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Roche lâche du lest

Roche réduit le prix de ses médicaments luttant contre le sida. Keystone Archive

Le groupe pharmaceutique suisse annonce une réduction de prix comprise entre 48% et 85% pour deux médicaments utilisés dans la lutte anti-sida.

Il cède ainsi aux pressions des partisans d’une démocratisation des traitements contre la pandémie.

Les baisses de prix annoncées par Roche concernent l’Invirase et Viracept, deux inhibiteurs de protéases essentiels à la lutte contre le sida.

Ils représentent actuellement l’un des rouages incontournables des trithérapies, qui, à défaut de pouvoir éradiquer le virus VIH, permettent aux séropositifs de mieux vivre leur maladie.

Le Viracept – encore connu sous la dénomination de Nelfinavir – intéresse tout particulièrement les ONG actives sur le terrain.

«Ce médicament n’a pas encore de pendant générique fiable précise Elisabeth Le Saout, coordinatrice de la campagne d’accès aux médicaments essentiels pour Médecins sans frontières suisse (MSF).

«Par ailleurs, il ne nécessite pas de conservation réfrigérée et peut donc être facilement utilisé dans les pays les plus pauvres et notamment les pays tropicaux», poursuit Elisabeth Le Saout.

En Suisse, ce médicament est vendu au prix de 551 francs la boîte de 270 comprimés.

62 pays concernés

Il coûtera désormais 300 francs la boîte dans les pays classés à faible revenu et 90 francs dans tous les pays d’Afrique subsaharienne, comme dans les pays les moins développés.

«Cette baisse de prix est une bonne chose, se félicite Elisabeth Le Saout. Jusqu’à présent, dans la plupart des pays concernés, ce médicament coûtait plus cher qu’en Suisse.»

Et de poursuivre, «le prix annoncé par Roche ne comprend toutefois pas les coûts additionnels pour les envois, les taxes et la distribution. Ce qui peut contribuer à majorer les tarifs d’environ 20%.»

Un alignement sur ses concurrents

L’objectif de Roche est clair. Il l’a précisé dans un communiqué. Il s’agit de faciliter l’accès à ces médicaments aux pays les plus durement touchés par le sida. Au total, 62 pays sont concernés par cette révision à la baisse des prix de ces médicaments

Cela dit, lance Elisabeth Le Saout, «Roche ne fait que s’aligner sur ses concurrents».

En effet, en 2000 déjà, cinq principaux laboratoires pharmaceutiques, dont Roche, s’étaient engagés à revoir le prix de leur médicament pour les pays en voie de développement.

Depuis, les quatre autres signataires de l’initiative «Accélérer l’accès» avaient diminué leurs tarifs de 85% à 98% alors que Roche s’était contenté d’une baisse de 50% sur certains médicaments.

Le poids des critiques

Le groupe pharmaceutique suisse n’avait d’ailleurs pas manqué d’essuyer des critiques pour sa politique de prix dans les pays les plus pauvres.

Depuis plus d’un an, Médecins sans frontières (MSF) – mais aussi la communauté des médecins suisses en maladie incestueuse – faisaient pression sur le groupe bâlois pour qu’il respecte ses engagements.

«Roche n’est pas encore la compagnie qui pratique les prix les plus avantageux dans la catégorie des inhibiteurs de protéase. Nous pouvons donc espérer une nouvelle correction des prix», insiste Elisabeth Le Saout qui ne cache pas, malgré tout, sa satisfaction.

«Ce réajustement permettra déjà de traiter 3 fois plus de malades dans les pays les plus démunis», précise la représentante de MSF.

La fin des brevets

Le géant pharmaceutique bâlois s’est par ailleurs engagé à ne pas entamer de poursuites pour les violations des brevets de ses médicaments contre le sida dans les 62 pays concernés.

En avril 2001, l’Afrique du Sud avait déjà ouvert une brèche dans le monopole des compagnies pharmaceutiques.

Trente-neuf d’entre elles, dont Roche, avaient mis fin à une action en justice qui bloquait l’application d’une loi favorisant la fabrication et l’importation de médicaments génériques bon marché dans le pays.

swissinfo, Vanda Janka

– Selon les statistiques Onusida, cinq millions de personnes ont contracté le VIH en 2002, autant qu’en 2001.

– Cela représente 14’000 nouveaux cas par jour.

– Le nombre de décès est passé de 3 millions à 3,1 millions.

– Les décès dus au sida continueront d’augmenter jusqu’à la fin de la décennie.

– Les projections concernant une centaine d’Etats à faible ou moyen revenus font redouter 45 millions de nouvelles contaminations d’ici à 2010, dont plus de 40 % en Asie et dans le Pacifique.

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