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Les cas de VIH sont détectés trop tardivement

Un meilleur échange d'informations entre patients et médecins de famille est essentiel. Keystone

Trop souvent les cas de sida sont diagnostiqués tardivement. Cela pourrait conduire à une propagation plus rapide du virus, selon une étude zurichoise.

Menée par l’Hôpital universitaire de Zurich auprès de 62 patients, l’enquête révèle que près de 3/4 des infections VIH récemment contractées n’ont pas été détectées lors de la première visite médicale.

«Nous avons découvert que 72,5% des cas de VIH n’ont pas été diagnostiqués lors de la première visite médicale», confirme le professeur Huldrych Günthard, responsable de l’équipe de la division des maladies infectieuses et de l’hygiène hospitalière de l’Université de Zurich.

Seuls 17 patients sur 62 ont ainsi été diagnostiqués comme infectés lors de leur première visite médicale. Ces résultats sont d’autant plus alarmants que le virus est particulièrement contagieux lorsqu’il est dans sa phase aiguë. Autrement dit, il se propage plus rapidement au début de l’infection.

«Un dépistage précoce est extrêmement important pour pouvoir prendre rapidement des mesures préventives», souligne Huldrych Günthard.

Diagnostic difficile

Le professeur n’est pas surpris des résultats de l’enquête qui confirment ceux obtenus par d’autres chercheurs ailleurs dans le monde. En outre, selon lui, l’étude pourrait concerner l’ensemble de la Suisse.

«Pourquoi la situation serait-elle différente à Zurich? Je pense qu’elle est identique dans toutes les régions du pays», ajoute Huldrych Günthard, qui refuse toutefois de tenir les médecins pour responsables.

«Les infections VIH aiguës sont difficiles à diagnostiquer», explique-t-il. En effet, les symptômes – fièvre, diarrhée, ulcères buccaux – correspondent à beaucoup d’autres maladies.

Par ailleurs, le professeur souligne que souvent les personnes concernées ne se décident pas immédiatement à effectuer un test VIH. «Certains patients n’informent pas non plus leur médecin lorsqu’ils ont eu un comportement à risque».

Dépistage systématique?

La Société suisse de médecine générale (SSMG) prend note des conclusions de l’enquête. «Pour améliorer la situation, il faudrait peut-être envisager des tests systématiques du VIH lors de chaque consultation», observe son président Hansueli Späth.

«Détecter le virus par un test est facile. Le problème, c’est de savoir si l’on a le droit de le faire systématiquement, même lorsque ce n’est pas l’objet de la consultation. Le patient a-t-il donné son consentement? Est-ce dans son intérêt? Qui paiera la facture?»

Renforcer le dialogue

Pour sa part, l’Aide suisse contre le sida juge ces résultats «choquants» et appelle à une meilleure communication entre les patients et leurs médecins.

«Les patients devraient se poser franchement la question d’une éventuelle infection et les médecins de famille devraient songer au VIH au moment du diagnostic», estime Thomas Lyssy, porte-parole de l’association.

«Il ne faut pas oublier que le sida affecte toutes les tranches de la population, riches ou pauvres, vieux ou jeunes… Face à un patient âgé de 72 ans qui souffre de fortes fièvres, le médecin pensera-t-il au VIH? Ce n’est pas toujours évident.»

L’étude aura ainsi eu pour effet d’inciter l’Aide suisse contre le sida à renforcer l’échange d’informations avec les médecins de famille. Par ailleurs, l’Office fédéral de la santé publique prévoit également une enquête similaire à l’échelle nationale.

swissinfo, Matthew Allen à Zurich
(Traduction et adaptation de l’anglais: Alexandra Richard)

Depuis 1985, 27’904 tests positifs de VIH ont été enregistrés en Suisse.
L’an dernier, 741 nouvelles infections ont été signalées et 300 nouveaux cas de maladie déclarée.
Le nombre de décès a diminué durant les six premiers mois de 2004 par rapport à la même période l’année précédente. On est passé de 22 décès à 17.

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