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Succès pour un essai de blé transgénique

Mars 2004, au moment du lancement de l'essai en pleine terre. Keystone

Un essai controversé de blé transgénique en pleine terre a donné des résultats fructueux, indique l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ).

Mais la longue bataille légale et les besoins de sécurité accrus pour protéger le site des opposants a fait exploser le budget de la recherche.

Grâce à cette expérience menée entre mars et juillet 2004, les chercheurs de l’EPFZ ont pour la première fois au monde pu démontrer en plein champ que le blé génétiquement modifié (plus précisément doté du gène KP4) résistait mieux à la carie du blé (un champignon) que sa version traditionnelle.

Les blés modifiés ont présenté une résistance au champignon jusqu’à 10% supérieure. Les expériences en serre avaient déjà prouvé cet effet, mais il manquait des références en plein champ.

Des mesures de la dissémination des pollens et l’analyse des sols ont aussi démontré que le blé transgénique ne présente pas de risque accru pour l’humain ou l’environnement, indique à swissinfo le responsable de la recherche.

Selon Christof Sautter, il est essentiel que de tels tests puissent être menés à ciel ouvert. Le chercheur se dit convaincu que d’autres projets de recherche seront réalisés en Suisse à l’avenir.

«Il est possible de simuler la température, l’humidité et les conditions de lumière sous serre, explique-t-il, mais pas les interactions complexes avec les autres organismes et le sol. Il n’y a pas d’alternative.»

Christof Sautter poursuit: «Tôt ou tard, de nouvelles demandes pour des essais en pleine terre seront déposées en Suisse. Mais personne ne sait quand. Je n’en serai pas l’auteur, c’est sûr. Je ne revivrai pas une expérience comme celle-ci. Trop stressant!»

Un front d’opposition

Dès le début, l’essai en question a suscité de fortes réactions. Greenpeace notamment s’y est opposée sur le terrain comme au travers des tribunaux. L’organisation environnementale voyait dans cette recherche un précédent dangereux.

«Selon le Dr Sautter, d’autres essais suivront probablement celui-ci, lance aujourd’hui le porte-parole de Greenpeace. Mais de notre côté, nous continuerons à nous opposer à ces dangereuses expérimentations.»

Et Yves Zenger de poursuivre: «Nous sommes très déçus que notre opposition n’ait pas été prise au sérieux. Personne ne sait en effet comment les OGM affecteront l’environnement à long terme».

Sur les lieux de l’essai – Lindau-Eschikon (canton de Zurich) – les craintes des résidents sur de possibles effets sur l’agriculture locale ne sont pas enterrées, loin de là.

«Nos agriculteurs sont en danger, lance Kurt Schweizer, du groupement «Lindau contre le blé transgénique». La seule rumeur d’une contamination les empêcherait ensuite de vendre leurs produits».

Une valeur scientifique

Vice-directeur de recherche à l’EPFZ, Ulrich Suter indique pour sa part que le budget consacré à l’essai en question est passé de 350’000 à 950’000 francs en raison des frais légaux, des retards et des coûts liés à la sécurisation des lieux (patrouilles, etc).

Par contre, ledit professeur conteste l’idée que l’EPFZ aurait ignoré les protestations. Toutes les informations utiles ont été fournies, assure Ulrich Suter.

«Nous étions tout à fait conscients de l’opposition rencontrée, explique-il. Mais les chercheurs ont prouvé que l’essai avait une haute valeur scientifique, en respect de la loi et sur la base de toutes les autorisations gouvernementales nécessaires.»

«Une opposition politique n’est pas une raison suffisante pour stopper un essai important», explique aussi Ulrich Suter.

Christof Sautter confie de son côté ne pas bien comprendre les opposants au génie génétique.

«J’apprécierais des plantes qui demandent moins de produits chimiques. Du point de vue scientifique, cette opposition à la technologie génétique n’est pas nécessaire.»

swissinfo, Matthew Allen et les agences

L’essai de blé transgénique en pleine terre a été mené par l’EPFZ entre le 18 mars et le 14 juillet 2004.
Il a permis de mesurer la résistance du blé génétiquement modifié à un champignon, la carie du blé.
Pas moins de 16 tests de sécurité ont été nécessaires pour que l’essai en question réponde aux exigences de «Genlex», la loi suisse sur le génie génétique.

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