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Les Suisses meilleurs en chiffres qu’en lettres

En Suisse, les adultes sont très bons en calcul, bons en résolution de problèmes et moyens en lecture, révèle une enquête internationale.

Baptisée ALL («Adult Literacy and Lifeskills»), cette etude a été menée, outre la Suisse, en Norvège, en Italie, au Canada, aux Etats-Unis, aux Bermudes et dans l’Etat mexicain de Nuevo Léon.

ALL est le pendant pour adultes de l’étude PISA, qui évalue les compétences de base des jeunes de 15 ans. Mercredi à Berne, l’Office fédéral de la statistique (OFS) en a dévoilé les premiers résultats, en attendant le rapport détaillé qui doit paraître à l’automne.

Les Helvètes de 16 à 65 ans obtiennent les meilleures notes en calcul et la deuxième place en résolution de problèmes. La Suisse suit la Norvège, qui arrive en tête partout sauf en calcul.

Dans les deux épreuves de compréhension de textes en revanche, la Suisse est également devancée par le Canada et par les Bermudes. Les Etats-Unis sont toujours derrière la Suisse, même s’ils la suivent parfois de près. L’Italie arrive en queue de peloton partout.

Les hommes et les Alémaniques en tête


Pour la Suisse, ces résultats confirment ceux d’autres études, sauf sur un point. A la différence des jeunes filles (meilleures en lecture selon PISA), les femmes sont moins performantes que les hommes dans tous les domaines. Et ceci ne se retrouve qu’en Suisse et en Italie.

De quoi laisser perplexe Phillipe Hertig, de la section formation, science et technologie de l’OFS. «Nous n’avons pas d’explication, avoue-t-il à swissinfo. Peut-être est-ce parce que les femmes sont moins engagées dans la vie professionnelle…»

Globalement, 16% des Suisses obtiennent des résultats insuffisants en compréhension de textes, 14% en compréhension de schémas et 9% en calcul.

Mais la Suisse alémanique se montre meilleure que les autres régions dans ces trois domaines. La Romandie la devance légèrement en résolution de problèmes tandis que le Tessin ferme la marche en lecture.

Les plus âgés sont les moins formés


D’une manière générale, la part des personnes ne remplissant pas les exigences que l’on suppose minimales pour participer à la société moderne est importante. Et elle augmente dans tous les pays avec l’âge.

En Suisse par exemple, les performances sont très insuffisantes pour 9% des 16-25 ans, 12% des 26-45 ans et 21% des 46-65 ans. «Les aînés ont généralement bénéficié d’une moins bonne formation, mais ceci n’explique pas tout», note Philipp Notter, de l’Université de Zurich, qui a participé à l’étude.

Retard à rattraper


Egalement présents à Berne pour la publication de ALL, patronat et syndicats estiment que la Suisse doit rattraper son retard, même s’ils divergent complètement sur les moyens d’y parvenir.

«Si l’on n’atteint que la moyenne en résolution de problèmes, comment veut-on se trouver à la pointe en économie?», demande Peter Hasler, directeur de l’Union patronale suisse (UPS).

L’UPS plaide pour un maintien du niveau des exigences et une coordination nationale du contrôle des performances. Pour les patrons, il faut aussi ouvrir à tous les âges les offres de formation continue et encourager la formation d’une élite qui créera de la richesse.

«La sélection trop précoce et trop stricte dans le système éducatif a des effets nuisibles», rétorque Peter Sigerist, secrétaire central chargé de l’éducation à l’Union syndicale suisse (USS). Selon lui, les dépenses publiques pour la formation doivent échapper aux mesures d’austérité.

Syndicalistes et employeurs se retrouvent malgré tout sur un point: la Suisse doit assurer les mêmes chances aux deux sexes. Pour Peter Hasler, il faut encourager les femmes à s’investir davantage dans le monde du travail, ce qui passe notamment par la résolution de leur problèmes de garde d’enfants.

swissinfo et les agences

En Suisse, les résultats de l’étude ALL reposent sur 5210 entretiens réalisés en 2003 avec des adultes de 16 à 65 ans.
Après les six pays dont les résultats viennent d’être publiés, cinq autres vont se lancer dans ALL, soit la Hongrie, les Pays-Bas, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et la Corée du Sud.

– L’étude «Adult Literacy and Lifeskills» (ALL) analyse les compétences des adultes dans quatre domaines: la lecture de textes solidement structurés, la lecture de textes schématiques, le calcul et la résolution de problèmes.

– Cette enquête s’inscrit dans la continuité de l’«International Adult Literacy Survey» (IALS), menée dans les années nonante sur la lecture uniquement.

– Par rapport aux résultats de l’IALS, ALL montre que de grands progrès ont été accomplis en Norvège et en Suisse. «Ceci montre qu’une politique de l’éducation bien pensée influence positivement le niveau des compétences», note sur son site internet l’Office candien de la statistique, qui a joué un rôle moteur dans ALL.

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