentissage est l'un des piliers de la formation professionnelle en Suisse.

Une initiative syndicale demande que la loi garantisse des places d'apprentissage pour la jeunesse. Les compétences de la Confédération seraient renforcées.

La droite et les milieux économiques jugent l’initiative trop dirigiste.

L’apprentissage professionnel est un pilier de la formation en Suisse. Moins de 30% des jeunes optent pour un baccalauréat à l’issue de la scolarité obligatoire.

Tous les autres préfèrent rejoindre le monde du travail tout en suivant des cours dans des écoles professionnelles.

Une filière pas toujours facile



Mais la situation n’est pas toujours facile. A Zurich, par exemple, il n’est pas rare de voir 40 demandes pour un seul poste d’apprentissage en informatique ou dans une branche commerciale.

Cette situation oblige bien des jeunes à se rabattre vers une solution transitoire avant de trouver une place d’apprentissage. Ils peuvent notamment suivre une dixième année d’école obligatoire ou des cours de langue.

Ceux qui ont le plus de peine à décrocher une place d’apprentissage sont les étrangers. Seuls 64% d’entre eux en trouvent une, bien qu’ils aient suivi toute leur scolarité en Suisse.

La situation n’est cependant pas partout saturée. Certains secteurs économiques, comme celui de la construction, ne trouvent pas toujours assez d’apprentis. Parfois, le travail ne correspond en effet pas aux attentes des jeunes.

Dans d’autres cas, ce sont avant tout des questions géographiques et pratiques qui posent problème. Pas facile, par exemple, de quitter la maison avec en poche seulement un salaire de quelques centaines de francs.

Un fonds pour soutenir la formation



Les promoteurs de l’initiative – des syndicats et des organisations de jeunesse – entendent améliorer cette situation. La principale proposition est la création d’un fonds pour la formation professionnelle, un instrument qui s’ajouterait aux structures d’étude.

Selon l’initiative, les patrons seraient tenus de verser des contributions au fonds. L’argent ainsi récolté serait redistribué aux entreprises qui offrent des places d’apprentissage.

L’idée est de favoriser l’insertion des jeunes sur le marché du travail. En effet, au cours des dernières années, le nombre des entreprises qui ont renoncé à offrir des places d’apprentissage pour des raisons de coûts a augmenté.

Or, avec le fonds proposé par les initiants, les entreprises qui s’investissent dans la formation se verraient récompensées.

En d’autres termes, l’initiative propose la création d’un système de «bonus-malus» dans ce domaine.

Outre un nombre de place suffisant, l’initiative vise également à améliorer et à garantir la qualité de la formation en attribuant un rôle de contrôle aux partenaires sociaux.

Les patrons seraient ainsi mieux contrôlés, afin que les jeunes ne soient pas réduits au seul statut de main-d’œuvre à bon marché. Pour y parvenir, la Confédération se verrait attribuer un rôle de coordination et de contrôle plus important.

La droite s’oppose au projet



Pour la majorité bourgeoise du Parlement et les patrons, l’initiative va cependant trop loin. Certes, ces milieux reconnaissent que certaines carences empêchent les jeunes d’avoir un droit à la formation.

Mais ils estiment que l’adaptation de la Loi sur la formation professionnelle peut améliorer les éventuelles failles du système.

La droite craint en fait que l’inscription d’un droit à la formation dans la Constitution n’oblige l’Etat à accroître encore ses compétences. Ainsi, la création d’un fonds nécessiterait davantage de bureaucratie.

Bien sûr, de tels modèles existent déjà dans quelques cantons, mais une application au niveau fédéral se révélerait trop complexe.

économiesuisse, la principale organisation économique du pays, soutient l’opposition des partis bourgeois. Elle ne veut pas d’un accroissement du rôle de l’Etat et, par conséquent, une perte d’autonomie pour les entreprises.

La droite étant majoritaire au Parlement, l’initiative a été refusée par les deux Chambres. Le Conseil fédéral propose également au peuple de refuser cet objet lors des votations du 18 mai.

swissinfo, Daniele Papacella
(traduction: Olivier Pauchard)

L’initiative a été déposée à la Chancellerie fédérale le 26 octobre 1999.
Elle a recueilli 113 032 signatures valables.
Environ 70% des jeunes en Suisse suivent une formation professionnelle.

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