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Gen Suisse s’oppose au moratoire sur les OGM

Le patron du Jardin botanique de Berne Klaus Ammann (à d.) et le député lucernois Josef Leu voteront "non" le 27 novembre. Keystone

La «Fondation suisse pour un génie génétique responsable» refuse le moratoire de cinq ans sur les OGM dans l'agriculture soumis au vote le 27 novembre.

Gen Suisse estime que l’initiative «pour des aliments produits sans manipulations génétiques» affaiblirait la recherche et l’enseignement.

La Fondation Gen Suisse n’y va pas par quatre chemins et assimile l’initiative populaire soumise à votation à fin novembre à un «cheval de Troie».

Plus de huit millions d’agriculteurs de 17 pays ont cultivé ces dernières années des plantes génétiquement modifiées ces dernières années, rappelle mardi le conseiller national (député) démocrate-chrétien (PDC / centre) Josef Leu.

Sous le prétexte de donner du temps à la recherche, le moratoire étoufferait dans l’oeuf le recours à la biotechnologie végétale et paralyserait la technologie dans son ensemble, estime le Lucernois, lui-même agriculteur et ingénieur.

La Suisse ne peut se permettre une politique de l’autruche, avertit de son côté Ernst Hafen, qui présidera l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ) dès décembre.

Dix chercheurs dans le «top-50» de la biotechnologie en Europe sont suisses: il faut éviter de les bloquer dans leurs projets ou de les voir partir à l’étranger, lance le chercheur.

Pour le relève scientifique

Ernst Hafen souligne aussi la nécessité d’assurer la relève scientifique. Un climat incertain, voire «empoisonné» rend dubitatifs les jeunes qui veulent se lancer dans ce domaine, selon lui.

Pour Ernst Hafen toujours, les protestations systématiques des milieux hostiles au génie génétique, rendent déjà difficile les petites disséminations (comme les recherches menées à L’EPFZ) présentant pourtant toutes les garanties de sécurité.

Et le chercheur d’appeler la population à faire confiance à l’efficacité des dispositions contraignantes du cadre législatif. Dans la pratique, un moratoire est d’ailleurs déjà quasiment en place en Suisse selon lui, d’où l’inutilité de l’initiative du 27 novembre.

Les initiants de cette dernière en prennent d’ailleurs pour leur grade avec le professeur Klaus Amman, écologiste et directeur du Jardin botanique de l’Université de Berne.

Selon lui, certains d’entre eux sont de réels fondamentalistes qui veulent tuer le génie génétique et répandent des contrevérités irrationnelles.

Pour contrer leurs arguments fondés sur la crainte, les chercheurs ont besoin de plus de temps parce qu’ils recourent à des réponses scientifiques. Le combat ne se fait pas toujours à armes égales, estime Klaus Amman.

Une vision «romantique»

Le même professeur met en pièce la vision «romantique» du paysan africain qui pourrait cultiver «bio», vision qu’il estime tout simplement naïve.

Les pays en développement recourent déjà dans la mesure du possible à des techniques modernes, mais ils n’en ont pas les moyens.

Il appartient donc selon lui aux Etats avancés dans la biotechnologie, comme la Suisse, d’assumer leur responsabilité et conserver leur place de pointe par loyauté envers ces pays.

Pour ce qui est des paysans suisses, les plantes transgéniques autorisées sur le marché ne sont pas une option réellement utile actuellement, estime encore le scientifique.

Mais la recherche se développe à un rythme fulgurant. «Je suis persuadé que dans un avenir prévisible, nous aurons des pommes de terre résistantes au mildiou», assure Klaus Amman.

swissinfo et les agences

– La Fondation Gen Suisse a été créée en 1991 dans le but de promouvoir le dialogue entre la science et l’opinion publique sur le thème des technologies génétiques.

– Son activité est financée par Interpharma, l’association des entreprises pharmaceutiques suisses, dont sont membres Roche et Novartis notamment.

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