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Stop médecins!

Les médecins sont en colère. Pour eux, les Gouvernement s'attaque au "maillon le plus faible" du système de santé. Keystone

Manifestations et pressions n'auront pas fait plier Ruth Dreifuss. L'ordonnance fédérale limitant l'ouverture de nouveaux cabinets médicaux prend effet jeudi.

Cette ordonnance, qui durera trois ans au maximum, devient effective dès jeudi minuit, a précisé mercredi le ministre suisse de la santé Ruth Dreifuss.

Ce moratoire n’interdit pas aux jeunes médecins d’ouvrir un cabinet. Mais ils ne pourront pas pratiquer à la charge de l’assurance maladie. Ce qui rend bien entendu leur établissement peu viable et limite de fait leur installation.

Toutes les demandes d’ouverture de cabinet qui auront été faites avant la date fatidique du 4 juillet seront cependant traitées normalement. «L’ordonnance n’a aucun effet rétroactif», précise Ruth Dreifuss.

Une certaine souplesse

Décidée par le Conseil fédéral, l’ordonnance «sur la limitation de l’admission des fournisseurs de prestations à pratiquer à la charge de l’assurance maladie obligatoire» sera – fédéralisme oblige – appliquée par les cantons. Ce qui implique une certaine souplesse.

Ainsi, selon les régions ou les spécialisations concernées, les cantons pourront prévoir des exceptions à l’ordonnance. On peut ainsi imaginer qu’un pédiatre pourra s’installer dans une région où ils ne sont pas assez nombreux.

Cette souplesse n’empêchera toutefois pas la Confédération de veiller au grain. «Il ne faudrait pas que les exceptions deviennent la règle», avertit d’ores et déjà Ruth Dreifuss.

La résistance s’organise

Le Conseil fédéral a adopté ce moratoire pour tenter d’endiguer la hausse constante des coûts de la santé. Les médecins contestent toutefois cette mesure, estimant que le gouvernement s’attaque ainsi au «maillon le plus faible» du système de santé.

Des médecins hospitaliers ont déjà provoqué des débrayages et ont organisé une manifestation nationale sur la Place fédérale à Berne. Et maintenant que le couperet est tombé, ils entendent continuer la lutte.

Ainsi, l’Association des médecins-assistants et chefs de clinique (ASMAC) a déclaré vouloir continuer la résistance, éventuellement même par une «grève des crayons».

En clair, les membres de l’association continueraient à soigner les patients mais pourraient cesser tout leur travail administratif.

Colère également du côté de la Fédération des médecins suisses (FMH) qui s’est déclarée «outrée par l’arrogance du Conseil fédéral qui a balayé les objections et les propositions constructives des médecins».

Partis divisés

Au sein du monde politique, la gauche se montre plutôt favorable au moratoire. Le Parti socialiste parle ainsi d’une «mesure nécessaire» d’autant plus acceptable qu’elle est limitée dans le temps.

La droite en revanche y est plutôt défavorable. Le Parti libéral suisse, par exemple, condamne ce «coup dur porté injustement à la pérennité de la médecine libérale en Suisse».

A la veille de la pause estivale, le Conseil fédéral a donc adopté une mesure qui est loin de faire l’unanimité. Nul doute que l’été risque d’être chaud sur le front de la santé.

swissinfo/Olivier Pauchard au Palais fédéral

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