Revue «Film»: the final cut
«Film», le magazine suisse du cinéma, lancé en 1999 en deux versions (romande et alémanique), vient de mourir. Son endettement a entraîné la suppression de la subvention fédérale qui le portait.
L'annonce de la suppression des subsides (155 000.- par semestre, répartis entre les deux rédactions) octroyés par l'Office fédéral de la culture, a été annoncé vendredi dernier au Conseil de Fondation. Fondation qui gérait les deux titres, créés il y a deux ans et destinés au grand public, ainsi que le plus ancien «Ciné-Bulletin», l'organe des professionnels du cinéma en Suisse.
Comment en est-on arrivé là? Par le biais d'une situation financière catastrophique. «Il y a eu un endettement beaucoup trop grand», admet Françoise Dériaz, rédactrice en chef de feu «Film» francophone et de «Ciné-Bulletin».
«En Suisse alémanique, on en était au troisième rédacteur en chef, ce qui est significatif des frictions et des problèmes qu'ils ont connus. En Suisse romande, on a grosso modo tenu le budget, à part la première année, où je manquais un peu d'expérience, mais ce n'est pas ça qui a créé les gros problèmes».
Alors, quels étaient-ils, les problèmes romands? «Nous avons eu de bons résultats, malgré le fait que nous avions un prix que j'estimais prohibitif: le journal était vendu 8 francs, alors que le magazine français «Première», par exemple, coûte 5 francs. Ce ne sont pas des prix qui correspondent au marché romand, donc cela nous a freinés.»
«Et puis l'année dernière, le directeur des publications est parti, ainsi que le responsable du marketing. Le conseil de Fondation s'est alors aperçu qu'il avait, disons... un peu beaucoup dépensé», constate Françoise Dériaz, dont les mots ne semblent traduire que modérément le fond de la pensée.
Nouveau départ
Les tirages de «Film», version romande, étaient relativement modestes: 5 à 7000 exemplaires, avec un fichier de 1700 abonnés environ. Malgré cela, la disparition de ce titre crée un vide. Car il n'existe aucune autre revue spécialisée dans le 7e Art qui décortique à la fois la production nationale et les films étrangers, selon le calendrier de leur sortie helvétique.
Françoise Dériaz s'apprête-t-elle à lutter pour proposer un successeur à «Film»? «On ne fait que ça. Le but étant de reparaître au 1er novembre, avec un nouveau titre, un nouveau lay-out, mais la même équipe, le même comité de rédaction. Je déposerai la semaine prochaine une demande de soutien à l'Office fédéral de la culture». Un nouveau départ qui devrait se faire, sur un plan rédactionnel, totalement indépendamment de la Suisse alémanique.
Et le titre? «'Film' était un compromis, pour pouvoir toucher à la fois les publics francophone et germanophone. Mais il était un peu sec, un peu brut. Là, on a deux trois idées, mais pas encore convaincantes. Si vous en avez une, c'est volontiers!» s'exclame Françoise Dériaz. Le concours est donc lancé...
Bernard Léchot

En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative
Joignez-vous à la discussion