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Les décorations de Noël: une ville à elles seules

La Bahnhofstrasse de Zurich scintille de mille feux. Keystone

Les villes suisses brillent à nouveau de mille feux. Ecologiquement, les décorations de Noël sont-elles bien raisonnables? Elles éclaireraient en tout cas une petite ville – l’équivalent de 25'000 ménages – à elles toutes seules…

Les rennes clignotent, les guirlandes arrosent les trottoirs de leur blancheur, et toutes sortes de formes éclairent les jardins, les balcons et les intérieurs. Les décorations de Noël ont été installées il y a quelques semaines en Suisse comme ailleurs, chaque année plus nombreuses, se dit-on.

Vraiment? A Zurich, selon des observations empiriques et non encore vérifiables, certaines façades illuminées en 2009 ne le sont plus en 2010. Les Suisses auraient-ils fait passer les préoccupations écologiques avant les brillances de décembre?

Les services électriques de la ville de Zurich (ewz) ne peuvent pas se prononcer sur «la consommation particulière de certains usagers», répond le porte-parole Harry Graf. A Bâle également, les services électriques (iwb) affirment que «les décorations de Noël ne sont pas mesurables par rapport à la consommation générale de courant et qu’il n’y a aucune croissance significative durant la période de Noël.»

2% de la consommation de décembre

 

L’Agence suisse pour l’efficacité énergétique (S.A.F.E.) a pourtant mesuré la consommation, la proportion et le coûts des étoiles et autres anges de décembre. Au total, près de 100 gigawatt-heure (GWh) sont consommés pour les éclairages de Noël dans toute la Suisse, soit 0,17% de la consommation annuelle totale et 2,06% de la consommation de décembre.

«Cela représente environ 15 millions de francs en coûts de courant ou l’équivalent de la consommation énergétique annuelle de 25’000 ménages», illustre Giuse Togni, spécialiste de l’éclairage au S.A.F.E. Pas vraiment marginal, tout compte fait…

Or les privés sont les principaux «allumeurs de Noël». Particuliers et commerces comptent chacun pour 45% de l’éclairage de Noël, contre 10% pour les communes, selon S.A.F.E. A Bâle, iwb estime que les particuliers installent plus de la moitié de ces éclairages fêtant, peu ou prou, la Nativité.

Le porte-parole Erik Rummer renvoie à l’exemple donné dans le dernier magazine d’iwb: un renne avec luge à lampes incandescentes – désormais interdites – consommait près de 380 watts.

Un renne = 10% de l’électricité d’un 3 pièces

 

Allumé dix heures par jour pendant deux mois, l’animal consommait l’équivalent de 10% d’un appartement de trois pièces. En LED (diodes électroluminescentes), le renne et son traîneau ne produisent désormais plus que 53 watts.

«Les éclairages de Noël sont prédestinés pour passer au LED, explique Giuse Togni. C’est une lumière idéale pour cela. En revanche, la technologie n’est pas encore mûre pour les éclairages publics, car la lumière jaune au sodium est plus efficace et plus avantageuse pour de grandes surfaces.»

Le LED illumine ainsi les villes en décembre à Nyon, à Bâle, à Zurich ou ailleurs. Au bord de la Limmat, «l’ancienne installation de Noël avait une puissance de 247 kW, contre 3 kW actuellement, avec des LED», précise Harry Graf.

Encore des réticences

Mais le fait est que les ampoules à basse consommation et les LED n’ont pas encore la cote dans le grand public. «Elles sont beaucoup plus chères, note Giuse Togni et il faut bien choisir sa lumière, froide ou chaude, selon l’endroit que l’on veut éclairer.»

Pour le député socialiste vaudois Roger Nordmann, spécialiste des questions énergétiques, «les décorations de Noël, c’est sympa, et il ne faudrait surtout pas jouer les ayatollahs contre elles, mais il faut passer aux diodes, c’est clair. Les LED ont aussi une durée de vie bien plus longue».

Hors période de Noël, la question des ampoules adéquates se pose aussi, pour les particuliers comme pour les collectivités. «C’est un sujet qui passionne les communes depuis plusieurs années», explique Matthieu Chenal, porte-parole du programme SuisseEnergie pour les communes, qui promeut le label Cité de l’énergie.

«Le LED permet des économies impressionnantes, mais les investissements sont importants et certaines communes hésitent, car la technologie progresse très rapidement. Le risque serait aussi d’en installer davantage, puisque cela consomme moins…»

Et les bureaux allumés toute la nuit?

Roger Nordmann, lui, estime que, plutôt que de lutter contre les éclairages de Noël, il faudrait agir contre les lumières allumées «sans aucune utilité, dans les bureaux la nuit ou les magasins».

Mais ces fameuses lumières de Noël cherchant à éclairer les sombres journées de décembre, finalement, peut-on les tolérer? «Il y a évidemment plusieurs réponses», constate Harry Graf, d’ewz. «D’un point de vue écologique, les éclairages de Noël ne sont pas efficaces et devraient être éteints. Toute source de lumière non nécessaire devrait d’ailleurs être éteinte pour économiser du courant. Mais visuellement et pour l’ambiance, les éclairages de Noël sont une belle chose… Et si des ampoules à basse consommation ou des LED sont utilisées, l’effet écologique est aussi atteint.»

Que les rennes continuent donc à éclairer les froides nuits de décembre, en Suisse comme ailleurs, mais des rennes LED!

Les éclairages de Noël consomment en Suisse près de 100 millions de kilowattheures (kWh), selon des estimations de l’Agence suisse pour l’efficacité énergétique (S.A.F.E.).  Ils représentent ainsi 2,06% de la consommation totale de décembre.

La facture se divise ainsi:

– particuliers: 43 GWh/a, soit 0,92% de la consommation totale de décembre

– Commerces: 43 GWh/a, soit 0,92% de la consommation de décembre

– Communes: 10 GWh/a, soit 0,21% de la consommation de décembre

Une guirlande de 45 mètres de long à lampes incandescentes (pour l’extérieur) peut avoir une puissance de 750 watts. Allumée 14 heures par jour pendant 5 semaines, la consommation revient à 370 kilowattheures, soit la consommation d’une cafetière électrique avec une fonction d’arrêt automatique pendant une année.

Les LED («Light Emitting Diodes», ou lampe à diode électroluminescente) utilisent environ 80% de courant en moins.

Une guirlande LED de 45 mètres pour l’extérieur aura une puissance de 100 à 200 watts, soit 70 kilowatt/heures, soit 14 francs au lieu de 74 dans le cas de l’ampoule traditionnelle.

Les diodes lumineuses (LED) consomment aux moins 5 fois moins que les lampes incandescentes. Les LED restent froid et résistent très bien au froid.

Source: S.A.F.E.

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