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Avenir incertain pour les employés fédéraux

Le 30 mai, les employés fédéraux manifestaient contre les plans de restructuration de l'administration. Keystone Archive

Le départ précipité du chef de l'Office fédéral du personnel jette une ombre sur la manière dont est gérée la réforme de l'administration.

Le démissionnaire Peter Hablützel ne cache pas son amertume sur la façon dont le personnel fédéral est traité.

«Nettoyages de printemps»: c’est le terme utilisé par le ministre des finances Hans-Rudolf Merz pour décrire les projets de réforme de l’Administration fédérale.

Des nettoyages qui semblent déjà en cours après le départ inattendu du responsable de l’Office fédéral du personnel (OFPER), Peter Hablützel.

En fonction depuis 1989, Peter Hablützel a donné sa démission pour février 2006, mais son supérieur direct, Hans-Rudolf Merz justement, lui a signifié son congé pour la fin de ce mois.

Un signal clair et net

Un signal clair et net sur le nouveau cours de la politique du personnel. Comme il l’admet lui-même, Peter Hablützel, n’est jamais parvenu à établir une relation de confiance avec Hans-Rudolf Merz.

Les raisons de son départ sont toutefois plus profondes et ne sont pas seulement dictées par le principe – Peter Hablützel se dit favorable à une réduction des effectifs – mais par la façon dont la restructuration est orchestrée.

«On ne peut pas tout chambouler d’un coup et licencier des centaines de personnes», remarque le chef de l’Office fédéral du personnel.

Importantes restructurations

Mercredi, le ministre des finances Hans-Rudolf Merz a présenté son projet de réforme de l’Administration fédérale. Il a affirmé qu’il s’agissait d’un changement ayant pour but de « simplifier les procédures et réévaluer les structures afin de les rendre plus efficaces».

Cette restructuration permettra surtout d’économiser 30 millions de francs d’ici à 2007 et 40 millions à partir de 2008.

Le plan d’action du gouvernement – qui s’est vu dans l’obligation de procéder à des coupes budgétaires après l’approbation, par le parlement, du programme d’épargne 2004 – prévoit neuf projets interdépartementaux et 25 projets au sein des départements.

Certaines mesures sont immédiates comme l’abolition de certaines charges de l’administration tandis que d’autres auront des répercussions à moyen terme.

Quelques restructurations ont déjà été effectuées. Ainsi l’Office fédéral des migrations est né de la fusion de l’Office fédéral des réfugiés et de l’Office fédéral de l’immigration, de l’intégration et de l’émigration.

Un comité ad hoc est chargé de suivre les différentes étapes d’un point de vue stratégique. Il est composé des ministres Christoph Blocher, Hans-Rudolf Merz, Micheline Calmy-Rey, de la chancelière Annemarie Huber-Hotz et de l’ex-conseiller d’Etat lucernois Ulrich Fässler.

«Un laboratoire protégé»

La responsable de la diplomatie helvétique devra examiner les structures de conduite des départements tandis que les conseillers fédéraux Merz et Blocher seront responsables des projets qui prévoient d’importantes réductions de personnels. Le ministre de la justice s’occupera de simplifier les règlements concernant les employés et veillera à éliminer les doublons.

Le mandat confié à Christoph Blocher a suscité certaines critiques : d’aucuns ont prétendu que Hans-Rudolf Merz se serait débarrassé de ses responsabilités de ministre chargé du personnel et les aurait confiées à qui est capable de licencier sans trop de scrupules.

Le ministre démocrate du centre (UDC, droite dure), qui avait qualifié l’administration fédérale de «laboratoire protégé et insensible à l’épargne», a déjà donné un aperçu de son aptitude à économiser.

En juin dernier, il avait annoncé la suppression de 116 postes sur 585 au sein des services centraux de son département, épargnant ainsi 13 millions de francs par année.

Plus récemment, c’est le Tribunal fédéral qui était dans sa ligne de mire. Christoph Blocher a demandé à la première instance judiciaire du pays de présenter des propositions pour réduire son budget d’un cinquième.

Perte de confiance

L’Association du personnel de la Confédération s’est empressée d’intervenir pour demander que les licenciements soient évités.

Avec Christoph Blocher à la tête de l’opération «Chasse aux doublons», ce ne sera probablement pas facile. En fait, d’ici 2010, 4500 des 37’000 postes actuels devraient passer à la trappe au sein de l’administration fédérale.

Hans-Rudolf Merz a cependant promis que la Confédération continuerait à être un employeur «attractif, social et de confiance».

De son côté, le chef du personnel contraint à la démission Peter Hablützel s’est dit «dégoûté» par la façon dont les employés sont traités. Une affirmation qui aurait été impensable il y a quelques années.

Le gouvernement a donc tout intérêt à tenir la promesse faite par le ministre des finances. Dans le cas contraire, le fil – de plus en plus mince – qui le relie encore au personnel de l’administration risque bien de se rompre à jamais.

swissinfo, Daniele Mariani et Luigi Jorio
(Traduction et adaptation de l’italien: Gemma d’Urso)

37’000 personnes sont actuellement employées auprès de l’administration fédérale.
D’ici 2010, 4500 postes seront probablement supprimés.
Le coût du projet de réforme adopté par le gouvernement s’élève à quelque 8,5 millions de francs.
Cet investissement devrait permettre d’économiser jusqu’à 40 millions de francs par année.

– Durant ces dernières années, le personnel de l’administration fédérale a déjà été soumis à diverses mesures d’épargne.

– En janvier 2002, la nouvelle loi sur les salariés de la Confédération a amené à l’abolition du statut de fonctionnaire et permis des licenciements.

– En mai 2004, le ministre des finances Hans-Rudolf Merz a annoncé que le personnel fédéral n’aurait pas droit au renchérissement pour 2005.

– En juin 2005, le parlement a adopté un programme d’allégement des caisses fédérales et a supprimé 150 millions de francs de la rubrique «Personnel».

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