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Quelle indépendance et quelle neutralité

Une partie de l'instruction de nos militaires pourrait se passer à l'etranger. Keystone

Outre la question de l'armement des soldats, la modification de la loi militaire comprend aussi un volet consacré à l'instruction. Le Conseil fédéral veut que l'armée suisse collabore davantage avec les armées étrangères. Mais l'ASIN n'est pas de cet avis.

La modification soumise au peuple permettrait l’instruction de troupes suisses à l’étranger et de troupes étrangères en Suisse. Des exercices communs sont également prévus.

Par ailleurs, le Conseil fédéral serait également autorisé à conclure des conventions internationales réglant les questions juridiques et administratives découlant de l’envoi de soldats suisses à l’étranger.

Pour le gouvernement, la coopération en matière d’instruction est très importante. Elle permettrait aux troupes suisses d’atteindre un niveau de formation moderne et efficace. D’autant plus que certains exercices avec des chars ou des avions à réaction sont de plus en plus difficiles à effectuer dans un pays aussi peuplé et urbanisé que la Suisse.

De plus, la formule aurait de plus l’avantage d’être plus économique qu’une formation autarcique.

Quoi qu’il en soit, l’Action pour une Suisse indépendante et neutre (ASIN), soutenue par l’Union démocratique du centre (UDC), ne veut pas entendre parler de modification législative en matière de coopération internationale.

L’ASIN rappelle que des conventions ont déjà été conclues pour permettre à l’armée suisse de s’exercer à l’étranger. C’est ainsi que des formations de chars ont notamment eu l’occasion de s’entraîner en Suède.

Or, si le Conseil fédéral veut une modification législative, c’est qu’il veut aller plus loin que la simple coopération technique. En fait, pour l’ASIN, le projet du gouvernement ne serait qu’un premier pas destiné à assurer l’interopérabilité de l’armée suisse avec les troupes de l’OTAN.

Selon l’Action pour une Suisse indépendante et neutre, cette interopérabilité se transformerait, à terme, en une adhésion pure et simple de la Confédération helvétique à l’OTAN. Et, par conséquent, elle entraînerait une violation de la traditionnelle neutralité du pays.

L’ASIN ne veut pas d’une telle «aberration». Pour elle, les soldats suisses n’ont rien à faire à l’étranger et il est hors de question que des troupes extérieures foulent le sol national.

Soutenu par une majorité du Parlement, le Conseil fédéral balaie ces critiques. Il souligne que les collaborations militaires sont devenues aussi usuelles que dans les domaines de l’industrie, de l’économie ou de la recherche.

Le gouvernement insiste sur le fait que la coopération en matière d’instruction n’implique aucune obligation, ni politique, ni militaire. Ainsi, la neutralité n’en sera en rien amoindrie. Mieux, l’indépendance militaire de la Suisse en ressortira renforcée, grâce à un bon niveau d’instruction.

Olivier Pauchard

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