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Réchauffement? Les scientifiques restent perplexes

Le réchauffement du climat fait le malheur des stations de ski de basse et moyenne altitude. Keystone

Depuis un siècle, le climat helvétique se réchauffe davantage que la moyenne mondiale.

Plusieurs thèses tentent de cerner l’origine du réchauffement du climat dont souffre la planète. Aucune d’entre elles ne fait pourtant l’unanimité.

Les flocons tombés au début du mois de décembre n’auront pas fait long feu. La désormais quasi-traditionnelle remontée des températures qui se produit à l’orée des fêtes de fin d’années aura, une nouvelle fois, froissé l’enthousiasme des fanatiques de la glisse.

Les cimes verdâtres du Jura et des Préalpes auront en outre ruiné le moral des exploitants des stations de basse et de moyenne montagne. Tout en ranimant les plus vives controverses sur l’origine du réchauffement de la planète.

La Suisse touchée au premier plan

Face aux bouleversements économiques et écologiques qu’implique le réchauffement de la Terre – comme la redéfinition des stations de basse et de moyenne montagne, disparitions de certaines îles en raison de la remontée des eaux, modification des reliefs côtiers, etc… – météorologues et climatologues restent partagés.

Une situation qui irrite d’autant plus la Suisse que le réchauffement qu’elle connaît depuis un siècle dépasse la moyenne mondiale.

La température y a en effet progressé de 1,5 degré celsius tandis que l’augmentation pour la totalité du globe est de 0,6 degré, affirme Martine Rebetez, chercheuse de l’Institut fédéral pour l’étude de la forêt, de la neige et du paysage.

Des faits qui incitent à pointer du doigt l’effet de serre, ou réchauffement de l’atmosphère provoqué par les rejets de gaz carbonique qui émanent de notre société industrielle.

L’effet de serre est-il vraiment seul responsable?

Pourtant, la communauté scientifique ne parvient pas encore à lui faire endosser l’entière responsabilité des modifications climatiques qui touchent la planète.

D’autres phénomènes participent activement au réchauffement du globe. Depuis une vingtaine d’années, les scientifiques ont acquis la conviction que les variations de l’activité du Soleil ont un impact sur l’évolution du climat.

L’observation systématique de notre étoile a révélé l’existence de cycles d’activité qui s’étalent sur une période de onze ans (lire: Les cycles solaires affectent le réchauffement).

Sur cette base, certains chercheurs considèrent que ces fluctuations solaires pourraient avoir des répercussions de l’ordre de plusieurs dixièmes de degrés sur la température.

D’autres scientifiques considèrent en outre que l’axe de rotation de la Terre autour du Soleil se modifie sensiblement sur une échelle de plusieurs centaines d’années. De tels mouvements, infimes à l’échelle de l’Univers, pourraient également participer au réchauffement du climat.

Le rôle des courants marins reste déterminant

L’influence des courants marins sur le climat fait, en revanche, l’unanimité. En temps normal, les eaux océaniques plongent en mer de Norvège. Elles envahissent alors l’ensemble des fonds marins avant de remonter à la surface des océans Indien et Pacifique (lire: Vers un rafraîchissement du climat européen?).

Ces courants marins exercent une influence sur la circulation des masses d’air. Dès lors, toute modification de leur parcours entraîne des conséquences directes sur le climat de la planète.

Ce phénomène pourrait même expliquer le déficit d’enneigement que connaît l’Europe au profit de l’Amérique du Nord.

Au vu de la masse des variables susceptibles d’affecter l’évolution du climat, personne n’est encore en mesure de formuler une explication irréfutable.

Le temps humain est un handicap

De plus, il reste difficile d’appréhender à l’échelle humaine des phénomènes climatiques qui se déroulent sur plusieurs centaines d’années.

D’autant plus que les relevés chiffrés à disposition de la communauté scientifique ne remontent qu’à quelques centaines d’années au plus. Une paille, par rapport au 4,5 milliards d’années de la Terre.

Avant de parler de bouleversement climatique terrestre, il faut savoir que le climat n’a pas attendu la révolution industrielle pour opérer des fluctuations importantes.

Le climat a toujours fluctué

L’apparition de fraises à Liège lors du Noël de 1116 ou la culture de figuiers à Cologne vers 1200 en sont des illustrations tout à fait exceptionnelles.

Historiens et météorologues sont toutefois parvenus à déterminer trois grands épisodes climatiques sur le dernier millénaire.

De 900 à 1300, une période chaude a notamment permis à une colonie Viking de s’installer au Sud du Groenland et d’y prospérer, en élevant du bétail notamment.

Le climat s’est ensuite progressivement refroidi pour laisser place au «petit âge glaciaire» qui a duré de 1550 à 1850 environ. Durant cette période, les glaciers alpins ont avancé de 1000 mètres avant de céder progressivement du terrain, au fil du réchauffement constaté durant le XXe siècle et qui se poursuit aujourd’hui.

Une nécessité: prendre du recul



Dès lors, même si la récente accélération d’accidents climatiques reste déroutante à plus d’un titre, elle reste difficilement explicable, du moins scientifiquement. Les rejets de gaz carbonique dans l’atmosphère font certainement partie de l’explication.

Mais à l’heure où l’effet de serre reste dans toutes les conversations, il serait dommage de négliger le rôle des cycles climatiques qui découlent soit du fonctionnement de la planète ou de l’évolution de son environnement stellaire.

swissinfo/Jean-Didier Revoin

Depuis 100 ans, la Suisse s’est réchauffée de 1,5 degré en moyenne.
Pour la même période, la température du globe a progressé de 0,6 degré.

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