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Dario Cologna entre dans l’histoire du sport suisse

Dario Cologna peut lever les bras: il est le meilleur fondeur de la saison. Keystone

Le Grison Dario Cologna est devenu dimanche le premier Suisse à remporter le classement général de la Coupe du monde de ski de fond. En saut à skis, la saison helvétique a également été couronnée de succès.

Cette victoire ne pouvait pas lui échapper. Après sa démonstration de samedi lors de la poursuite 20 kilomètres, le général de la Coupe du monde tendait les bras à Dario Cologna.

A Falun, en Suède, le Grison a parfaitement géré l’ultime épreuve de la saison, un 15 kilomètres avec départ handicap. Parti avec plus d’une minute d’avance sur ses principaux rivaux, dont le Norvégien Petter Northug, il a assuré pour laisser ses adversaires à une distance respectable.

Dario Cologna remporte ainsi les finales de Coupe du monde, mais surtout concrétise son rêve en devenant le premier Suisse a être sacré meilleur fondeur de l’hiver. «J’ai conscience de la portée historique de ma victoire pour le ski de fond suisse. C’est un grand jour pour moi», a-t-il affirmé sitôt la ligne franchie.

Une ascension fulgurante

Pour ses véritables débuts en Coupe du monde l’an passé, Dario Cologna avait pris la 37e place du classement général. C’est dire si l’ascension a été fulgurante cette saison. Début décembre, il décroche son premier podium (2e) lors du 30 km libre à La Clusaz, en France.

Une semaine plus tard, la caravane de la Coupe du monde fait halte à une heure de route de son Val Müstair natal, à Davos, au coeur des Grisons. Le jeune prodige explose aux yeux du grand public.

Spécialiste des longues distances, il prouve qu’il est capable de briller dans toutes les disciplines avec une 4e place en sprint. Cette polyvalence lui permet de prendre la tête du général de la Coupe du monde. Une première pour un Suisse.

Un physique hors normes

Aux yeux des observateurs, ses qualités physiologiques sont en grande partie explicatives du succès. «C’est le talent du siècle. Ses aptitudes anatomiques et génétiques sont extraordinaires», s’enthousiasme Adriano Iseppi, responsable du ski de fond à la Fédération suisse de ski. Dario Cologna a également la réputation de ne jamais tomber malade.

Au début du mois de janvier, il remporte le prestigieux Tour de Ski, une nouvelle épreuve conçue sur plusieurs jours, avec des étapes sur toutes les distances et dans tous les styles (skating et classique). Du taillé sur mesure pour Dario Cologna, qui confirme ainsi tous les espoirs placés en lui.

L’homme ne paraît jamais nerveux ou stressé. Il fait partie de cette lignée de skieurs grisons que l’on dit volontiers placides et taiseux. Un peu comme Carlo Janka, révélation de la saison en ski alpin, peu enclin à partager ses émotions et à étaler ses états d’âmes dans la presse.

Alors quand Dario Cologna franchit victorieusement la ligne d’arrivée dimanche en Suède, la joie manifestée, confinant à l’exubérance, est un bon indicateur de la valeur de l’exploit.

Coup d’arrêt aux Mondiaux

Mais malgré ses capacités physiques hors normes, Cologna a connu un coup d’arrêt lors des Championnats du monde de Liberec, en République tchèque, à fin février. Largué en raison d’un problème de skis dans la poursuite, il décide de renoncer aux 50 kilomètres, sa discipline de prédilection.

Le Grison préfère se reposer pour se consacrer au général de la Coupe du monde, son objectif prioritaire de la saison. Cet abandon prouve qu’à 23 ans, Cologna sait déjà écouter son corps et prendre des décisions raisonnables, même si elles sont douloureuses.

En remportant le général de la Coupe du monde, Dario Cologna se profile désormais comme le coureur incontournable des prochaines années. Le prochain objectif est déjà tout trouvé: aux Jeux olympiques de Vancouver, en 2010 le Grison peut espérer devenir le nouveau héros Suisse du ski nordique en Amérique du Nord, comme l’avait été le sauteur Simon Ammann avec ses deux titres olympiques en 2002 à Salt Lake City.

Un hiver réussi pour Ammann

Le saut à skis a également apporté son lot de satisfactions dans le camp suisse cet hiver. Lors de la dernière épreuve de la saison, un concours de vol à skis à Planica, en Slovénie, Simon ammann a terminé sur une note positive avec une 3e place.

