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La situation au Darfour reste insatisfaisante

La population locale ne se sent pas encore en sécurité hors des camps de réfugiés. Keystone

Une délégation suisse vient de rentrer du Soudan. Pour elle, la situation sécuritaire au Darfour demeure délicate, malgré un accès amélioré aux personnes déplacées.

Après avoir visité des camps de réfugiés et rencontré des ministres soudanais, les envoyés helvétiques estiment que beaucoup reste encore à faire.

«Il existe encore au Darfour une situation humanitaire que le monde ne peut accepter», déclare Hansjürg Ambühl, chef de la Division Afrique de la Direction du développement et de la coopération (DDC).

«Il est de la responsabilité du gouvernement soudanais, des rebelles et de la communauté internationale d’arriver à une solution politique, poursuit-il. Et le plus tôt sera le mieux.»

La délégation suisse s’est rendue pendant quatre jours au Soudan, notamment au Darfour. Cette province soudanaise frontalière du Tchad est en effet le théâtre d’une grave crise humanitaire consécutive à une guerre civile depuis février 2003.

Le but de la délégation était de se rendre compte de la situation sur le terrain et de poursuivre le dialogue avec le gouvernement de Khartoum.

L’aide seule ne suffit pas



En juin, la ministre suisse des Affaires étrangères Micheline Calmy-Rey s’était en personne rendue au Soudan. Elle avait alors estimé que l’aide humanitaire ne suffirait pas à elle seule à mettre un terme au conflit entre les rebelles et les milices soutenues par le gouvernement central.

La délégation suisse a visité plusieurs camps de réfugiés aux alentours de la ville de Al Geneina, à environ 30 kilomètres de la frontière avec le Tchad. Quelque 40’000 personnes déplacées ont trouvé refuge dans cette région.

La délégation a également observé le travail des organisations non-gouvernementales (ONG) suisses qui sont actives dans la région depuis six mois.

«L’aide aux réfugiés s’est bien améliorée depuis notre dernière visite, constate Hansjürg Ambühl. Il reste toutefois un grand nombre de personnes dans les camps et elles n’ont aucune perspective de retourner dans leur village d’origine.»

Pas de confiance



«Le gouvernement soudanais a déployé la police et des forces de sécurité dans les villages, dit encore le chef de la Division Afrique. Mais les réfugiés ne leur font pas confiance et n’osent donc pas sortir des camps.»

La délégation suisse comprenait également l’ambassadeur Josef Bucher, un spécialiste de la résolution des conflits. Pour lui, les espoirs de paix dépendent d’un accord de paix négocié entre le gouvernement de Khartoum et les rebelles du Sud-Soudan.

Un tel accord pourrait en effet constituer un signal pour les parties en conflit au Darfour et les amener à un règlement de paix.

Ces négociations de paix pour le Sud-Soudan se font sous l’égide de l’Unité africaine. Des discussions doivent encore avoir lieu à ce propos le 23 août à Abuja, la capitale du Nigeria.

Aide humanitaire suisse



La Suisse compte douze experts au Darfour et au Tchad voisin. Ceux-ci travaillent au sein des organisations des Nations unies ou pour le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

Pour l’année en cours, la Suisse a déboursé plus de dix millions de francs en faveur d’une aide humanitaire dans la région. «Cette aide est distribuée par les organisations internationales et par les ONG suisses que nous avons visitées», précise Hansjürg Ambühl.

«Nous avons fourni et continuons à fournir des experts de la DDC, poursuit-il. Des spécialistes de l’eau, de l’hygiène, de la santé et de la logistique qui travaillent à la fois du côté tchadien et du côté soudanais.»

Le Darfour est dévasté depuis février 2003 par une guerre civile opposant des mouvements rebelles à des milices pro-gouvernementales. Les combats ont fait entre 30 000 et 50 000 morts, selon les Nations unies, et ont chassé environ 1,2 million de personnes de leurs foyers, dont quelque 200 000 ont fui au Tchad.

Le 3 juillet, le Soudan s’était engagé auprès du Secrétaire général des Nations unies Kofi Annan à mettre fin aux violences au Darfour et notamment à désarmer les milices qui y terrorisent la population. Depuis, la communauté internationale a accentué la pression sur Khartoum.

swissinfo, Robert Brookes
(traduction: Olivier Pauchard)

Début du conflit en février 2003.
Les combats ont fait entre 30’000 et 50’000 morts.
1,2 millions de réfugiés.
Les Nations unies estiment que c’est la pire crise humanitaire du moment.
Pour 2004, l’aide suisse se monte à dix millions de francs.

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