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La Suisse a mal à son innovation

En trois ans, la Suisse est passée du 3e au 10e rang mondial dans le domaine du dépôt de brevets. Keystone Archive

Avenir Suisse veut stimuler l'innovation et la productivité. Car, dans ce domaine, la Suisse se trouve à la traîne au niveau international.

Ses connaissances scientifiques débouchent trop rarement sur des applications pratiques dans le secteur de l’économie.

Le transfert du savoir et de la technologie des hautes écoles vers l’économie ne donne pas les résultats escomptés. Et c’est une situation très dommageable pour la Suisse.

«Si nous ne promouvons pas l’innovation aujourd’hui, avertit la députée libérale Barbara Polla, notre économie s’effondrera demain.»

«La Suisse a besoin de retrouver un élan, ajoute Beth Krasna, patron d’une société en informatique de Lausanne.

Mieux dans de nombreux autres pays

Depuis 1995, en matière d’innovation, ce sont les Etats-Unis et les pays nordiques qui sont les ‘leaders’.

Certes, dans ce domaine, la Suisse s’en tire toujours mieux que bien d’autres pays européens. Mais Les chiffres montrent que la tendance est à la baisse.

A titre d’exemple, prenons le nombre de brevets déposés. En 1997, la Suisse était encore au 2e rang mondial. Trois ans plus trad, elle est passé au 10e rang.

En matière de transfert de connaissances du domaine scientifique à l’économie, la Suisse a, là aussi, chuté du 6e au 10e rang. L’indicateur de l’IMD (la très réputée école de gestion de Lausanne) confirme cette régression.

Avenir Suisse met encore le doigt sur un autre problème. En Suisse, souligne la fondation, les investisseurs ne montrent pas beaucoup d’enthousiasme pour placer leur argent dans des entreprises innovantes (start-up).

A titre de comparaison, ce type d’investissement est dix fois plus important en Suède ou dans la région de Boston qu’en Suisse.

Un catalogue de mesures

Dans son étude intitulée «Innover pour prospérer», Avenir Suisse ne fait pas que mettre les problèmes en lumière. Elle tente également d’y apporter des solutions.

Des solutions d’autant plus faciles à trouver que la Suisse dispose de bonnes conditions de base.

«Nous avons encore un excellent secteur scientifique, estime Wolf Zinkl, co-auteur de l’étude. Nous système économique est lui aussi excellent. Mais je pense qu’il devrait y avoir davantage d’interaction entre eux.»

Des choix stratégiques

La fondation formule donc un certain nombre de propositions pour éliminer les obstacles, notamment au niveau de l’enseignement supérieur.

D’abord, dit Avenir Suisse, les hautes écoles doivent se concentrer sur leurs atouts. Elles doivent opter pour quelques disciplines sur lesquelles elles mettront l’accent.

Le succès du marché de l’innovation implique aussi la mise en place d’équipes dirigeantes engagées au sein des hautes écoles et capables d’imposer des choix stratégiques.

Des équipes qui doivent, en outre, faciliter l’accès au savoir en faveur des sociétés.

Par ailleurs, Avenir Suisse suggère aux politiciens d’offrir une plus grande marge de manœuvre aux hautes écoles. Elle leur demande de formuler des mandats de prestation et de renoncer à exercer une influence directe.

Finalement, la fondation estime que le lancement d’une initiative stratégique nationale pour l’innovation est indispensable.

Aussi changer l’état d’esprit

Mais, pour pouvoir vraiment remonter la pente, la Suisse doit, avant tout, changer d’état d’esprit.

C’est en tout cas l’avis de Dominik Escher, patron d’une entreprise innovante dans le domaine des médicaments et issue de l’Institut de biologie moléculaire de l’université de Zurich.

«Aux Etats-Unis, si vous lancez votre propre entreprise et que vous faites faillite, explique-t-il, on considère que c’est une chance de faire mieux la fois suivante.»

«Mais, en Suisse, note Dominik Escher, si vous faites faillite vous aurez de sérieux problèmes pour monter une nouvelle affaire. J’espère bien que cette mentalité changera.»

swissinfo et les agences

– Avenir Suisse est un «think tank» (laboratoire d’idées) entré en activité au début 2001.

– La fondation a été créée en 2000 par quatorze grandes sociétés suisses (banques, assurances, entreprises).

– Doté d’un capital de départ de 55 millions de francs, Avenir Suisse a pour but d’apporter des idées pour améliorer la situation économique et sociale du pays.

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