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Le spleen touche toujours plus d’ados

Mal dans leur peau, bon nombre d'adolescents se tournent vers le tabac et l'alcool. swissinfo C Helmle

30% des jeunes de 16 à 20 ans ont des difficultés affectives et relationnelles. Et, chez eux, la consommation d'alcool et de drogue augmente.

Mais, selon les résultats d’une étude présentée mercredi, la majorité s’estime en bonne santé.

Par rapport à 1993, la situation s’est dégradée dans le domaine de la santé mentale et des conduites menant à la dépendance, selon l’enquête réalisée en 2002 auprès de plus de 7400 adolescents.

Si une grande majorité des adolescents interrogés se sent en bonne santé, environ 5% d’entre eux pensent que leur santé est médiocre, voire franchement mauvaise.

Quelque 35% des filles et 20% des garçons se sentent par moment suffisamment déprimés pour avoir besoin d’un soutien.

Bon nombre d’adolescents n’apprécient pas leur image corporelle. Surtout les filles. 40% d’entre elles se disent insatisfaites de leur corps. Et elles sont 70% à vouloir perdre du poids. La publicité et le culte de l’image n’y sont sans doute pas étrangers.

Alcool et tabac

Conséquence probable de ce malaise, les adolescents sont toujours plus nombreux à se tourner vers l’alcool et le tabac.

Un jeune sur trois se considère comme un fumeur régulier. Quant à la consommation d’alcool, elle augmente, surtout parmi les filles.

«C’est ce qui nous a le plus frappé dans ce domaine», souligne Pierre-André Michaud, professeur à l’Institut universitaire de médecine sociale et préventive de Lausanne (IUMSP). Il attribue cette tendance principalement à la mode des alcopops.

Les états d’ivresse sont en hausse chez les deux sexes: au cours des 30 jours précédant l’enquête, 60% des garçons et 40% des filles ont été ivres au moins une fois.

L’étude confirme aussi l’augmentation de la consommation de cannabis – de plus en plus précoce – et de drogues telles que le LSD, l’ecstasy ou la cocaïne.

Violence et suicide

En revanche, la violence commise et subie par les jeunes n’a pas augmenté ces dix dernières années. Mais sa fréquence reste élevée. 18% des filles et 25% des garçons ont été victimes de vol, de violence physique ou de racket durant l’année précédant l’enquête.

Le nombre de tentatives de suicide est qualifié de considérable: environ 8% des filles et 3% des garçons rapportent au moins une tentative au cours de leur vie.

Pour les questions qui les préoccupent dans les domaines de la santé, de la formation et des problèmes psychologiques, les jeunes s’adressent en premier lieu à leur famille et à leurs amis. Ils se sentent en général compris et ont confiance en leurs parents.

Facteurs sociaux

Ce sont surtout des facteurs de nature sociale qui expliquent les difficultés des jeunes, concluent les chercheurs. Par exemple: le manque de liens affectifs avec des adultes responsables ou l’absence de règles cohérentes dans certains domaines.

«La compétition occupe une place toujours plus importante dans notre quotidien, explique Pierre-André Michaud à swissinfo. L’avenir professionnel est incertain. Et, pour beaucoup d’adolescents, cela semble impossible à surmonter.»

L’enquête portait uniquement sur des jeunes insérés dans le système de formation (école ou apprentissage), et non sur les 20% qui travaillent déjà ou sont sans emploi. Or, les problèmes de santé sont nettement plus important dans cette catégorie, relève le professeur.

Les chercheurs souhaitent que les résultats de l’étude débouchent sur des actions concrètes. C’est pourquoi un programme de diffusion et de valorisation est mis sur pied, basé notamment sur la sensibilisation.

swissinfo et les agences

5% des jeunes pensent que leur santé est médiocre.
30% ont des difficultés affectives et relationnelles.
70% des filles veulent perdre du poids.
60% des garçons et 40% des filles ont été ivres au moins une fois, au cours des 30 jours précédant l’enquête.

– 7400 adolescents ont participé à l’enquête. Les questions portaient sur leur perception de leur état de santé, leur style de vie ou leurs besoins.

– L’enquête a été menée par l’Institut de médecine sociale et préventive de Lausanne, l’Institut de psychologie de l’Université de Berne et l’Office de promotion de la santé du canton du Tessin.

– Elle a été soutenue par l’Office fédéral de la santé publique et la majorité des cantons.

– Les résultats préliminaires ont été livrés en mai aux élèves interrogés et aux cantons concernés.

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