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Le Valais déclare la chasse au loup

Le loup est réapparu en suisse à la fin des années 1990. Keystone

L'Etat du Valais a annoncé mardi qu’il délivrait une autorisation de tir pour un loup dans la région de Crans-Montana. Pour la première fois, un ou des loups ont attaqué des bovins ces derniers jours dans un alpage de la région. Polémique garantie.

Plusieurs moutons ont été tués par un ou plusieurs loups à la fin juin sur l’alpage du Scex et au début juillet sur le Varneralp. Deux génisses tuées et une gravement blessée ont par ailleurs été retrouvées au Scex entre le 20 et le 30 juillet. L’examen des morsures et les analyses génétiques confirment la présence d’au moins un loup dans la région.

Mardi, les autorités valaisannes ont donc annoncé qu’elles autorisent la traque et le tir du ou des loups qui rôdent cet été dans la région de Montana, ce dès le 6 août prochain et pendant soixante jours.

Jacques Melly, chef du Département valaisan de l’environnement, a indiqué à l’agence AP que le tir est autorisé pour des motifs préventifs, car près de 2000 bovins se trouvent actuellement dans le périmètre concerné et sont exposés à une «forte probabilité d’attaque du loup».

Une «situation nouvelle»

Le communiqué de l’Etat du Valais précise que la décision a été prise «sur la base du rapport de la commission intercantonale chargée de la gestion du loup».

Le 29 juillet, tant le Service cantonal de l’agriculture que l’office fédéral compétent ont constaté que «l’attaque de génisses constitue une situation nouvelle et qu’aucune mesure appropriée de protection des génisses contre les attaques du loup n’était éprouvée et ne pouvait donc être mise en œuvre».

Ce que conteste le WWF. L’organisation de défense de la nature estime que le canton du Valais poursuit une politique d’abattage du loup qui ne mène nulle part. «Il ferait mieux de se soucier d’une protection des troupeaux suffisante. Elle a déjà fait ses preuves dans d’autres cantons comme Vaud et Berne», précise Kurt Eichenberger, spécialiste des grands prédateurs au WWF Suisse.

Entre 15 et 20 loups

Entre 15 et 20 loups déambulent dans toutes les régions alpines cet été. Ces prédateurs tuent en moyenne quelque 200 moutons par an, soit cinquante fois moins que les maladies, les accidents ou les chutes qui sont fatales à 10’000 ovins.

Selon l’Office fédéral de l’environnement (OFEV), il devrait y avoir plus de loups cette année qu’en 2009, car lors du rude hiver 2009-2010, les canidés ont trouvé davantage de gibier mort. L’an dernier, les analyses génétiques ont prouvé la présence de onze de ces prédateurs. Et des indices de passage d’autres individus ont été relevés.

Douze autorisations

Ces dix dernières années, les cantons ou l’OFEV ont délivré 12 autorisations de tir, dont la grande majorité en Valais. Mais 5 animaux ont échappé aux chasseurs.

En 2004, les autorités fédérales ont mis en vigueur le «Concept du loup en Suisse», qui prévoit l’indemnisation des dégâts sur le bétail ainsi que certaines mesures de prévention (engagement de bergers, de chiens de troupeaux, etc). Objectif: «Etablir les bases d’une cohabitation durable entre l’animal protégé et la population».

Les moyens de l’OFEV sont toutefois limités: un total de 830’000 francs est réservé au financement des mesures de protection des troupeaux en 2010

Isabelle Eichenberger et les agences, swissinfo.ch

2004: pour établir les bases d’une cohabitation durable entre l’animal protégé et la population, l’OFEFP a élaboré avec tous les milieux intéressés un Concept de gestion du loup en Suisse.

Le loup est protégé depuis 1978 et appartient à la faune indigène. Son retour se fait de manière naturelle.

Lorsqu’un individu cause des dégâts importants, les cantons peuvent exceptionnellement délivrer une autorisation de le tirer.

La Confédération soutient les mesures de prévention des dégâts causés aux animaux de rente et participe aux coûts d’indemnisation à raison de 80%.

Eteint durant plus de cent ans en Suisse, le loup est réapparu dès 1995, en provenance d’Italie.

2008: les autorités en ont répertorié une quinzaine en Suisse. A l’issue d’une procédure de consultation, 80% des cantons et des associations concernés se sont dits favorables au retour du loup.

2009: selon l’OFEV, onze loups ont été identifiés génétiquement dans onze cantons.

2010: le loup s’en étant pris pour la première fois à des bovins, l’Etat du Valais autorise une traque de 60 jours doit commencer, sous la responsabilité du garde-faune cantonal.

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