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La peur du chômage fait capoter les 36 heures

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Trois Suisses sur quatre ont refusé l'idée de baisser la durée du travail. L'argument de la perte de compétitivité des opposants a fait mouche.

Le résultat du vote n’est vraiment pas une surprise. En effet, c’est la 4e fois depuis les années cinquante que les Suisses refusent l’idée d’une baisse de la durée du travail imposée par l’Etat.

Ce qui peut en revanche être surprenant, c’est l’ampleur du refus. Mais à y regarder de plus près, le contexte économique défavorable n’est peut-être pas étranger à ce score.

Climat économique déterminant

Les initiants considéraient que la baisse de la durée de travail permettrait de lutter contre le chômage. En effet, selon eux, si l’on travaille moins longtemps, il faut davantage de gens pour fournir la même quantité de travail.

Mais les citoyens semblent croire que le résultat serait exactement inverse. L’analyse des résultats montre en effet que le refus est particulièrement important durant les périodes économiques difficiles.

Tout comme aujourd’hui, environ trois quarts de votants (78%) avaient déjà refusé de diminuer la durée du travail en 1976. La Suisse, comme le reste du monde, subissait alors de plein fouet les conséquences du premier choc pétrolier.

En revanche, le refus avait été nettement moins prononcé lors de deux autres consultations sur le même thème. La proportion des opposants était de 65% en 1958 et de 65,7% en 1988. Or, à ces époques-là, la Suisse se trouvait dans une période de vaches grasses.

Spectre du chômage

Lors de chacune de ces consultations, les opposants ont tenu à peu près le même discours. Pour eux, abaisser la durée du temps de travail, surtout sans baisser les salaires, est un non-sens économique.

En agissant de la sorte, la Suisse perdrait de sa compétitivité par rapport aux autres pays. Avec, bien sûr, à la clef, une dégradation des conditions économiques est une augmentation du chômage.

Cette argumentation semble avoir fait mouche auprès des votants. Encore traumatisés par la crise des années 90, les citoyens sont plus enclins à écouter les messages alarmistes de la droite que de croire aux solutions de la gauche.

Au vu des résultats, cette dernière serait donc bien inspirée d’attendre des périodes de pleine croissance pour convaincre du bien-fondé d’une baisse de la durée du travail.

Olivier Pauchard, Palais fédéral

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