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Andreas Küttel: «Voler, c’est ma passion»

Andreas Küttel est devenu un modèle de persévérance et de professionnalisme pour tous les jeunes. Keystone

Depuis quelques années, Andreas Küttel est une valeur sûre du saut à skis mondial. A la veille des deux concours d'Engelberg, unique étape suisse de la saison, le Schwytzois de 29 ans a reçu swissinfo chez lui, à Einsiedeln, pour évoquer sa passion.

Einsiedeln, petite bourgade du canton de Schwyz nichée au cœur de la Suisse centrale. Une station de moyenne altitude, avec son impressionnante abbaye du Xe siècle, lieu de pèlerinage le plus célèbre de Suisse. C’est là qu’est né Andreas Küttel il y a 29 ans. C’est là aussi que le frêle adolescent – il mesure aujourd’hui 1m83 pour 63 kilos – a découvert sa passion qui deviendra plus tard son métier.

Depuis 1993 et ses débuts en Coupe du monde, Andreas Küttel n’a qu’une idée en tête: «Voler le plus loin possible. C’est un objectif idéaliste mais qui me motive chaque jour à l’entraînement».

Pour le commun des mortels, difficile de se faire une idée du plaisir que procure une telle activité. «Cette sensation est partagée par très peu de personnes et j’aimerais en garder le secret (rires). J’ai pratiqué beaucoup d’autres sports à risque qui procurent de l’adrénaline, mais il n’y a rien de comparable au saut à skis. On touche à une sorte d’absolu.»

Un palmarès honorable

Jusqu’il y a peu de temps, «Andy», comme on le surnomme dans le milieu, a goûté au rêve dans un relatif anonymat et avec les petits moyens alloués par la Fédération suisse de ski. Mais depuis sa victoire surprise sur le tremplin de Lillehammer en 2005, les choses se sont accélérées.

Cinq victoires, une 3e place au classement général de la Coupe du monde 2006, 17 podiums: ce palmarès honorable fait d’Andreas Küttel l’un des sauteurs à skis les plus réguliers des dernières années. «Il me manque une médaille dans un grand événement comme les championnats du monde ou les Jeux olympiques. J’espère pouvoir un jour saisir cette chance».

Dans l’esprit d’Andreas Küttel se dessinent les Mondiaux de février en République tchèque mais surtout la Tournée des quatre tremplins entre Noël et Nouvel-An, qu’il aimerait bien un jour remporter. Et il a déjà en ligne de mire le rendez-vous incontournable des Jeux olympiques de Vancouver.

Vancouver en ligne de mire

En février 2010, l’occasion sera donnée au Schwytzois d’éclater au grand jour et de pourquoi pas marcher sur les traces de son pote Simon Ammann, sacré deux fois à Salt Lake City en 2002. «La préparation pour les Jeux olympiques a déjà commencé. C’est un long travail mental qui prendra véritablement forme quand je verrai pour la première fois le tremplin cet hiver».

En attendant Vancouver, Andreas Küttel se focalise sur un objectif beaucoup plus proche: les deux concours d’Engelberg qui ont lieu ce week-end. En 2007, il était devenu le premier Suisse à s’imposer sur le tremplin du canton d’Obwald. Et il aimerait bien récidiver cette année. «L’atmosphère y est si particulière. Cette intense communion avec le public me procure une motivation supplémentaire», prévient-il.

A Engelberg, «Andy», qui a connu un début de saison plutôt mitigé, aura comme principal contradicteur son coéquipier Simon Ammann, actuellement en tête du général de la Coupe du monde après 5 concours.

Le couple «Andy-Simi»

Dans le microcosme du saut à skis suisse, Andreas Küttel et Simon Ammann forment un couple quasiment indissociable. «Certains nous demandent parfois si on est mariés», rigole Küttel. C’est que durant la saison, les entraînements et même les sorties récréatives, les deux compères sont toujours côte à côte. Mélanger sport de haut niveau et amitié peut parfois s’avérer compliqué, mais «Andy» et «Simi» semblent avoir trouvé la bonne formule.

«Ce n’est pas toujours facile d’être en concurrence sur les tremplins et de soigner une amitié en dehors. Ca ne va pas de soi car nous n’atteignons pas forcément toujours les mêmes objectifs. Mais nous avons une base solide qui nous unit: la passion du saut à ski», avait récemment affirmé Simon Amman à swissinfo.

«Il y a eu des moments difficiles, mais c’est aussi ce qui fait la beauté et la force d’une relation, explique Andreas Küttel. Nous avons le même point de vue sur la façon de nous entraîner et nous sommes tous deux des athlètes très analytiques. Nous avons trouvé le bon mélange qui nous permet de nous épanouir personnellement tout en restant soudés».

Un ambassadeur de choix

Sous ses airs de joyeux luron, Andreas Küttel est devenu un modèle de persévérance et de professionnalisme pour tous les jeunes qui rêvent un jour de commencer le saut à skis. Sa recherche constante de la perfection et son style raffiné en font par ailleurs l’un des sauteurs les plus esthétiques du circuit.

Les exploits conjugués du duo Ammann-Küttel n’ont toutefois pas suffi à provoquer une hausse substantielle des vocations en Suisse. «Même si la relève manque en quantité, il y a quelques jeunes talents qui se profilent. Les structures d’entraînement, avec notamment l’inauguration du centre d’Engelberg il y a 3 ans, se sont beaucoup améliorées ces dernières années et je pense que le saut à skis a un avenir en Suisse», positive Andreas Küttel.

Dans 2 ou 3 ans, quand viendra l’heure de raccrocher, Andreas Küttel pourra partir l’esprit léger. «Je pense de plus en plus à l’après compétition. Je resterai de toute façon dans le milieu du sport mais je vais tenter de prendre du recul par rapport au saut à skis après une si longue carrière». Avec un diplôme de professeur de sport en poche, «Andy» a d’ores et déjà toutes les cartes en main pour réussir sa reconversion.

swissinfo, Samuel Jaberg

Andreas Küttel est né le 25 avril 1979 dans la commune schwytzoise d’Einsiedeln.

Il fait ses débuts en Coupe du monde lors de la saison 1993/94 et obtient sa première victoire en 2005 à Lillehammer, en Norvège.

Dès lors, il monte à 17 reprises sur le podium (5 succès) dont une prestigieuse victoire à Garmisch-Partenkirchen le 1er janvier 2007 lors de la Tournée des quatre tremplins.

En décembre 2007, il entre dans l’histoire en devenant le premier Suisse à s’imposer sur le tremplin d’Einsiedeln, dans le canton d’Obwald.

Lors de la saison 2005/06, il termine à la 3e place du général de la Coupe du monde.

Andreas Küttel détient le record de suisse avec un saut à 222 mètres réalisé à Planica (Slovénie) en 2006.

Il possède également un diplôme de professeur de sport de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich.

1.S.Ammann (Sui) 425 pts
2. G.Schlierenzauer (Aut) 350
3. V.Larinto (Fin) 205
4. W.Loitzl (Aut) 199
5. T.Morgenstern (Aut) 174
6. F.Yumoto (Jpn)144
7. J.Evensen (Nor) 144
8. M.Hautamäki (Fin)140
9. A.Bardal (Nor) 140
10.H.Olli (Fin) 123
11. A.Küttel (Sui) 121

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