
Les «amis suisses» de Carlos demandent réparation

Le 21 juin, le Ministère public de la Confédération classait - faute de preuves - les dossiers de quatre personnes accusées depuis 1994 d´être des complices du terroriste Carlos. Deux d´entre elles demandent aujourd'hui réparation.
L’affaire a démarré en 1994, après l’arrestation du terroriste Illich Ramirez Sanchez, alias Carlos, au Soudan. Sur la base essentiellement de rapports des services secrets est-allemand et hongrois, le Ministère public de la Confédération (MPC) avait ouvert des enquêtes contre de supposés «amis suisses» de Carlos.
A la tête du MPC à l’époque, Carla Del Ponte avait même ordonné l’arrestation de deux hommes et de deux femmes à Genève et à Locarno. Ils étaient soupçonnés d’être liés à la préparation de plusieurs actions attribuées à Carlos, comme l’attentat à la bombe contre le TGV Paris-Toulouse en mars 1982.
A l’époque l’affaire, fortement médiatisée, avait provoqué des manifestations en faveur des accusés, trois Suisses et un Américain. Mais finalement, elle tourna court. Quelques semaines ou quelques mois après leurs arrestations, les accusés furent libérés et le 21 juin dernier, le Ministère public de la Confédération classait les dossiers de ces quatre personnes, faute de preuves.
Comme l’a révélé la radio alémanique DRS jeudi, Marcel Bosonnet, l’avocat de l’un des anciens prévenus, va prochainement présenter une demande de réparation de 200 000 francs pour son client. L’ancien accusé a en effet perdu son poste de délégué du CICR en raison de cette affaire. Une deuxième demande de réparation a été lancée par Barbara Hug, avocate d’un ancien accusé tessinois. Elle se monte à 40 000 francs.
Lors du classement de l’affaire, le Ministère public de la Confédération avait prévenu qu’il n’entrerait pas en matière sur des compensations financières. Les deux demandes iront donc devant la Chambre d’accusation du Tribunal fédéral.
Quoi qu’il en soit, cette affaire sonne comme un nouveau désaveu pour Carla Del Ponte, actuellement procureur du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie et le Rwanda.
Dans une interview donnée au quotidien «Le Temps» à la fin de son mandat comme procureur de la Confédération, Carla Del Ponte a pourtant déclaré à propos de cette affaire: «Si c’était à refaire, je referais la même chose, sans hésitation. Mon travail est d’appliquer la loi. S’il y a des indices suffisants pour enquêter, on enquête et au terme de l’enquête on décide comment la conclure: par un classement, un non-lieu ou un procès».
Reste encore un autre mystère. Un compagnon de Carlos, le Tessinois Bruno Bréguet, appelé comme témoin dans l’affaire, a disparu entre la Grèce et l’Italie un beau jour de 1996.
Frédéric Burnand

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