Cette saison, les rôles ont été inversés entre Simon Ammann et Andreas Küttel. Ammann, qui s’était jusqu’ici révélé lors des courses d’un jour, s’est pour la première fois montré régulier tout au long d’une saison de Coupe du monde. Avec cinq victoires acquises en novembre et décembre, le sauteur du Toggenburg a longtemps cru en ses chances de remporter le classement général de la Coupe du monde.

Mais il a dû céder son leadership dans le courant du mois de janvier au phénomène autrichien Gregor Schlierenzauer. Simon Ammann a finalement terminé deuxième du général. Pour compléter cette saison réussie, il s’est adjugé une médaille de bronze aux Mondiaux de Liberec à fin février.

Küttel champion du monde

Andreas Küttel, inséparable compagnon de Simon Ammann, a quant à lui connu des sensations inverses. Très régulier lors des dernières saisons de Coupe du monde mais jamais présent lors des grands événements, le Schwyztois a réalisé exactement le parcours inverse cet hiver.

Enchaînant déception sur déception au début de la saison, avec à la clé une non-qualification pour le premier concours d’Engelberg, sur sol suisse, Küttel a retrouvé la grande forme au meilleur des moments.

Le 27 février à Liberec, l’expérimenté sauteur de 29 ans est devenu champion du monde grâce à un premier saut parfait. Ce jour-là, il a peut-être aussi bénéficié du brin de chance nécessaire à tout succès, l’annulation de la 2e manche lui ayant offert le titre sur un plateau.

Désormais à l’apogée de leur carrière, Simon Ammann et Andreas Küttel ont eux aussi déjà marqué d’une croix blanche le rendez-vous des JO de Vancouver l’hiver prochain.

swissinfo, Samuel Jaberg

1. Dario Cologna, Suisse, 1344 points

2. Petter Northug, Norvège, 1217

3. Ola Vigen Hattestad, Norvège, 792

4. Pietro Piller Cottrer, Italie, 774

5. Sami Jauhojaervi, Finlande, 765

Grisons. Dario Cologna est né le 11 mars 1986 à Santa Maria, dans le Val Müstair grison.

Sport. Après des débuts en ski alpin à l’âge de 5 ans, il découvre le ski de fond en 1999. En parallèle, ce passionné de sport pratique le football et le vélo.

Palmarès. A 23 ans, le palmarès de Dario Cologna est déjà bien garni. Il a été sacré trois fois champion du monde chez les moins de 23 ans et a remporté le marathon de l’Engadine en 2007.

Une première. Cette saison, il a remporté le Tour de Ski et est devenu le premier Suisse à gagner le général de la Coupe du monde. Le meilleur classement d’un Suisse au général de la Coupe du monde jusqu’à
présent était la 7e place d’Andy Grünenfelder en 1984.

1. Gregor Schlierenzauer, Autriche, 2083 points

2. Simon Ammann, Suisse, 1776

3. Wolfgang Loitzl, Autriche, 1396

4. Harri Olli, Finlande, 974

5. Dimitri Vassiliev, Russie, 845

puis:

11. Andreas Küttel, Suisse, 561

St-Gall. Né le 25 juin 1981 à Grabs, dans le Toggenburg st-gallois, Simon Ammann fait ses débuts en Coupe du monde en 1998 à l’âge de 16 ans seulement. Il participe à ses premiers Jeux olympiques à Nagano la même année.

Salt Lake City. Aux JO de 2002 à Salt Lake City, il crée la sensation en remportant les médailles d’or des deux épreuves individuelles. Surnommé «Harry Potter» en raison notamment de la forme de ses lunettes et de l’allure de son manteau, il est soudainement propulsé sur le devant de la scène médiatique.

Retour. Les 4 années qui suivent sont très difficiles pour Simon Ammann, qui n’arrive pas à confirmer son double exploit olympique. En 2007, il fait son retour au premier plan en remportant deux victoires en Coupe du monde et la médaille d’or aux Mondiaux de Sapporo.

2008/2009. Cette saison, il a remporté 5 victoires en Coupe du monde et une médaille de bronze aux Mondiaux de Liberec. Il termine 2e du général de la Coupe du monde.

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