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La Suisse n’a pas peur du «poisson fou»

Les concentrations de dioxine varient en fonction du lieu de pêche. Keystone

L´Union européenne a découvert des quantités anormalement élevées de dioxine dans le poisson. Mais les autorités helvétiques n´ont pas pris de mesures particulières. Elles estiment qu'il n´y a pas de danger.

«Cette étude européenne confirme tout simplement les conclusions de plusieurs enquêtes, françaises et allemandes», souligne le responsable du service des denrées alimentaires d’origine animale à l’Office fédéral de la santé publique (OFSP).

A en croire Roland Charrière, Berne sait, depuis longtemps, que le poisson peut être contaminé par toutes sortes de produits, tels que métaux lourds, pesticides, produits de douche ou de bain, PVC, dioxine…

«Reste que la dioxine, et son cousin chimique, le polychlorobiphényle (PCB), sont très dangereux», lance le rédacteur en chef de la revue Médecine et Hygiène, Bertrand Kiefer

«Le gros problème, explique ce médecin, c’est que ces toxiques s’accumulent dans les tissus graisseux. Ils ne sont pas éliminés et notre corps garde ainsi la mémoire de qui est mangé». Et d’ajouter: «nous ne savons pas quelles sont les conséquences sur le long terme, mais il y a des chances que cela soit cancérigène».

Pour autant, suite à la publication de cette nouvelle étude, la Suisse n’a pris aucune mesure particulière. Les services vétérinaires continuent d’effectuer comme à l’accoutumée des contrôles aux frontières sur les importations, et de vérifier des échantillons dans les différents points de vente.

A l’OFSP, Roland Charrière calme le jeu. Il insiste sur le fait que les taux de dioxine ont diminué «drastiquement» dans le poisson. En effet, les émissions de dioxine des cheminées des incinérateurs se réduisent fortement.

Quoi qu’il en soit, les concentrations de dioxine varient en fonction du lieu de pêche. Et, confie Roland Charrière, le consommateur devrait préférer le poisson en provenance de l’hémisphère sud à celui de la Mer Baltique.

Par ailleurs, en Suisse, l’étiquetage n’est pas toujours précis. «C’est encore moins clair que pour la viande», regrette Isabelle Eichenberger, de la Fédération romande des consommateurs. Une FRC qui a d’ailleurs déjà mené plusieurs actions, notamment pour demander un meilleur étiquetage des filets de perche.

Le vendeur est en effet tenu d’indiquer la provenance d’un produit vendu en barquette. Mais cette règle n’est pas obligatoire pour le poisson en vrac. Dans ce cas, le poissonnier ou le restaurateur doivent en revanche être en mesure de répondre aux questions des clients.

Autre problème: celui de la transformation. Un produit apprêté dans notre pays peut en effet être marqué du label suisse. Ce pourrait être le cas, par exemple, de la truite fumée qui vient de l’étranger. Actuellement en cours de modification, la loi devrait cependant empêcher les abus qui ont pu être commis jusqu’alors.

Enfin, le directeur alimentaire de chez Manor affirme qu’il contrôle de près la provenance de son poisson frais. Quant au reste, il se fie au travail effectué par les autorités compétentes.

Une chose est sûre: du côté des détaillants, on ne néglige pas l’impact de ce genre d’étude sur les ventes. A preuve, l’affaire de la vache folle et du poulet à la dioxine.

Caroline Zuercher

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