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La Suisse renoue avec l’armement israélien

La rencontre entre Ariel Sharon (gauche) et Samuel Schmid a duré plus d'une heure. Keystone

Les importations en Suisse de matériel militaire israélien reprendront. Ces achats étaient presque gelés en raison de la situation au Proche-Orient.

La décision fait suite à une rencontre entre le président de la Confédération Samuel Schmid et le Premier ministre israélien Ariel Sharon.

Les deux hommes se sont rencontré mercredi à Jérusalem. Cette rencontre a été longue, puisqu’elle a duré un peu plus d’une heure.

«Les relations avec Israël se sont améliorées, a indiqué le président de la Confédération devant la presse. La coopération dans le domaine militaire va reprendre.»

Samuel Schmid – qui est également ministre de la Défense – a ainsi confirmé la commande par la Suisse de matériel de transmission israélien pour un montant de 150 millions de francs. Cet achat avait été évoqué une première fois fin février par le Département fédéral (ministère) de la défense (DDPS).

Coopération réduite

La coopération militaire entre les deux pays est réduite depuis avril 2002, après la réoccupation des villes de Cisjordanie par l’armée israélienne. Depuis cette date, le gouvernement suisse a décidé de continuer à honorer les contrats en cours mais de surseoir à la conclusion de nouveaux achats d’armement en provenance de l’Etat hébreu.

A Jérusalem, Samuel Schmid a déclaré que la décision de 2002 était désormais caduque. Il a précisé que la reprise des importations militaires en provenance de l’Etat hébreu était à mettre sur le compte de la visite au Proche-Orient du ministre des Affaires étrangères Micheline Calmy-Rey le mois dernier.

Cette dernière avait pourtant souligné que la décision du gouvernement de 2002 était «toujours en vigueur». Mais Micheline Calmy-Rey n’avait pas pu, contrairement Samuel Schmid, rencontrer un Ariel Sharon échaudé par le soutien de la Suisse à l’Initiative de Genève.

Encore à l’état d’ébauche

Lundi, la député écologiste Pia Hollenstein avait demandé à Samuel Schmid, lors de la séance de questions au Parlement, que la Suisse ne reprenne pas ses acquisitions d’armes israéliennes tant que les territoires palestiniens seront occupés. Le chef du DDPS avait répondu que le programme d’armement 2005 n’en était qu’à l’état d’ébauche.

Le gouvernement prendra en compte «les besoins de l’armée, l’état de l’offre internationale et les conditions-cadre politiques», avait-t-il poursuivi, soulignant que la situation au Proche-Orient avait évolué ces derniers mois.

En mars 2004, le Conseil national (Chambre basse) avait rejeté un postulat de la commission de politique extérieure demandant à la Suisse de renoncer à tout achat de biens militaires en provenance d’Israël. Samuel Schmid s’était opposé à une interdiction a priori, estimant que résilier les contrats déjà signés entraînerait pour la Suisse des frais supplémentaires et des problèmes pour l’équipement de la troupe.

Les importations d’armement et de munitions représentaient 3,3% du total des importations israéliennes en Suisse en 2002. Elles sont ensuite montées à 14,1% en 2003, pour redescendre à 3,9% en 2004. Au total, la Confédération a importé pour 370,8 millions de francs de biens israéliens en 2003, contre 462,5 millions en 2002.

Le porte-parole du DDPS Dominique Bugnon rappelle que certains contrats en cours couraient sur plusieurs années. Cela pourrait expliquer le décalage entre l’entrée en vigueur des restrictions sur l’achat d’armement israélien (2002) et les effets de cette décision sur le niveau des importations de matériel militaire (2004).

La Suisse reste inquiète

Lors de leur entretien, Ariel Sharon et Samuel Schmid ont en outre abordé la situation au Proche-Orient. Le président de la Confédération a dit qu’il était «convaincu qu’Israël fait tout son possible pour faire progresser le processus de paix».

Il a cependant exprimé les inquiétudes de la Suisse face à la construction du mur de séparation avec la Cisjordanie et au respect du droit humanitaire.

swissinfo et les agences

La Suisse a importé pour 370,8 millions de francs de bien israéliens en 2003 (462,5 millions en 2002)
L’armement et les munitions ont représenté 3,9% de ces importations en 2004 (14,1% en 2003 et 3,3% en 2002)

– La reprise des importations suscite des réactions contrastées en Suisse.

– Cela «ne représente pas un changement de cap fondamental», estime le porte-parole du Parti socialiste Jean-Philippe Jeannerat.

– Député UDC (droite dure) et président de l’Action pour une Suisse indépendante et neutre, Hans Fehr ne voit «absolument aucun problème» à ces importations.

– Pour la députée écologiste Pia Hollenstein, Berne ne doit pas lui acheter ce matériel tant qu’Israël continue d’occuper les territoires palestiniens, en violation des résolutions de l’ONU.

– Pour le député radical (droite) John Dupraz, il est «indigne et choquant de faire du commerce d’armes avec des gens qui ne respectent pas l’intégrité territoriale des Palestiniens».

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