Des perspectives suisses en 10 langues

800’000 adultes ont beaucoup de peine à lire

Une personne éprouvant des difficultés à lire en rencontre aussi à s'intégrer. Keystone

En Suisse, un adulte sur six rencontre de gros problèmes de lecture et un sur douze des difficultés à converser dans la langue locale, constate l'Office fédéral de la statistique.

L’office observe aussi que les nouveaux immigrants, mieux formés que les arrivants précédents, ne se distinguent pas des Suisses.

Ils sont 800’000 ou 16% des 16 à 65 ans à ne pouvoir lire et comprendre un texte simple. Et environ 400’000 (8%) à ne pouvoir converser dans la langue du lieu où ils vivent.

En clair, une part importante de la population résidante en Suisse présente de sévères lacunes dans les compétences de base, constate mardi l’Office fédéral de la statistique (OFS).

Selon l’office, les déterminants sont nombreux pour expliquer cette situation – niveau de formation, âge, sexe, naissance ou non en Suisse, niveau de formation des parents, etc.

Ces constats sont tirés d’une nouvelle publication de l’OFS, qui vient nuancer et préciser les résultats publiées en 2005 dans le rapport international de l’enquête «Adult Literacy and Lifeskills Survey» (ALL ).

Selon la même publication, à niveau de formation égal, les résultats des femmes sont inférieurs à ceux des hommes en calcul. Mais ils ne s’en distinguent quasiment pas en compréhension de texte.

Une formation moins développée et une moindre valorisation professionnelle peuvent expliquer cette situation, estime l’office.

Mieux en Suisse alémanique

Dans les années 90, une autre enquête (IALS) avait mesuré, en Suisse et dans une vingtaine d’autres pays, les compétences en compréhension de texte de la population adulte.

Constat: les moyennes des performances des pays qui ont participé aux deux enquêtes n’ont pratiquement pas changé. L’OFS relève même une évolution «modeste et différenciée» dans la bonne direction.

Les résultats de la Suisse alémanique se sont un peu améliorés et l’office note presque partout une diminution de la proportion des très mauvaises performances – associées à l’illettrisme.

En comparant les deux études, les chercheurs estiment que le fait d’être né à une époque éloignée, où l’éducation était moins développée, est la première explication des problèmes de lecture.

Anciens et nouveaux immigrés

Sur les plans de la culture locale, de la langue régionale et du capital social, les immigrés, anciens comme nouveaux, sont généralement en position d’infériorité, constate l’OFS.

En Suisse, 26% de la population adulte est constituée d’immigrés. Et selon l’OFS, les nouveaux immigrés – arrivés ces cinq dernières années – sont plutôt très qualifiés, contrairement aux anciens arrivants qui ne disposent souvent que d’une formation rudimentaire.

Cette condition d’ancien immigré est d’ailleurs le facteur prépondérant dans la faiblesse de lecture en Suisse romande et en Suisse italienne.

En Suisse alémanique, la situation est différente. Et c’est la méconnaissance de la langue locale (les dialectes suisses alémaniques) qui explique les difficultés de lecture.

Partout en Suisse par contre, les nouveaux immigrés enregistrent des performances nettement supérieures aux anciens. Mieux: ils ne se distinguent pas des adultes nés en Suisse lorsqu’ils en partagent la langue.

Ces immigrés récents ont également l’avantage de pouvoir converser dans une plus grande variété d’idiomes que les natifs.

Plus de livres et d’électronique

L’OFS constate en outre l’importance des compétences de base dans la vie quotidienne. Tendanciellement, elles permettent d’occuper des emplois mieux rémunérés et moins exposés, en terme de précarité comme de dangerosité.

Les gens dotés de bonnes compétences de base lisent plus de livres, s’investissent plus souvent dans des activités communautaires et d’utilité publique.

Sans surprise, ces personnes utilisent plus fréquemment et mieux les ordinateurs et autres moyens modernes de communication – téléphones portables, Bancomat, calculettes, etc. En général aussi, elles s’estiment en meilleure santé.

swissinfo et les agences

– L’enquête ALL (Adult Literary and Lifeskills Survey) est le résultat d’une collaboration intensive entre plusieurs Etats et institutions.

– En dehors de la Suisse, elle a eu lieu en 2003 en Norvège, en Italie, aux USA, au Canada, aux Bermudes et, partiellement, dans l’état mexicain du Nuevo León. Elle se déroule en 2006 aux Pays-Bas, en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Corée du sud et en Hongrie.

– En Suisse, l’enquête ALL a été menée par l’Office fédéral de la statistique (OFS). Elle mesure les compétences de base des adultes dans plusieurs domaines:

– La littératie (compétence de lecture) de textes suivis et la littératie de textes schématiques, qui sont deux compétences de compréhension de texte.

– Les mathématiques du quotidien ou la capacité à se confronter aux chiffres, proportions, grandeurs.

– La capacité enfin à appréhender les problèmes, à les comprendre et les résoudre.

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision